A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

31ème dimanche du Temps Ordinaire

Dt 6, 2-6 ; Ps 17 (18) ; He 7, 23-28 ; Mc 12, 28b-34.

 

La liturgie de ce dimanche nous appelle à l’amour de la Loi, et ce par le premier texte, par l’évangile et par le psaume. Ils encadrent un passage bien connu de l’Épître aux Hébreux, sur le Sacerdoce du Christ. A première vue cette épître est incongrue dans un tel contexte, hors sujet. Il est piquant aussi que notre institution ecclésiale nous propose un tel texte insistant sur le fait que le Christ est le seul prêtre et qu’il n’y a plus de sacrifice, alors que dès le deuxième siècle elle a réinventé le sacerdoce consacré et qu’elle y tient par dessus tout, et que le terme de « sacrifice » est utilisé très souvent en de multiples sens…L’Institution devrait peut-être faire quelques efforts de cohérence.

 

« Tu craindras », « tu observeras », « tu veilleras à », et enfin « tu aimeras ». Ce passage du Deutéronome est un appel pressant à prendre au sérieux la Loi. Il s’ouvre par le « tu craindras le Seigneur ton Dieu », ce qui signifie non pas la peur mais la reconnaissance de la nécessité de se soumettre à sa volonté. Observer les commandements, c’est reconnaître la place de Dieu dans la vie de ses fidèles. « Le Seigneur notre Dieu est l’Unique » peut signifier l’attachement au monothéisme, mais aussi le fait que Dieu doit être l’Unique, le pôle de nos préoccupations, sa place est au-dessus de tout le reste. En réponse Dieu apporte le bonheur au peuple, donnant « longue vie », apportant « bonheur et fécondité ». Le résumé du passage peut alors être énoncé :

 

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. »

 

Pendant mille ans le peuple juif a vécu avec son Dieu dans l’observance de cette Loi (oublions toutes les prescriptions superfétatoires qui lui ont été imposées au fil des ans), et deux mille ans plus tard les Juifs en vivent encore. Il existe un attachement indéfectible, au sens fort du terme, entre Dieu et le peuple élu.

 

Le psaume qui suit est la réponse du Juif à cet appel de son Seigneur, « Dieu, mon libérateur, le rocher qui m’abrite... ». Le peuple élu peut compter sur Dieu, dans une relation de réciprocité, il manifeste son attachement par son respect de la Loi et Dieu manifeste son attachement en le protégeant, en le libérant.

 

Dans sa réponse au scribe, Jésus réitère ce que le Deutéronome annonçait des siècles plus tôt. Le premier commandement est la clé de voûte de notre vie en Dieu. Puis il ajoute le second sur l’amour du prochain, précisant bien que « il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Mathieu, lui, précise que le second est semblable au premier, quant à Luc il cite les deux dans une même phrase. C’est dire que l’amour du prochain fait partie de l’amour de Dieu. Nous avons tendance à les séparer. Combien de chrétiens se fixent sur l’amour du prochain, ce qui en pratique est essentiel, mais en oublient la référence à l’amour de Dieu et le retour vers Lui. C’est en aimant le prochain qu’on aime Dieu, c’est en aimant Dieu qu’on aime le prochain. Il n’y a pas de séparation, c’est le même mouvement.

 

Cela peut alors nous éclairer sur la présence ici de l’Épître aux Hébreux, encadrée par ces textes. Avant Jésus, les hommes aimaient Dieu dans la crainte, c’est-à-dire dans une certaine révérence, une soumission, ils avaient besoin de la Loi pour l’exprimer. Et cette Loi leur commandait d’aimer les prochains, cela faisait partie de l’obéissance au Seigneur. Le Christ, par sa mort et sa Résurrection a transformé cette relation à Dieu et au prochain : Il est le seul Prêtre, c’est-à-dire le médiateur entre Dieu et les hommes pour offrir l’unique sacrifice qui fait de nous les fils du Père :

 

« La parole du serment divin, qui vient après la Loi, établit comme grand prêtre le Fils, conduit pour l’éternité à sa perfection ».

 

Cette perfection permet à l’Amour de se déployer totalement, non pas celui de Dieu d’un côté et celui des hommes en retour, mais celui du Père et des fils en Lui, en Jésus-Christ, seul Prêtre.

Marc Durand

 

 

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