L'âne et le boeuf de la crèche

Publié le par Garrigues et Sentiers

Peut-on imaginer une crèche provençale sans l’âne et le bœuf ? Autant imaginer une bouillabaisse sans rascasse !
Pourtant, ces deux paisibles animaux ne sont pas mentionnés dans les évangiles canoniques, mais seulement dans un évangile apocryphe du 6e siècle, l’Évangile du Pseudo-Matthieu : Le troisième jour après la naissance du Seigneur, Marie sortit de la grotte, entra dans une étable et déposa l’enfant dans la crèche, et le bœuf et l’âne l’adorèrent. Alors s’accomplit la parole du prophète Isaïe : « le bœuf a reconnu son maître et l’âne la crèche de son maître. » Ces animaux avaient l’enfant entre eux et l’adoraient sans cesse. Alors s’accomplit la parole du prophète Habacuc : « tu te feras connaître entre deux animaux. » 
Il faut noter que le Pseudo-Matthieu, comme bien des Pères de l’Église, lisait la Bible dans la Septante (la phrase citée n’existe pas dans le texte hébreu de Ha 3,2) ; la citation d’Isaïe est en Is 1,2-3. 
Origène (Homélie sur saint Luc) commente : Le bœuf est un animal pur, l'âne, un animal impur. « L'âne a connu la crèche de son maître » : ce n'est pas le peuple d'Israël qui a connu la crèche de son maître, mais un animal impur venant de chez les païens : « Or Israël ne m'a pas connu, dit l'Écriture (Is 1,3), et mon peuple ne m'a pas compris ». Comprenons le sens de cette crèche, efforçons-nous de découvrir le Seigneur, méritons de le connaître et d'assumer non seulement sa Nativité et sa Résurrection, mais aussi le second avènement glorieux de la majesté de celui à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen.
En hébreu, bœuf se dit shor, et le verbe schour signifie célébrer, contempler ; âne se dit c hamor et le verbe chamor signifie foule… 
Cette foule qui contemple (celui qui l’a sauvée ? celui qu’elle a transpercé ?) est bien prophétique ! 
Pour nous, la présence de ces deux animaux autour de la crèche est signe d'une grande espérance : les deux peuples – les païens et les croyants, les agités et les contemplatifs – sont réunis en paix autour de la mangeoire où se trouve l'enfant Dieu.
René Guyon
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