L’île
de Pavel Lounguine (Russie)
Un monastère, perdu tout au Nord de la
Russie, sur une île de la mer Blanche. Un moine qui est un original, vivant en marge, dans une cabane, il est chargé d’entretenir la chaudière à charbon du monastère. Mais ce moine un peu à
part est profondément bon, c’est un homme de prière, il se sent profondément coupable devant Dieu, à la suite d’un meurtre qu’il pense avoir commis tout jeune, sous la pression de nazis qui le
terrorisaient. On pense en le voyant au starets Silouane, ce grand mystique du Mont Athos, tellement habité par la distance infinie entre lui et l’amour de Dieu : « Tiens ton esprit
en enfer, mais ne désespère pas ».
On retrouve ici une grande tradition spirituelle de la Russie : les ermites, les « fous de Dieu », ont toujours attiré des foules. Par son humilité, la pauvreté de sa vie, sa bonté, ce moine a acquis un grand rayonnement, des malades, des blessés de la vie viennent vers lui. Il prie pour eux, simplement, en vérité, et parfois certains s’en repartent guéris.
On retrouve ici une grande tradition spirituelle de la Russie : les ermites, les « fous de Dieu », ont toujours attiré des foules. Par son humilité, la pauvreté de sa vie, sa bonté, ce moine a acquis un grand rayonnement, des malades, des blessés de la vie viennent vers lui. Il prie pour eux, simplement, en vérité, et parfois certains s’en repartent guéris.
Quel étonnement, quelle surprise, de découvrir ce film du cinéaste russe Pavel Lounguine,
dont les films précédents (« Taxi blues », 1990, « Luna Park », 1992, « Un nouveau Russe », 2003) décrivaient avec une frénésie endiablée la décomposition de la
société soviétique ! Ici, il nous offre un film contemplatif, d’une grande beauté, « une photographie à la fois austère et somptueuse, la palette des noirs et des bruns, des blancs et
des bleutés, un lyrisme soufflé par la nature » (Jean-Luc Douin, dans «Le Monde »).
Au point de vue religieux, tout sonne très juste, le P. Anatoli est un homme d’une
foi profonde, convaincu de l’efficacité de la prière, convaincu que la vie monastique est faite pour porter le poids du péché des hommes. « L’Ile repose sur deux idées », dit lui-même
Pavel Lounguine, « La première, c’est que Dieu existe. La seconde, c’est que ce qui fait un homme, c’est sa capacité à assumer le remords et le repentir ». Il n’est guère fréquent
d’entendre cela aujourd’hui ! Ce film symbolise-t-il la renaissance de la « sainte Russie » ? Ne manquez pas d’aller le voir, si vous en avez la possibilité (il n’en existe que peu de copies pour toute la France, et il n’est resté que deux semaines à Aix !).
Jacques Lefur
10 mars 2008
10 mars 2008