A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

17ème dimanche du temps ordinaire 28/07/2024

2 R4, 42-44 ; Ps 144 (145) ; Eph 4, 1-6 ; Jn 6, 1-15

 

Ces textes de multiplication de nourriture nous disent que Dieu donne la vie en abondance et même en surabondance c'est-à-dire que cette vie donnée se projette en Vie Éternelle dès ici-bas.

Dans le nouveau testament il y a en tout 6 multiplications des pains, elles font le pendant avec les 6 jarres de vin à remplir à Cana. Ce chiffre 6 nous rappelle que le monde a été créé en 6 jours, Dieu s'étant reposé le 7ème, le pain et le vin rappellent les éléments de la Cène.

 

Dans le premier testament, deuxième livre des rois il y a aussi une multiplication des pains moins importante que dans l'évangile de Jean, elle est pour 100 personnes et il y a aussi des restes. Les 6 multiplications des pains des évangiles constituent-elles un midrash c'est-à-dire une sorte de copie décuplée de la réalité ? Ou Dieu agissait-il déjà par ses prophètes envers le peuple d'Israël ?

Élisée veut dire « homme de Dieu ». Il est l'héritier spirituel d’Élie. Élie avait déjà accompli ce miracle de la multiplication de la nourriture pour la veuve de Sarepta 1R17, 16 « La jarre de farine ne s'épuisa pas et la cruche d'huile ne se vida pas ».

Peut-être ces textes nous disent pour aujourd'hui que l'accueil des migrants peut être illimité en Europe et qu'il y aura toujours un morceau de pain pour chacun et qu'il peut même en rester. Nous sommes peut-être devenus trop rationalistes pour ne pas croire à cette surabondance de nourriture imprévue mais qui peut survenir soudain pour nourrir ceux qui ont faim et même jusqu'à dépasser les besoins de chacun puisqu'il y a un surplus. Hormis la dizaine de milliardaires dans le monde lesquels après avoir couvert les besoins de leurs enfants, petits-enfants et même arrières-petits-enfants, le reste qu'ils possèdent suffirait à couvrir une grande partie des besoins de toute la planète s'ils pratiquaient un geste de partage, voici ce que dit et fait une simple association JRS envers les réfugiés :

« Oui, notre travail est formidable car, accueillants, accompagnateurs, bénévoles, salariés, bienfaiteurs, nous contribuons chacun à notre mesure à la mission commune de JRS qui accompagne, chaque année 1.2 millions de personnes déplacées de force, et tous  nous voulons que notre présence parmi les réfugiés soit un partage avec eux, un accompagnement, une marche commune sur le même chemin. »

Relatif à cet accueil, dans le premier testament il s'agit seulement de 100 personnes, 5000 dans le second, 50 fois plus, représentant l'humanité entière, un chiffre sans limite.

 

Dans l'évangile, Jésus dit : « Faites asseoir les gens, il y avait beaucoup d'herbe à cet endroit ». C'est un rappel du psaume 22 du 16e dimanche ordinaire : « Le Seigneur est mon berger... sur des près d'herbe fraîche il me fait reposer ». Plus loin le psaume 22 dit encore : « Tu prépares la table pour moi ». Jésus a le souci de la nourriture terrestre pour nourrir l'humanité considérée comme son troupeau.

Le psaume 144 constitue donc un prolongement du psaume 22 : « Tu leur donnes la nourriture en temps voulu... Tu rassasies avec bonté tout ce qui vit »

 

 

Dans l'évangile on dit qu'ils remplirent 12 corbeilles, encore un chiffre symbolique qui préfigure les 12 apôtres désignés pour partir en mission. Tout est fixé sur le partage. Jésus se révèle dans la fraction du pain et du pain partagé. Il commande à ses disciples de faire asseoir la foule mais c'est lui seul qui fait la distribution des pains. Vu le nombre de personnes c'est disproportionné, un seul homme ne peut y arriver. Or Jésus est venu seul pour sauver l'humanité c'est sans doute ce que veut dire ce verset qui révèle sa divinité. C'est confirmé par Paul dans sa lettre aux éphésiens : « Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous... ». Jésus, ensuite, demande à ses disciples de rassembler les morceaux restants. Là, c'est un appel aux disciples, ce sont eux qui témoigneront du ressuscité au monde entier.

 

Ce jeune garçon figurant seulement dans l'évangile de Jean, qui donne son petit casse-croûte préparé par sa mère en prévision de la durée et de l'éloignement de la rencontre avec Jésus, ce geste dérisoire envers une trop grande foule c'est une part de sa vie qu'il donne. C'est plus qu'un geste de partage impossible mais c'est le don total de lui-même aussi Jésus s'en saisit pour accomplir ce miracle car c’est à partir de peu qu'on obtient beaucoup. C'est à partir de cette vie qu'on entre dans la Vie Éternelle. Un seul geste de solidarité peut transformer une vie et même plusieurs. Ce jeune garçon se dépossède complètement et on pense à la parole de Jésus à l'homme riche : « Vends tout ce que tu as, donne le aux pauvres et suis-moi ». Ce jeune garçon accomplit le geste que l'homme riche n'a pu accomplir.

Les gens reconnaissent en Jésus « le prophète annoncé, celui qui vient dans le monde ». Cependant ils se trompent sur son projet et son message. Car le but de Jésus n'est pas d'être élu roi de ce monde, un roi qui nourrirait son peuple par des tours de magie, mais d'accomplir sa mission jusqu'au bout. C'est une des tentations au désert qui resurgit dans les intentions du peuple : « Si tu es Fils de Dieu dis que ces pierres se transforment en pains ». Satan n'est pas loin. Mais Jésus n'est pas dupe et il se retire dans la montagne.

 

Christiane Guès

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