A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

33e Dimanche du temps ordinaire TO (année B) 17/11/2024

Dn 12, 1-3 ; Ps 15 (16) ; He 10, 11-14.18 ; Mc 13, 24-32

 

Daniel et Marc s’associent pour nous prédire des lendemains qui ne chanteront pas : «détresse comme il n’y en a jamais eu…» (Daniel) ;«soleil obscurci … étoiles tombant du ciel…» (Marc). Pour faire comprendre la proximité des malheurs qui annonceront la fin du temps, Marc utilise paradoxalement une comparaison printanière, presque bucolique, avec les signes qu’en donne le figuier : «dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même…».

Mais la prédiction cataclysmique n’annonce pas seulement la parousie, «la fin des temps», mais celle qui nous guette personnellement. Et Marc prévient que la venue du «Fils de l’homme» avec les anges 1 est proche ; elle l’est, de fait, encore plus imminente pour chacun d’entre nous, mortels.

 

Notons que le titre de «Fils de l’homme», par lequel Jésus se présente, se retrouve 70 fois dans les quatre évangiles. Sa signification a fait couler beaucoup d’encre. La seule certitude c’est que l’expression vient de Daniel (Dn 7,13). Elle peut simplement souligner l’humanité de Jésus, mais elle désigne aussi le personnage dont saint Jean entend la voix, à Patmos. Sa description (Ap 1,13-16) n’est pas sans évoquer l’apparition lumineuse de Jésus lors de la Transfiguration : «longue tunique, tête et cheveux blanc comme la laine, comme la neige …». Fils de l’homme» est un titre messianique, donc d’un «Christ» à qui seront données «domination (éternelle), gloire et royauté (qui ne passera pas)».

Notons encore, dans ce passage, cet aveu de Jésus : «Quant au jour et à cette heure là, nul ne les connaît, pas même les anges […] pas même le Fils, mais seulement le Père…» (Mc 13,32 ; et aussi Mt 24,36). Pourtant la doctrine catholique tient pour l’égalité des trois personnes de la Trinité (concile de Nicée-Constantinople (381); le symbole de saint Athanase en est une parfaite version. Cet exposé théologique, qui a été longtemps et est encore intégré à certains Offices, affirme : «En cette Trinité rien nest antérieur ou postérieur, rien nest plus grand ou moins grand, mais les trois personnes tout entières sont coéternelles et égales entre elles». Pourtant Jésus a dit encore : «le Père est plus grand que moi» (Jn 14,28). En fait, le «symbole d’Athanase» — attribué par Césaire d’Arles (†542) à l’évêque d’Alexandrie († 373), a vraisemblablement été écrit en Gaule au début du VIe siècle. Il parait comme un aboutissement des longues et vives querelles du IVe siècle à propos de la Trinité, de la «substance» du Père et du Fils, et des deux natures, divine et humaine, du Christ.

 

L’épître aux Hébreux n’est pas ici, comme souvent pour les secondes lectures dominicales, sur le même sujet que les autres textes du jour. Le chapitre 10 aborde largement le thème de la Loi de Moïse. Il l’accuse de n’être «jamais capable, par ses sacrifices 2 qui sont toujours les mêmes, offerts indéfiniment chaque année, de mener à la perfection ceux qui viennent y prendre part» (Hé 10,1), et par là «ne peuvent jamais empêcher les péchés» (He 10,11). La nécessaire réitération de ces sacrifices répétés chaque jour montre leur inefficacité (Hé 10, 2, 3 et 11). Au contraire, Jésus-Christ «par son. unique offrande, a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie» (Hé 10,10).

La Loi est une question sur laquelle Paul revient à plusieurs reprises. Par exemple, dans le chapitre 5 de sa lettre aux Galates, il souligne avec force la nature ambiguë de la loi. à la fois nécessaire : Jésus n’est pas venu pour l’abolir (Mt 5,17), mais pour l’accomplir et, ce faisant, la dépasser ; elle est aussi insuffisante pour sauver les hommes. La lettre désigne tantôt le péché, tantôt la loi comme la cause de notre emprisonnement et aliénation religieuse. Paul met encore en évidence cette ambiguïté en Romains (7,7 et 14) : «La Loi est-elle péché ? Pas du tout ! Mais je naurais pas connu le péché sil ny avait pas eu la Loi ; en effet, jaurais ignoré la convoitise si la Loi navait pas dit : Tu ne convoiteras pas […] Nous savons bien que la Loi est une réalité spirituelle : mais moi, je suis un homme charnel, vendu au péché».

 

Le message de Paul, sur ce sujet, est celui de la liberté que nous a apportée Jésus-Christ : les chrétiens sont «libérés de la malédiction de la Loi et de la punition de la désobéissance». Les prescriptions obligatoires de la Loi ont été fortement réduites au «Concile de Jérusalem» (vers 49 av. J-C) examinant les problèmes liés à l’ouverture de la communauté des Juifs chrétiens aux païens. Dans les débats sur ce qu’il faut imposer à ceux-ci, Jacques, forte autorité à Jérusalem, dit : «Je juge, moi, qu'il ne faut pas tracasser ceux des païens qui se convertissent à Dieu. Qu'on leur demande seulement de s'abstenir de ce qui a été souillé par les idoles, des unions illégitimes, des chairs étouffées et du sang» (Ac 15,19-20).

Cela devait bannir la peur, suscitée par la Loi avec ses «tracasseries», dans notre relation avec un Dieu-amour, même lors du face à face final.

Marcel Bernos

 

1 Ces anges dont Jésus refusera la protection durant son procès devant Pilate (Jn18,36).

2 Il faudrait éclaircir cette notion de «sacrifice» dans notre religion, puisqu’on parle du saint sacrifice de la messe.

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