A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Veillée Pascale 30 mars 2024

Gn 1, 1-2, 2 ; Ps 103 ; Gn 22, 1-18 ; Ex 14, 15-15, 1a ; Is 54, 5-14 ; Is 55, 1-11 ; Baruc 3, 9-15. 32-4, 4 ; Ez 36, 16-17a 18-28 ; Rm 6, 3b-11 ; Mc 16, 1-7

 

Un long parcours de textes bibliques pour cette veillée de Pâques : elle clôture la période de carême, période de traversée du désert où nous avons vécu le doute, le désarroi, les tentations et qui s’achève par le passage de la mort à la Résurrection du Christ Jésus, l’événement fondateur de la religion chrétienne. La violence et la mort n’ont pas le dernier mot, la confiance dans le « fils de l’homme » met fin à leur emprise sur notre monde.

Le Christ est source de vie pour tout être humain en recherche d’espérance, comment vivre cette espérance et nous relier à la communauté des croyants qui partage cette foi ?

Les textes par étapes nous guident vers l’espérance pascale dans un dialogue permanent entre la voix du Seigneur et la voix des croyants.

Tous les textes bibliques depuis celui de la création du monde jusqu’à la découverte du tombeau vide expriment la temporalité d’un passage nécessaire au surgissement du monde, à l’affranchissement du peuple d’Israël, à notre propre émancipation du mal.

 

In ilio tempore avant l’ère historique, le mythe de la Création inaugure la vie terrestre, la création de l’homme et de la femme. À quelle vérité nous introduit la Genèse ? Loin de l’exactitude des faits scientifiques, nous sommes introduits à la valeur du don, la vie terrestre nous a été donnée comme un don.

 

La création de l’homme et de la femme en toute égalité, nous confirme à l’image de Dieu : nous sommes des consciences ouvertes au monde, libres et responsables de tous les vivants qui partagent la terre avec nous. Dans cette extraordinaire aventure de notre vie sur terre Dieu ne nous quittera pas, il sera notre alter-ego « le partenaire invisible de nos dialogues intimes » (1) pour autant que nous développons foi et confiance en lui, confiance qui résiste à l’incompréhensible, à un sens qui nous échappe tel chez Abraham.

 

Retenons ces paroles d’Isaïe « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins. »

Le texte de l’Exode nous rappelle l’aide que Dieu nous apporte pour nous affranchir de la servitude, de son soutien pour traverser les périls de l’émancipation.

Dieu prodigue à notre encontre toutes les richesses dont nous avons besoin pour surmonter les drames de notre histoire : Loi, commandements, préceptes, connaissance, sagesse et s’il nous arrive de ne plus entendre sa voix ce n’est pas la preuve d’un abandon de sa part mais nous qui nous refermons sur nous-mêmes, nous vivons alors en exil, éloignés de lui, nous sommes à nous-mêmes notre propre prison.

 

Les voix prophétiques nous le rappellent : Isaïe, Ézéchiel, Baruch, n’ont-ils pas témoigné de la présence du Seigneur lors du temps de la captivité du peuple d’Israël à Babylone, n’ont-ils pas entretenu l’espoir du retour à Jérusalem que l’édit de Cyrus, miraculeusement a permis ?

 

Le Christ, nouvel Adam, incarnation de Dieu renouvelle l’alliance avec Israël mais cette fois elle devient universelle, elle concerne tout homme qui cherche l’espérance et se signe par le baptême qui nous introduit dans le collectif des croyants : comment seuls pourrions-nous compter sur nos seules forces pour nous délivrer de nos doutes, de nos angoisses, de nos fautes ?

 

Paul nous enseigne le sens de la mort du Christ sur le bois de la Croix : nous pouvons nous affranchir du péché, du mal que nous avons fait pour renaître à une vie nouvelle, promesse d’éternité.

 

Les femmes en ce matin de Pâques viennent au tombeau du Christ mais le tombeau est vide, le corps de Jésus n’y est plus… « Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit. » 

Comme les apôtres, sa résurrection nous ébranle, elle nous remet en marche, à la recherche de ses traces. Cherchons-les dans le territoire de nos Galilées avec pour seule certitude confiante que le pèlerinage nous donne vie, que la foi nous remplit d’une vie qui ne tarit jamais et nous irrigue même par temps de malheur, de dépression (2), de désespoir jusque dans l’approche de la mort.

 

Christiane Giraud-Barra

 

(1) Viktor Frankl, Nos raisons de vivre : Viktorf Frankl-ed interéditions soins et Psy.

 

(2) Je vous donne à lire ce témoignage d’une carmélite tiré de ce livre, p. 127-128 :

« La dépression est ma compagne fidèle. Elle pèse sur mon âme et l’écrase. Où donc sont passés mes idéaux, où est la grandeur, la beauté et la divinité auxquelles j’ai consacré ma vie ?

Il n’y a rien d’autre que l’ennui et je suis sa prisonnière. Je vis comme si j’étais tombée au fond d’un gouffre. Il y a même des moments où l’expérience de la douleur m’est inaccessible. Et même Dieu garde le silence. J’ai alors envie de mourir. Aussi vite que possible. Et si je n’avais pas la conviction que je suis maîtresse de ma vie, j’y aurais mis fin. Grâce à cette croyance, malgré tout, la souffrance m’apparaît comme un don. Les gens qui pensent que la vie doit être couronnée de succès ne peuvent pas comprendre que des ouvriers puissent creuser des fondations pour édifier une cathédrale. Dieu a édifié une cathédrale en chaque âme. Il est entrain de creuser les fondations de la mienne. Je n’ai qu’une seule chose à faire : tenir bon chaque fois que Sa pelle me heurte. »

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