Assomption 2023

Publié le par Garrigues et Sentiers

 

Messe de la veille : 1 Ch 15, 3-4. 15-16; 16, 1-2; Ps 131; 1 Cor 15, 54b-57; Lc 11, 27-28.

Messe du jour : Ap 11, 19a; 12, 1-6a. 10ab; Ps 44; 1 Cor 15, 20-27a; Lc 1, 39-56.

 

Le théologien orthodoxe Valdimir Lossky a écrit à propos de l'Assomption de la Vierge :

 

« Si Elle resta encore dans le monde, si Elle se soumit aux conditions de la vie humaine jusqu'à accepter la mort, c'est en vertu de sa volonté parfaite, dans laquelle elle reproduisit la kénose (humiliation) volontaire de son Fils. Mais la mort n'avait plus d'emprise sur Elle : comme son Fils, elle est ressuscitée et montée au Ciel, première hypostase humaine qui réalisa en Elle la fin dernière pour laquelle fut créé le monde. » (Essai sur la théologie mystique de l’Église d'Orient", 1944)

 

Ceci situe la place de Marie dans notre foi. Laissons de côté l'idée que Marie est au ciel avec son corps ("première hypostase") alors que nous, nous devrions attendre la fin des temps. Considérations philosophiques sur le corps séparé de l'âme et chronologiques sur les "temps à venir", la Parousie. Cela n'a plus beaucoup de sens aujourd'hui. Mais les interrogations que posent des définitions dogmatiques obscures ne doivent pas nous empêcher de célébrer Marie, première croyante et mère des croyants. Reprenons alors les textes proposés (messe de la veille et celle du jour) pour en dégager un chemin spirituel.

 

En introduction, ils évoquent David qui rend gloire à Dieu avec une cérémonie de l'Arche : Dieu est au milieu de son peuple, le bénit (c'est-à-dire se l'associe). Le peuple peut alors Lui rendre gloire, c'est-à-dire Le considérer pour ce qu'Il est. La source de ceci est le choix du peuple fait par Dieu :

 

"Car le Seigneur a fait choix de Sion; elle est le séjour qu’il désire :
Voilà mon repos à tout jamais, c’est le séjour que j’avais désiré." 
(Ps 131, 13-14)

 

Ce choix est à la base de notre relation à Dieu, il évoque le choix ultérieur de Marie – elle représente Sion – puis de nous, le peuple des baptisés. Nous sommes choisis.

 

Les autres textes relatent une histoire de notre salut à travers la personne de Marie.

La femme glorieuse de l'Apocalypse donne vie à celui qui sera le berger de toutes les nations et sera appelé auprès du Père. Le Père a préparé une place pour elle dans cette histoire qui aboutit au salut :

 

"Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ !"(Ap 11, 10)


Si on relit cela à la lumière de notre foi en la Résurrection qui nous guide, sachant que nous sommes le Corps du Christ, ce texte parle aussi de nous quand il annonce la naissance de l'enfant mâle qui sera mené auprès de Dieu. Et la femme de l'Apocalypse représente Marie qui enfante non seulement le Fils, mais son Corps, c'est-à-dire nous, les baptisés.

 

Marie, objet du choix de Dieu, mère du Christ et par ce choix mère de l'humanité, n'est pas restée passive.

 

" Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni ".

 

Être béni, cela signifie être dans la proximité du Seigneur. Sa place de mère du Christ est déjà une bénédiction, qui nous est transmise puisqu'elle est aussi notre mère. Mais Élisabeth annonce aussi le fondement du bonheur : Marie a cru.

 

"Heureuse celle qui a cru à l'accomplissement des paroles qui lui ont été dites de la part du Seigneur."

 

Cela sera repris autrement par Jésus au début de son ministère :

 

"Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri !"
"Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent !"

 

Marie est de ceux qui gardent la Parole à laquelle elle a cru. Elle s'est engagée dans sa fidélité, elle nous y appelle.

Le cheminement de Marie lui donne une place spéciale. Il est pour nous, maintenant, un appel à suivre le même chemin, accompagnés par elle. Ce chemin débouche, comme pour David, comme dans l'Apocalypse, par la victoire sur le mal qui devient notre victoire car c'est celle du Christ :

 

"Le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance [...] et le dernier ennemi qui sera anéanti, c'est la mort, car il a tout mis sous ses pieds".

"Alors s'accomplira la parole de l’Écriture : la mort a été engloutie dans la victoire"

 

Ou encore :

 

"En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie."

 

Remarquons que tout au long de ces textes revient sans cesse le mot "heureux". Marie est heureuse parce qu'elle a cru et a été fidèle, engagée à la suite de son Fils. C'est le même bonheur qui nous est offert.

La conclusion est alors naturelle avec le Magnificat. En le chantant nous nous associons au bonheur de Marie qui chante la gloire de Celui qui l'a choisie :

 

" Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles...".

 

Célébrons Marie en ce jour, reprenons le chant du psaume 44(45) :

 

"Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté...

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire..."

 

Son chemin est notre chemin qu'elle nous appelle à suivre, c'est le chemin de la foi qui mène au Christ.

 

Marc Durand

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