A l'écoute de la Parole de Dieu
Premier dimanche de l’Avent, 3 décembre 2023.
Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7. Ps 79 (80). 1Cor 1, 3-9. Mc 13, 33-37.
Nous terminons les dimanches « du temps ordinaire », qui, malheureusement, est en effet bien souvent très ordinaire. Cette suite de dimanches nous laissait dans le confort, l’essentiel était passé (Pâques et la Pentecôte), la tentation de nous endormir était forte. Pourtant notre vie de foi ne peut être « ordinaire » et la liturgie de ce dimanche nous invite à sortir de notre « train-train ».
Ce texte du « troisième » Isaïe inaugure le temps de l’Avent. Il annonce des temps nouveaux qui s’ouvrent pour le peuple après la déportation. Israël est revenu de captivité, le prophète revient sur cette histoire. Il attribue à l’infidélité du peuple les raisons de la déportation et de l’écrasement du pays. Dieu les a « desséchés comme des feuilles » et personne n’invoquait plus son nom. Maintenant il est temps de se retourner vers Yahvé, il est temps qu’il revienne vers son peuple :
« Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais... ».
Et justement « tu es descendu », la confiance peut revenir et Dieu reprendre sa place de père. Une ère nouvelle s’ouvre.
D’où le psaume d’appel et de confiance. Promesse aussi de conversion :
« jamais plus nous n’irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom ».
La lettre de Paul est étonnante. Il s’adresse aux Corinthiens comme a des chrétiens convaincus :
« le témoignage rendu au Christ s’est établi fermement parmi vous »
écrit-il. Or ce qui va suivre est plutôt une volée de bois vert. C’est astucieux de la part de Paul. Avant de gronder il passe un peu de pommade. Surtout il assure le cadre, c’est parce que la grâce de Dieu a été donnée qu’il peut exiger qu’on lui soit fidèle, et qu’il sait cela possible. Paul a quitté Corinthe depuis deux ans et la communauté se déchire. De fait elle a été fondée principalement parmi des païens habitués à de multiples cultes, abandonnés à eux-mêmes ils ne savent plus trop ce qu’implique leur foi. Nous pouvons en retenir un enseignement, si nous pensons que cette lettre peut aussi s’adresser à nous : en ce nouveau temps qui s’ouvre devant nous, il est probablement nécessaire de nous remettre quelque peu dans le droit chemin. Le fondement de tout cela, et de la pratique qui exprimera notre foi, c’est le Christ qui nous a donné sa grâce. « Aucun don de grâce ne vous manque » écrit encore Paul. Nous pouvons donc avancer dans cette nouvelle année liturgique avec confiance. Dieu nous « a appelés à vivre en communion avec son Fils », c’est cela qui compte.
L’Évangile nous rappelle que nous ne savons ni le jour ni l’heure... de quoi ? On peut imaginer du jour dernier, c’est confortable car c’est dans longtemps... pensons-nous. Plus sérieusement il s’agit de la venue du Christ dans nos vies, qui à tout moment vient nous bouleverser... si nous l’attendons, si nous sommes chacun « à notre travail ». « S’il arrive à l’improviste », il arrive toujours à l’improviste, incognito, « il ne faudrait pas qu’il nous trouve endormis ». Il est temps de nous réveiller...après la torpeur des « dimanches du temps ordinaire ».
Ainsi ces textes sont bien choisis pour ouvrir l’Avent. Que peut être pour nous ce temps ? Les textes proposés sont là pour nous inciter à considérer un peu sérieusement ce que l’attente qui s’ouvre peut inspirer dans nos vies.
Marc Durand