Un conte de Noël ? La Plus précieuse des marchandises, film d’animation de Michel Hazanavicius
En cette fin d’année le réalisateur Michel Hazanavicius et l’écrivain Jean-Claude Grumberg nous offrent un conte… (de Noël ?) sous la forme inédite d’un film d’animation, au contenu sublime.
Ne vous en privez pas c’est le genre de chef-d’œuvre qui élève l’âme !
Dans le contexte de la seconde guerre mondiale où le mal ravage la terre, un nouveau-né, une petite fille provoque l’amour des personnes qu’elle rencontre sur son chemin et les pousse au dépassement d’eux-mêmes.
Comme dans les contes tout commence par : il était une fois… dans un pays imaginaire, des personnages fictifs mais derrière cette convention le réalisme envahit l’écran et la terreur nous étreint à chaque wagon qui fonce telle une bête infernale pour mener le peuple juif « les sans-cœurs » vers les camps de la mort et leur extermination.
Un bébé échoue dans la neige, lancé d’un wagon par un père qui sait où il va et qui prend le risque de la vie pour sa fille dans un paysage de forêt et de neige…
Je ne vous raconte pas cette histoire pour vous laisser découvrir les dessins, les dialogues, les silences la musique et les émotions qu’ils communiquent.
Cette histoire est un hymne à l’amour et à la vie dans un univers où la souffrance, la misère physique et spirituelle engluent les êtres humains pour les asservir.
Pourtant, à l’écart de la brutalité ambiante, dans le cœur d’une pauvre femme s’obstinent le désir d’aimer et la capacité de prier Dieu, de dialoguer avec lui pour qu’il lui offre la possibilité de témoigner de l’amour dont son cœur déborde. Dieu l’exauce, par ce bébé échoué dans la neige. Un peu comme s’il lui disait « tu le voulais eh bien montre ce dont tu es capable ». La femme prend l’enfant dans ses bras et conséquente avec elle-même manifestera sans défaillir une force qui lève tous les obstacles à la survie dans un monde de violences et de mort.
Cette femme simple, illettrée connaît l’essentiel : un enfant pour vivre et grandir a besoin d’amour et cet amour s’exprime dans les actes concrets de l’existence, et la terreur ambiante n’est pas une excuse pour se dérober au devoir d’aimer, chaque pas compte, sur la voie de l’existence même si la voie est enneigée, sur la voie de l’engagement même s’il faut se battre contre ses proches, sur la voie de la responsabilité même si veuve et sans appui il faut survivre avec une petite fille juive.
Bouleversante cette fiction nous donne à croire en notre propre capacité d’offrir l’espérance si nous sommes en capacité d’aimer et de prier, quels que soient les dangers de l’environnement politique.
Dans l’actualité qui s’annonce c’est peut-être le rappel d’une vérité à recueillir précieusement.
Christiane Giraud-Barra