Homo Viator 4. François des villes, François des champs
Comment ne pas être saisi par la fracture que présente l'église catholique entre d'une part l'événement et le déplacement des foules pour la venue du Pape François à Marseille, avec une ville totalement bloquée, et le vide abyssal des églises de tous les départements que je traverse qui sont réduites à des monuments touristiques ? C'est pourtant la même église qui suscite les rassemblements et ruine la pratique religieuse : dans les grandes villes persistent des prêtres, dans les campagnes ils ont disparu, et comme les hiérarchies ecclésiales ont interdit les ADAP les populations rurales perdent la pratique des rites catholiques collectifs. Cela n'interdit pas la poursuite de vie spirituelle mais nous pouvons penser que cela rend plus difficile le passage de la prière individuelle à la prière collective, celle qui crée le lien communautaire !
Le pape François en-a-t-il conscience ? Non, il vit spirituellement et physiquement au Vatican et il est accaparé par sa lutte contre ce qu'il a nommé la cléricature (en disant cela je me réfère à ce journaliste du Figaro, Jean Marie Guenois, spécialiste des questions religieuses qui le suit depuis très longtemps et a établi une relation personnelle avec lui). Le pape pense qu'il doit transformer le Vatican pour que l'église catholique survive mais a-t-il raison ? Ce même journaliste pense qu'il a échoué, sa méthode serait trop violente, mais si tout simplement il avait échoué car au lieu de se tourner vers les fidèles il ne se préoccupe que des prélats ?
Christiane Giraud-Barra