Maintenant
Or c’est maintenant le Moment favorable, c’est Maintenant le jour du Salut
2e lettre de Paul aux Corinthiens 4,2
Pour nous,
Christ ressuscité
C’est toujours maintenant,
C’est toujours aujourd’hui,
C’est toujours partout,
C’est toujours le bon moment pour agir,
C’est toujours une proposition à saisir,
C’est toujours une attitude de bonté efficace,
C’est toujours un pardon offert,
C’est toujours un chemin ouvert,
C’est toujours une promotion envisagée,
C’est toujours une communion assurée,
C’est toujours une louange à son Père...
Le baptisé greffé en Lui ne peut remettre au lendemain, ce qui dès aujourd’hui est possible dans la foi. Ce qui est actuellement favorable aux uns et aux autres et reconnu comme tel, est toujours à l’ordre du jour. C’est maintenant que commence l’éternité.
- si ce n’est pour biaiser avec soi-même et ne pas commencer à réaliser ce que l’on a décidé…
- si ce n’est pour s’enfermer dans le coffre-fort de soi même alors que tout est clair et invitant dans l’analyse
consciencieuse de ce que le « monde » attend de chacun, le plus rapidement possible. Une manière de se tenir narquois, le jugement aux lèvres, à la périphérie de l’action trahit déjà
l’élan du groupe dans lequel on se trouve.
Oui beaucoup se taisent ou restent les bras croisés pour pouvoir critiquer.
Beaucoup n’agissent pas pour ne pas se salir les mains ou ne pas être solidaires de ce qui est imparfait (ils ont les mains propres, mais ils n’ont plus de main) : autre manière de jalouser et de ravir le pouvoir. Maintenant… le temps presse d’être solidaire et de se compromettre avec ceux et celles qui ont à décider de l’action
Décider maintenant d’agir, prendre position vis-à-vis de soi-même, signifier dans son comportement public un engagement intime qui concerne pourtant la vie sociale, est toujours une épreuve. C’est franchir un pas… c’est oser flécher aux yeux des autres sa propre marche… c’est s’exposer quoique fragile, ignorant de l’avenir inconnu… c’est risquer d’être moqué, jugé, d’apparaître pauvre voire lamentable en cas d’échec.
Décider maintenant de commencer, d’exécuter les premiers pas d’un projet pris seul ou à plusieurs, demande certes d’avoir bien estimé les possibilités de réussite de l’entreprise et son opportunité, mais le reste est affaire de confiance en soi ou aux autres, de fidélité dans la durée, en fait : d’amour.
Décider maintenant de mettre en œuvre un projet, si minime soit-il, conduit inévitablement à des changements de vie, si minimes soient-ils, à des renoncements, si minimes soient-ils, mais aussi à des bonheurs nouveaux, si minimes soient-ils… Il faudra donc renoncer au flou indéterminé et accepter ce qui va venir et bouleversera, très peu, un peu, beaucoup, totalement, l’existence au-delà du prévisible.
En fait ces prophètes de malheur crient : « fais comme tout le monde, ainsi tu nous dérangeras moins par ton comportement personnel… »
Le Chrétien, heureux de son baptême et désireux de l’actualiser par son mode de vie est un modeste et un doux « dérangeant ». Ses options philosophiques, financières, éthiques et religieuses ne sont pas d’abord des discours mais un ensemble de choix de vie simples, adaptés à son époque. Il avance paisiblement, il ouvre sans fracas des chemins encore inusités, il invite d’autres à marcher avec lui, il fait confiance au Maintenant actuel et perpétuel du Christ, « aujourd’hui de la foi »…
Sans être prophète tamponné et patenté, simplement baptisé et ordonné prêtre pour servir le peuple de Dieu, je crois pouvoir affirmer que le chrétien qui ose décider et qui choisit de se livrer au Maintenant du Christ ressuscité fera un excellent Carême car il aura choisi par amour de s’offrir bonnement et donc de faire pénitence non pas pour se faire souffrir mais pour accomplir, quelle qu’en soit la difficulté, un grand dessein dont le monde et l’Église chrétienne catholique ont grand besoin.
Christian Montfalcon