A l'écoute de la Parole de Dieu
Deuxième dimanche de l'Avent 08/12/2024
Ba 5, 1-9 ; Ps 125 (126) ; Ph 1, 4-6.8-11 ; Lc 3, 1-6.
Contrairement à ceux du premier dimanche, ces textes semblent un introduction explicite au temps de l’Avent. L’Avent est le temps de l’attente, l’attente du premier événement fondamental de notre foi, l’Incarnation, irruption de Dieu dans la vie des hommes. Jusque là Il dialoguait avec eux pour les tourner vers Lui, par l’Incarnation Il les fait entrer dans sa propre vie, Il s’engage totalement et plus comme un être transcendant surplombant l’humanité. Cet événement est évidemment, nécessairement, relié au second, celui de la Résurrection, qui sera préparé aussi par un temps d’attente, celui du carême.
Tournons-nous vers les textes de ce dimanche.
Baruch nous demande de nous préparer à recevoir le salut de Dieu. Et cela dans la joie. L’Avent n’est pas un temps de pénitence, au contraire un temps pour retrouver la joie de notre foi. Jérusalem, symbole de l’Église pour notre temps, doit quitter sa robe de tristesse. Quel appel pour 2024 qui semble une automne de l’Église ! « Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, avec sa miséricorde et sa justice ». Quel chant d’espérance pour l’Église qui doit « s’envelopper dans le manteau de la justice de Dieu ». Espérance fondamentale, mais...à condition de participer à cette venue du salut qui est le don de la vie même de Dieu. Dieu est le seul Juste, encore nous faudrait-il méditer sur ce que peut signifier cette Justice qui est différente de l’amour. S’envelopper dans le manteau de la Justice de Dieu n’est pas si facile, nous sommes appelés à nous y atteler. C’est un chemin, une ascension difficile peut-être, mais pas triste, ne l’oublions pas. Nous vivons dans une Église désertée, pensons-nous que Dieu s’en contente ? C’est peut-être un passage obligé, mais après ? « Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis [qui sont ces ennemis?], et Dieu te les ramène ». Nous pouvons alors nous réjouir à cette annonce...qui devient une sacrée exigence pour le témoignage que nous pouvons donner afin que cela se réalise. Dieu ne peut pas le faire sans nous, nous ne le pouvons pas non plus sans Lui.
Le psaume est un cri de joie, nous sommes « dans un rêve » qui prend réalité. « Ramène, Seigneur, nos captifs », tous ceux qui sont éloignés, et cela bien souvent par notre faute. On n’est plus dans la culpabilité, mais dans la joie de savoir qu’on peut renouveler l’Église, à travers notre renouvellement , pour chacun. Le peuple de Dieu n’est pas condamné à l’errance, Dieu est fidèle et ne nous abandonne pas. Beau programme en ces temps difficiles.
Et Paul d’affirmer, quel pari d’espérance ! « Celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement ». Nous serons « purs et irréprochables pour le jour du Christ ». Une condition : que notre amour progresse et que nous discernions ce qui est important. Paul ne nous a pas habitués à des paroles de consolation et de joie. Cette joie, nous l’éprouverons si nous nous mettons à son écoute. Ce temps d’attente n’est pas un temps de passivité, mais de reprise en mains, par chacun, de sa vie, et d’engagement de chacun à rendre « pure et irréprochable » l’Église, c’est-à-dire la communauté des chrétiens. Le travail nous attend.
L’évangile de ce jour commence par une précision historique. Les événements se situent dans un temps et un lieu extrêmement précis. L’irruption de Dieu dans notre histoire est un phénomène inscrit dans notre histoire. L’irruption n’est pas vérifiable historiquement (il lui faut la foi) mais elle se veut reçue dans un temps historique, il s’agit bien d’entrée dans notre monde, dans notre histoire.
Jean-Baptiste est moins dans la joie que Baruch! Il crie cet appel à préparer les chemins du Seigneur, mais c’est une « voix de celui qui crie dans le désert ». Deux façons de le comprendre : crie-t-il dans le désert ? Personne pour écouter ni entendre ? Avouons que c’est bien souvent le cas. Et on comprend qu’il ne manifeste pas sa joie. Ou bien crie-t-il dans le désert, en un lieu ou demeure l’essentiel, où l’écoute peut être la meilleure parce que non distraite par tout ce qui alourdit la vie ? Si alors nous sommes attentifs à cette voix dans le désert, qu’en faisons-nous, comment rendons-nous « droits les sentiers » ?
Ce temps de l’Avent est un temps d’attente active : réformer nos vies pour nous permettre d’entendre l'appel de Jean-Baptiste de rendre droits nos sentiers en agissant selon le commandement du Christ de nous aimer les uns les autres. L’annonce de la Bonne Nouvelle n’est pas seulement pour chaque individu mais s’adresse au monde entier et nous, chrétiens, en sommes responsables. Le « je n’ai qu’une âme qu’il faut sauver » est plus que dépassé, c’est profondément faux, il faut en sortir. Il va nous falloir du courage, de la persévérance et cela dans la joie!
Marc Durand
AELF - Messe - 8 décembre 2024
Le site de l'Association épiscopale liturgique pour les pays francophones est le fournisseur officiel des textes en français pour la liturgie catholique.