A l'écoute de la Parole de Dieu
4ème dimanche de Carême 10/03/2024
2 Chr 36, 14-16. 19-23 ; Ps 136 (137) ; Eph 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21
Ce 4ème dimanche de carême, appelé dimanche « laetare » (en latin : « réjouissez- vous») est un appel à la joie.
La1ere lecture, tirée du 2ème livre des Chroniques, contient les pages noires de l'histoire du peuple, vue du coté de Dieu et de ses prophètes, ses infidélités continues à Yahvé. Israël imite les abominations des nations païennes et persécute les prophètes que Dieu lui envoie. Le prophète Jérémie, abandonné dans une fosse, en est un exemple, alors que triomphe l’empire babylonien, symbolisé par sa splendide mégapole, Babylone. Nabuchodonosor envahit Jérusalem en 587, brûle le temple et emmène en captivité à Babylone l’élite du peuple d’Israël. C’est vraiment le point le plus bas de l’histoire d’Israël Mais en 538, Cyrus, le roi des Perses les libère. C’est la relecture de l’histoire la plus sombre du point de vue de Yahvé, celles des infidélités, du peuple, en même temps que celle des fidélités de Yahvé, la catastrophe vient du péché permanent du peuple, la libération vient de l’amour inconditionnel de Dieu pour son peuple. Dieu est maître de l’histoire : il envoie Cyrus un roi païen et en fait son prophète pour le peuple juif à qui il accorde un passeport généralisé : « quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que le Seigneur son Dieu soit avec lui et qu’il monte à Jérusalem. » Monter à Jérusalem était la suprême joie pour un israélite surtout exilé.
Le psaume 136(137), un des plus connus, exhale la plainte d’un exilé à Babylone «pleurant et se souvenant de Jérusalem». Ses gardiens lui demandent un chant joyeux (1) « Comment chanterions-nous en terre étrangère ? que ma langue se dessèche, si je t’oublie Israël ».
En 61-63 Paul est en prison à Rome. Dans l’épître aux Éphésiens, il insiste sur la miséricorde, le grand amour de Dieu pour tous les hommes. Au fond de sa prison, il garde une confiance et un optimisme extraordinaires, fondés sur sa foi en Jésus-Christ. Si la plénitude du salut est encore à attendre, celui-ci est déjà réalisé. « C’est bien par grâce que vous êtes sauvés… Avec lui, il nous a ressuscités, et il nous a fait siéger aux cieux. (2). Dans aucune épître, la réalité du salut n’est présentée de façon aussi réalisée : « Il nous a donné la vie avec le Christ,…avec lui il nous a ressuscités et fait asseoir dans les cieux en Jésus Christ (Ep. 2,6).
Paul énonce, en quelques mots, le cœur de la doctrine qu’il a développée dans l’épître aux Romains « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas des actes ». Paul en est tellement persuadé que certaines de ses phrases ont pu donner à tort l’idée de la prédestination : « en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions » (3).
L’évangile tiré de Jean 3,16 relate l’entretien avec Nicodème. Il annonce l’histoire du salut en Jésus Christ en utilisant le symbole du serpent élevé dans le désert (4) dont la vue sauva les membres du peuple israélien malades de leur incrédulité. « Il faut que le Fils de l’Homme soit élevé afin que quiconque croit, ait en lui la vie éternelle ». Pour les premières communautés chrétiennes, le Christ crucifié était un scandale (5), car la crucifixion était réservée aux esclaves. Il fallut un immense travail de réflexion et de relecture de la Bible pour comprendre que c’était là le salut, à la mode de Dieu, i.e. un mystère incommensurable. Le passage est très sévère pour nous humains : « et le jugement le voici ; la lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises ». Mais l’amour de Dieu sera le plus fort. « Car celui qui fait la vérité vient à la lumière pour qu’il soit manifesté que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu ». Tout vient de Dieu, mais il a voulu faire de nous ses partenaires. En Jésus Christ, nous sommes des « coopérateurs de Dieu » et non de simples pantins (6).
Antoine Duprez
- Comme aujourd’hui, les chants d’Israel étaient connus.
- Le temps des verbes grecs (aoriste) montre que l’action est déjà réalisée.
- Le verbe grec utilisé est un verbe rare « péripatein, littéralement : se promener en conversant ; d’où les péripatéticiens, philosophes qui échangeaient en se promenant et en conversant ; d’où « vivre de telle manière », ce qui indique un état de vie actif.
- Nb 21,4-9 : allusion au serpent d’airain dressé par Moise au désert.
- Ne « domestiquons » pas trop vite « la croix du Christ » : elle reste un scandale, révélateur de la « mode de Dieu »
- « sunergoi theou »: coopérateurs de Dieu (1 Cor 3,9).