A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

29ème dimanche du Temps ordinaire 19/10/2024

Is 53, 10-11 ; Ps 32 ; Hé 4, 14-16 ; Mc 10, 35-45


La lecture conjointe des textes de ce jour oppose la recherche du pouvoir, comme les fils de Zébédée, et le désir de servir, comme le «serviteur souffrant» d’Isaïe.

Une chose parait inadmissible aux consciences contemporaines : que ce soit en étant «broyé par la souffrance» que le Serviteur «ait plu à Dieu». Bien qu’elle semble consoner avec le dolorisme habituellement reproché à l’Église, cette phrase peut s’interpréter comme un simple constat. Le serviteur a une mission de salut ; celle-ci entraîne des risques et des souffrances. Il ne faut pas retenir celles-ci pour elles-mêmes, mais que le serviteur les accepte et aille jusqu’au bout de sa tâche, non pas pour souffrir, mais malgré la souffrance. Ce n’est pas un hasard si on a vu en lui le précurseur, le modèle de ce qu’a vécu Jésus-Christ. Ce n’est pas sa souffrance qui a plu à Dieu, Jésus a d’ailleurs essayé de l’éviter à Gethsémani (Mt 26,39), mais son obéissance malgré la souffrance.

Cependant, même si l’on veut tenir compte des sensibilités contemporaines, il y a pourtant dans le texte ce mot «rançon» qui ne peut être passé à profit et perte. Une rançon, c’est le «Prix que l'on exige pour délivrer une personne qu'on tient captive». (Le Robert). Il est sûr que Jésus-Christ a libéré l’homme : (quoique les Églises n’en aient pas toujours fait autant) : il remet la loi a sa place et il nous invite à ne pas céder aux «pouvoirs» du monde (Mt 23, 8-10). Sur terre, nous ne devons avoir ni gourou, ni maître, ni même «père», eux dont l’autorité est souvent arbitraire 1, alors que «la parole du Seigneur est droite [et] qu’il aime le bon droit et la justice» (Ps 32,20). Le seul père, c’est donc Dieu ; le seul maître, c’est Jésus-Christ. En même temps, Jésus insiste, en toutes occasions, sur l’infinie miséricorde de son père, «notre père», qui veille sur nous (Ps 32, 18). Il bannit par là même la peur hors de l’espace humain. Encore faudrait-il que en soyons convaincus (cela s’appelle la foi).

Paul, dans sa lettre aux Hébreux, offre une autre figure salvatrice de Jésus-Christ : il est le grand prêtre par excellence, mais un truchement avec Dieu, qui n’est pas une sorte de «fonctionnaire», mais un intercesseur compatissant, prenant en compte la nature humaine. Comme le grand prêtre, il présente au Père, en notre nom, la victime sacrificielle, et cette victime c’est lui-même.

Avec un tel garant, «avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde» (Hb 4,16)…

Marcel Bernos

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1. Dans la tradition juive, «Lorsque lenfant se rebelle ou demande une raison, une mère explique patiemment, tandis quun père, qui a tendance à répondre par « Parce que je te lai dit », instruit sévèrement. (Lazer Gurkow, Guide spirituel d’une communauté juive de l’Ontario))


 

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