A l'écoute de la Parole de Dieu

Cinquième dimanche de Pâques

Ac 6, 1-7; Ps 32 (33); 1P 2, 4-9; Jn 14, 1-12.

Nous continuons la lecture des Actes des Apôtres qui ressemblent un peu à un conte merveilleux relatant les premiers pas des communautés chrétiennes. Il y a bien quelques couacs (Ananie et Saphire par exemple), mais dans l'ensemble l'amour entre les croyants prend toute la vie. Paul, dans ses lettres, sera plus objectif et dénoncera quelques dérives, les Corinthiens ou les Galates en sauront quelque chose !

Le texte de ce dimanche relate l'institution des "diacres". Ils doivent être "des hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse". Nous pouvons retenir que les tâches matérielles ont leur importance si une telle exigence est imposée. Nous savons qu'elles font partie de la mission puisque les apôtres leur imposent les mains : les diacres sont missionnés (on ne trouve pas dans ce geste l'idée de sacralisation). L'esprit de tous les textes de ce jour semble clair : ce ne sont pas les tâches qui comptent, mais l'appartenance au Christ, chacun à sa place : " Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint" écrit Saint Pierre dans sa première lettre.

Les apôtres estiment qu'ils doivent ne pas se laisser détourner de la prédication et de la prière, mais le service des autres prend aussi une grande importance, il n'y a pas de hiérarchie des fonctions. Nous pouvons ajouter qu'il n'y a pas uniquement le "service des tables" pour lesquels les 7 diacres sont choisis; tous nous avons en charge le service des hommes, il exige de nous d'être "remplis d’Esprit Saint et de sagesse". Enfin remarquons que les diacres ont été désignés par la communauté, les apôtres ont été choisis personnellement par Jésus, par la suite c'est la communauté qui va distribuer les fonctions, personne ne peut se les arroger de sa propre autorité, aucun groupe ne peut prétendre au pouvoir s'il n'est missionné par la communauté. Malgré la décision des apôtres de se spécialiser en quelque sorte dans "la prédication et la prière", l'esprit de ces textes est à rebours des tentations actuelles de cléricalisme car c'est nous tous qui sommes "une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que [nous annoncions] les merveilles de celui qui [nous] a appelés des ténèbres à son admirable lumière". Mais à condition que nous "n'achoppions pas sur le rocher sur lequel on trébuche", l'exigence imposée aux diacres vaut finalement pour tous.

Le psaume est alors une prière de louange, d'action de grâces parce que "Dieu veille sur ceux ...qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine".

L'Évangile conforte cette lecture des deux textes qui le précèdent, " Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures" assure Jésus. Et ce texte va beaucoup plus loin. C'est bien l'attachement à Jésus qui est à la racine de tout, lui-même qui est dans le Père et le Père est en lui. C'est de la vie trinitaire qu'il est question (même si l'Esprit n'est pas désigné), non seulement la vie du Christ dans le Père, mais aussi la nôtre : " Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu".

Si nous croyons en lui, c'est-à-dire si nous lui donnons notre foi, notre confiance, en actes, alors nos œuvres, qui sont dirigées par l'Esprit, qui sont ses œuvres à travers nous, seront même parfois plus grandes que celles qu'il a faites parmi nous.

Ces textes forment un ensemble très riche, un appel à la vie au sein de Dieu à travers le Christ qui est "le Chemin, la Vérité et la Vie". Toute notre vie, toutes nos actions, toutes nos missions prennent un autre sens, avec des fonctions diverses mais toutes au service du Royaume.

Marc Durand