De la volonté de Dieu
“Que votre volonté soit faite ! ”Tout chrétien – ne serait-ce qu’à travers le Notre Père – répète souvent cette invocation, sûrement avec sincérité. Mais qu’y mettons-nous ? Nous contentons-nous d’émettre le souhait imprécis que le projet de Dieu sur le monde veuille bien s’accomplir par l’action d’une “Toute Puissance” – imaginée comme un peu magique – ou bien nous impliquons-nous personnellement pour œuvrer à son accomplissement ? Cela devrait nous amener à dire : “que votre volonté soit faite par moi, avec moi”. Serviteurs inutiles sans doute, nous sommes, d’après saint Paul, des “coopérateurs” de la création, désirés par Dieu, qui a voulu avoir besoin des hommes. Restons humbles sur notre rôle, que ce soit dans la prière ou par l’action, mais il reste indispensable, sous peine de nous contenter de vœux pieux.
Mais “comment savoir quelle est la volonté de Dieu ” Il est déjà difficile de la discerner dans nos vies personnelles. Souvent, plusieurs choix légitimes se proposent à nous. Alors comment trancher pour la vie sociale, politique, internationale ? Il existe des critères commodes parce qu’ils sont clairs, sans ambiguïté, éprouvés par le temps, qu’ils ont permis la survie des sociétés qui s’y sont soumises. Ils ne sont pas facultatifs mais impératifs. Ils sont réunis dans le Décalogue (Exode 20,1-17). À nous de les prendre au sérieux : “heureux ceux qui suivent la loi divine” (Psaume 119).
Exemples :
“Tu n’adoreras pas d’idoles”, c’est-à-dire que tu ne dois pas donner aux “valeurs” humaines, aussi légitimes soient-elles, un caractère absolu. Ce premier “commandement” rappelle que de bons outils font de mauvais maîtres : le pouvoir, l’argent, etc.
“Tu ne tueras pas”. La vie parce qu’elle est un don de Dieu ne peut être supprimée par notre seule décision. Prenons-y garde, l’application de principes si évidents, et nécessaires pour que l’humanité ne soit pas une jungle, n’est pas toujours simple. Dans une stricte logique, ce commandement entraîne fort loin : on ne peut défendre le respect de la vie embryonnaire et être partisan de la peine de mort, ou – réciproquement – militer pour l’abolition de celle-ci et admettre sans réserves l’avortement, etc. Mais, tout aussi logiquement, comment concilier un tel principe incontestable dans les relations interpersonnelles (bien qu’il admette la “légitime défense” au nom de la charité qu’on se doit à soi-même) avec les exigences de la sauvegarde de la société ? Un pays attaqué peut-il se défendre ? Jusqu’où ? Par quels moyens ?
Ces exemples forts nous rappellent la complexité et la difficulté de lire la “volonté de Dieu”. On pourrait passer en revue tous les autres commandements, des incertitudes seraient nombreuses. Pourtant, concrètement, nous sentons bien quand nous sommes en contradiction avérée avec la volonté de Dieu. Chaque fois que l’égoïsme, la mauvaise foi, l’intolérance, la haine dominent notre comportement, nous sommes assurés de ne pas être “dans la ligne” de notre Dieu-Amour, donateur de vie et miséricordieux. Chaque fois que nous “péchons” contre la justice, la vérité ou la charité, nous savons bien que ce ne sont pas Ses voies.