A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

25ème Dimanche Ordinaire 22/09/2024

Sg 2, 12. 17-20 ; Ps 53 (54) ; Jc 3, 16-4, 3 ; Mc 9, 30-37

 

Ces premiers chapitres du livre de la Sagesse écrit un siècle avant la venue du Christ traduisent tout ce que ce dernier a vécu et subi : ce reproche envers les pharisiens et les docteurs de la loi de vouloir que l'homme soit fait pour la loi et non l'inverse que la loi soit faite pour l'homme.

En effet ils ont tenté de le piéger par des questions perfides risquant de le mettre en porte-à-faux avec la loi comme : « faut-il payer l'impôt à César ? » Mais Jésus se sort de toutes les situations.

Les dernières phrases du texte de la sagesse sont les railleries de la foule qui lui crie lors de son crucifiement Mt 27, 40 « … Si tu es le fils de Dieu ...descends de la croix » et 43: « Il a compté sur Dieu, que Dieu le délivre maintenant ». Ce livre de la Sagesse est comme une porte d'entrée de la vie et du message de Jésus dans les évangiles.

 

Comme par continuité du texte de la Sagesse, le psaume est un appel au secours vers Dieu : « par ton nom, Dieu, sauve-moi... entends ma prière... des étrangers se sont levés contre moi » Ne sommes-nous pas nous aussi, souvent dans l'épreuve ou la maladie, nous tournant vers Dieu qui d'une façon ou d'une autre répond ou souffre avec nous ?

 

La lettre de Jacques va plus loin, elle s'adresse aux disciples, aux chrétiens et même à nous aujourd'hui. Elle dénonce l'esprit du mal déjà à l’œuvre dans l'église naissante : jalousies, rivalités, convoitise. La soif des richesses rend capable de violence et même de meurtre. «Vous n'obtenez rien alors vous entrez en conflit, vous faites la guerre ». C'est très d'actualité, cette lettre pourrait vraiment être écrite pour notre temps.

 

Dans l'évangile, Jésus va se trouver confronté aux disciples. Il vient de leur dire qu'il sera tué et eux débattent en chemin pour savoir qui est le plus grand.

Le plus grand déjà à cette époque là, reste celui qui est le plus riche, le plus instruit, qui a le plus de pouvoir, c'est un premier. Et cela aujourd'hui commence dès notre scolarité, se prolonge dans nos études et persiste jusque dans notre emploi. Toutes nos valeurs sont basées sur la performance et la perfection dans nos activités. Certes il est nécessaire d'agir du mieux possible dans ce que nous entreprenons et ce pourquoi nous sommes rémunérés mais d'en faire le sens principal de notre vie, avant la solidarité envers les plus petits avant la fraternité, est une erreur.

Le fait est que la révélation que vient de leur faire Jésus est incompréhensible pour eux : être tué alors que Jésus ne fait que du bien et passe pour un maître puis ressusciter trois jours après alors que la résurrection des morts doit avoir lieu à la fin du monde car telle était la croyance de l'époque.

Ils sont assez perturbés par ces paroles mais discuter de celui qui sera le plus grand dans le Royaume de Dieu, à la question de Jésus : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » ils se taisent car ils se sentent pris en faute, pressentant que la direction n'est pas la bonne.

« Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». Comment les apôtres ont-ils accueilli cette parole ? Il n'a certainement pas été facile pour eux de l'accepter. Rappelons-nous le lavement des pieds, Pierre refuse vivement ce « service » de Jésus envers lui. Il faut que ce dernier lui dise qu'il n'aura pas de part avec lui s'il persiste dans son refus.

Ce renversement des valeurs n'a toujours pas été accepté dans notre monde d'aujourd'hui et ne le sera probablement jamais. Qui a envie pour avenir sur terre d'être le serviteur de tous ? Et pourtant, si l'existence sur terre est un apprentissage, c'est là que nous avons le plus à découvrir car devenir serviteur de tous c'est le langage de l'amour.

 

Jésus va alors ouvrir le cercle fermé des apôtres sur leur cogitation de savoir qui est ou non le plus grand, en introduisant au milieu d'eux, un enfant. Il ne va pas leur demander de devenir infantiles mais de retrouver l'enfant qui est en eux, de retrouver l'esprit d'enfance. Pierre, parmi tous les apôtres, est celui qui, à mon avis, a gardé le plus son âme d'enfant par sa spontanéité, par sa vivacité et sa confiance indéfectible en Jésus . C'est peut-être pour cela qu'il a été choisi comme la « pierre » sur laquelle est bâtie l’Église même si quelquefois il dérape comme dans l'évangile du dimanche précédent. Il s'exclame : « Tu es le Christ » et la minute d'après Jésus lui reproche d'avoir des pensées des hommes. De même il renie et quand il entend chanter le coq, il éclate en sanglots comme un enfant pris en faute.

Jésus prend soin d'accueillir « un enfant comme celui-ci » c'est-à-dire pas n'importe quel enfant, sans doute un très jeune enfant entre 3 et 4 ans qui se trouve là parmi les disciples à écouter, même distraitement car sans trop comprendre, mais dans la suite de Jésus, un enfant qui a encore gardé la fraîcheur, l'innocence de son âge et qui porte en lui cette promesse de vraie vie pour l'avenir. Est-ce que chacun de nous tente de retrouver cet enfant en lui s'il n'a pas été trop abîmé, écrasé par la lourdeur de l'existence, par les refus et les reculs de l'Espérance ? Nous sommes invités à une remontée dans le temps car accueillir ce jeune enfant que nous étions et dont les premiers pas empruntaient ce chemin qu'est Jésus, c'est vraiment l'accueillir Lui Jésus et donc Celui qui l'a envoyé.

Il n'y a donc plus à cogiter qui sera le premier ou le dernier puisque nous sommes tous invités à cet accueil et qu'en fin de compte le premier c'est Dieu.

 

Christiane Guès

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M
Offrir des commentaires péjoratives à-propos des disputes avec les pharisiens et autres avec Jésus, c'est manqué l'enjeu de lecture de la Torah qui demande un esprit vif et contentieux pour développer la compréhension même de la révélation libératrice.
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