A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

14ème dimanche du temps ordinaire. 7/07/2024

 

Ez 2, 2-5. Ps 122 (123). Cor 12, 7-10. Mc 6, 1-6.

 

En lisant la première lecture, d’Ezéchiel, je n’ai pu m’empêcher de sourire. Certain Président pourrait peut-être s’attribuer ce texte ces jours-ci… Arrêtons là l’humour…

 

Les trois lectures de ce dimanche ont trait à la mission. Elles forment un tout remarquable.

 

Mission d’Ézéchiel pour commencer. Cela ne se passe pas dans la douceur. « Les fils ont un visage dur, et le cœur obstiné ; c’est à eux que je t’envoie ». Dieu ne se fait pas beaucoup d’illusions (« qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas ») mais il faut cependant y aller. Tout au long de sa vie Ézéchiel, qui s’adresse à son peuple en détresse parce qu’en exil à Babylone, après la chute de Jérusalem, saura ce qu’il en coûte d’être prophète, mais il ne faiblira pas. Ézéchiel fait penser à Saint Paul, comme lui plus tard il a des extases et en même temps il prêche avec réalisme, il est dur et annonce la douceur de Dieu à côté de sa sévérité. D’ailleurs Dieu l’endurcit pour pouvoir répondre à sa mission :

« Voici que je rends ton visage aussi dur que leur visage, et ton front aussi dur que leur front » (Ez 3,8).

Il est le prophète des mauvais temps, du temps des douleurs, qui veut annoncer l’espérance tout en condamnant ce qui éloigne de Dieu. Bel exemple d’envoi en mission.

 

Ce texte est suivi d’un psaume qui corrige sa dureté : « nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu, attendent sa pitié ». Chez Ézéchiel Dieu se montre sévère, mais nous savons qu’il nous appelle à la vie avec lui, malgré tous les obstacles que nous avons mis.

 

L’évangile nous montre Jésus au cœur de sa mission, appeler son peuple à se tourner vers Dieu. Mais pour lui aussi cela ne se passe pas bien. On admire sa sagesse, mais avec des doutes. Comment est-il possible que le fils du charpentier, l’homme de chez nous, puisse ainsi enseigner ? Et ils étaient « choqués ». En fait Jésus se heurte à un mur des bien-pensants, des gens de bon sens qui ne veulent pas être bousculés et se ferment à une parole dérangeante. Retenons cette phrase qui en dit long : « Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle », il guérit cependant quelques malades, mais comme en passant, on n’insiste pas, ça ne compte pas comme miracle. Là où les hommes se ferment, Dieu ne peut pas agir, ni ceux qu’il a envoyés. Qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, Ézéchiel doit prêcher, Jésus aussi est venu « enseigner dans la synagogue » de son lieu d’origine, malgré la fermeture de ses concitoyens, mais il est empêché de faire plus et doit aller ailleurs.

 

Le texte de Paul aux Corinthiens est un fragment de trois chapitres qui le montrent en butte aux faux-prophètes. Là encore la mission est difficile, mise en échec, et pourtant il ne faut pas renoncer. Des Judéo-chrétiens sont venus prêcher à Corinthe en s’attaquant à la prédication de Paul. Ils se targuent d’être de grands spirituels, des charismatiques dirait-on aujourd’hui. Ils déconsidèrent Paul qui montre des faiblesses, eux qui sont sûrs d’eux, « ces gens sont de faux-apôtres, des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres du Christ » (2Cor 11, 13). Paul se voit obligé de se « vanter » pour montrer que sur le terrain où ses détracteurs se mettent, il n’a rien à leur envier. Il déroule alors des preuves de sa valeur...aux yeux des hommes. Le terme grec traduit par « vantardise », kaukhema (καυχημα) est en fait complexe, il s’agit d’une sorte de fierté qui est une assurance sur le fondement de sa vie. Paul ne fait pas dans la vantardise.

 

Mais cette assurance est toute humaine, alors après avoir montré sa « fierté », Paul retourne totalement la situation pour dire qu’en vérité, que la Vérité, est sa faiblesse d’homme appuyée sur la force de Dieu. C’est le passage qui nous est proposé. Il prend tout son sens comme un retournement annulant tous les jugements humains que peuvent porter les détracteurs de Paul ainsi que la « fierté » qu’il a manifestée. Ainsi Paul annihile la mission de ses détracteurs qu’il a donc pu à juste titre accuser d’être des faux-prophètes qui ne prêchaient pas le Christ crucifié.

« Ma grâce te suffit » signifie que pour la mission c’est l’action de Dieu qui compte, nous ne sommes que des instruments sans aucun motif de fierté. Paul est atteint dans sa « chair » (dans son être d’homme peut-on traduire) au point de supplier par trois fois Dieu de le libérer, la réponse est que c’est dans cette faiblesse qu’il doit œuvrer. Ceci fait référence au fondement de toute la foi de Paul, Jésus-Christ crucifié. C’est dans sa faiblesse, dans « les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes » que le Christ nous a sauvés, c’est donc dans la même situation que l’apôtre doit remplir sa mission, et la grâce suffira.

 

Ézéchiel envoyé porter la parole de Dieu envers des cœurs endurcis, Jésus récusé par ses proches empêché d’accomplir aucun miracle par ce peu de foi, Paul appelé à accomplir sa mission dans la plus grande faiblesse. Beau programme d’envoi en mission !

Ce dimanche annonce des jours difficiles, durs. Quelle est notre mission ? Que ferons-nous pour que l’espérance, la vraie, fondée sur le Christ, demeure parmi nous ? Comment nous engagerons-nous ? La voie est ouverte...

 

Marc Durand

 

 

 

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