L’idolâtrie
Ce matin, en écoutant parler quelques personnes, je me suis surpris à réfléchir sur
l’idolâtrie. D’une manière simpliste, je confonds dans ma pensée les idoles et les fétiches, et tout cela danse dans ma tête comme un ballet de sorciers.
Se donner des dieux, les sculpter de nos propres mains pour combler le vide de nos vies, les multiplier
pour emplir les multiples cases vacantes de nos désirs, voilà bien souvent nos occupations !
En privilégiant ou mieux en exacerbant l’aspect subjectif de nos existences, n’avons-nous pas accéléré nos besoins d’idoles ? Nous nous sommes enfermés dans le
monde terriblement clos de l’imaginaire. L’irréel nous entoure d’un cercle infernal ; l’idolâtrie nous comble en tout domaine, car elle ne blesse pas. Seule, la fréquentation d’un réel
extérieur à moi-même me blesse et laisse ouverte une brèche qui permet « révélation » d’un autre et épanchement de moi vers autrui.
L’idole me colle à la peau. Il n’y a pas de distance entre elle et moi. J’y adhère ; elle est moi,
exactement reproduit, sans solution de continuité. Elle me coupe le souffle ; je suis captif et attaché.
L’idolâtrie est sans distance ni perspective. Tout se passe dans l’immédiat fusionnel. C’est dans le creuset de mon être que se coule
précisément mon idole. Elle me ressemble. Elle est projection de mon identique rêvé…
Elle me comble en m’étouffant.
Elle ne peut
pas m’appeler à être autrement ; elle m’enferme à double tour.
En face
d’elle, point de tentation. L’idolâtre n’est point tenté. À mesure qu’il construit son Dieu il lui sacrifie sa totale liberté… Je ne vois même pas comment il peut être
déçu.
« Seigneur, Toi le vivant, approche et détruis mes idoles. Je
préfère le vide de l’existence à l’exactement plein de l’idolâtrie. Ne permets pas que je sois à jamais enfer-mé dans le cercle infernal. Autorise la tentation. C’est sans doute le seul signe que
je suis encore vivant et disponible à ta grâce… »