It's a free world

Publié le par Garrigues

Film de Ken Loach (Grande Bretagne)

Le cinéaste britannique Ken Loach a toujours été très sensible aux problèmes sociaux générés par nos sociétés modernes, c’est un observateur attentif de la vie des plus défavorisés dans son Angleterre natale. On se souvient du très émouvant « Ladybird » (1994) où une femme de milieu populaire se bat pour récupérer ses enfants, que les services sociaux lui ont retirés. Déjà en 1991, dans le film « Riff Raff », sous Margaret Thatcher, il filmait les conditions de travail déplorables sur un chantier de construction à Londres.

its-a-free-world.jpgOn retrouve cet univers dans son nouveau film, « It’s a free world ». Mais rien ne s’est amélioré. Les travailleurs exploités viennent désormais d’Europe de l’Est, Ukraine ou Pologne. Et surtout, l’individualisme, la volonté de s’en sortir à tout prix, quels que soient les moyens, l’emporte désormais. Au centre du film, une jeune femme, Angie, admirablement interprétée par une actrice inconnue, Kierston Wareing. A 32 ans, elle en est à son dixième boulot, et elle se fait licencier parce qu’elle n’a pas supporté le harcèlement sexuel d’un de ses chefs. Que faire ? Avec une amie, elle se lance dans la création de sa propre agence de recrutement. Et la voilà engagée dans le cycle infernal de la réussite à tout prix… Elle-même va basculer peu à peu du côté de ceux qui exploitent les plus faibles que soi …

Ken Loach garde ses qualités d’humaniste et de cinéaste. Il ne caricature personne, il ne dénonce pas des méchants, il souligne comment chacun risque d’être emporté comme un rouage du système. Angie a un petit garçon de 10 ans, qu’elle est obligée de confier aux grands-parents et qui souffre d’être séparé de sa mère. Elle est pleine de bonnes intentions, mais tout son entourage va souffrir du rythme effréné dans lequel elle s’engage : son père, ancien docker, sa collaboratrice, une famille iranienne sans papiers que d’abord elle avait voulu aider. Une vision très critique de l’évolution économique en Angleterre, mais que Ken Loach mène avec sensibilité et intelligence, invitant ainsi à la réflexion et à la discussion.

Jacques Lefur

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