Ni partir, ni rester enfermés par le passé... oser !

Publié le par Garrigues et Sentiers

Partir de L'Église catholique ? rester ? rejoindre une autre Église ? Cela ne me semble pas une bonne façon d’affronter le défi de la foi que nous lance la crise profonde de l’Église catholique. Mais, en même temps, se poser la question exprime la soif d’un "autrement"... À mon avis...

Ni partir, ni changer de culte, ni rester enfermés par le passé... mais aller de l’avant, oser inventer, remettre en cause des vérités dites définitives... Tout laisser, tout quitter, comme fut l’appel d’Abraham : " Va vers le pays que je te donnerai. Et Abraham partit sans savoir où il allait... " Au jour de la résurrection, l'ange apparu aux femmes n'a pas invité les disciples à se retrouver entre eux à Jérusalem, au Cénacle... mais il leur dit :" Allez, il n'est pas ici, il vous précède en Galilée... "

Le rassemblement dans la peur et la tristesse, c’est fini. Jésus n'est pas dans le passé, il invite à partir. Et ce sera le grand souffle vers le large de la Pentecôte : empoignés par l'Esprit, les disciples sortent de leur silence et de leur retraite. Ils sont saisis pour annoncer une espérance nouvelle à tous les pays du monde, en se faisant comprendre dans la langue de chacun. L’horizon, c'est de vivre avec le Ressuscité au milieu des hommes ! L’Église, communauté des baptisés, et donc ma communauté aussi, n’est qu’un moyen. La Jérusalem céleste sera l’aboutissement, un émerveillement, le rassemblement de tous les humains réconciliés et vivant l’amour mutuel... Tel me semble être le moteur des personnes en marche avec Jésus.

Mais, comme l’exprimait Alfred Loisy : " Jésus annonçait le royaume, et c'est l'Église qui est venue. " Les hommes et femmes de " la Voie ", peu à peu se sont organisés, hiérarchisés, " dogmatisés ", structurés essentiellement dans un mode centralisateur, de type pétrinien, à la différence des communautés pauliniennes, comme nous l'a fait remarquer Nicolas de Brémond d’Ars. Ils l’ont fait avec la mentalité, la culture et l’interprétation de leur temps. Ceci a façonné progressivement l’Église, organisation toute humaine au service des " compagnons de Jésus ".

Par les choix successifs de ceux qui, sûrement, ont voulu être fidèles, l’Église et ses responsables se sont pris peu à peu pour l’expression de la volonté de Dieu sur terre, mélangeant service des disciples et conviction de leurs pouvoirs et de leurs savoirs divins. Ainsi des hommes, mâles, investis d’un " pouvoir sacré ", réaffirmé jusque dans le concile Vatican II (Constitution Lumen Gentium, chapitre 3) se sont attribués la connaissance du Bien et du Vrai, se sont donnés autorité sur les personnes, leur conscience et, parfois même, leur vie.

Pour rééquilibrer ce pouvoir sacré, Vatican II a mis en relief le sacerdoce commun des baptisés, participation d’une autre façon au sacerdoce du Christ. Mais à être ainsi renvoyés au sacerdoce, ne risque-on pas de retomber dans la même dérive ? " Peuple de prêtres, peuple de rois, assemblée des saints "... peuple sacré, un peu divin, au milieu des humains... un rien différents, un rien supérieurs... ? Ma conviction profonde : tant que l'on revendiquera un " pouvoir sacré " quelconque dans l'Église, rien ne changera fondamentalement. Personne parmi les humains n’a un pouvoir divin, sacré qui serait comme de la magie, du fétichisme, de la manipulation...

L’ordination sacerdotale et les pouvoirs qui l’accompagnent me semblent la racine même du mal dont souffre notre structure Église aujourd'hui. Notre seule force originale, c’est Jésus, sa parole partagée avec ceux qui l’ont choisi comme compagnon de route, comme amis, puisqu’il nous appelle ainsi.

Alors que dire ? Que vivre dans notre Église ? Ni partir, ni rester enfermés dans nos dogmes, nos certitudes, nos condamnations, nos conciles....
Avancer "en eau profonde"... par deçà et par delà ce qui a pu se dire et s’affirmer comme immuable et définitif, en restant enracinés sur Jésus et sa parole  partagée.

- Reconnaître la richesse, la participation, et le service, souvent indispensables, de tant dévêques, prêtres, et diacres, en tant que personnes ayant donné  leur vie à la suite de Jésus.

- Mais renoncer au sacerdoce comme sacrement, comme pouvoir sacré.

- Entendre et écouter le monde contemporain et ses problématiques.

En un mot, réinventer - tous ensemble - une structure Église pour le XXIe siècle.

" Gens de peu de foi, de quoi avez-vous peur ? Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps "

Jean-Luc Lecat

P. S. : Tout ceci ne prétend pas être la vérité bien sûr. Ce n’est que ma vérité. Cependant il me semble de ma responsabilité comme membre de cette communauté catholique, de partager ma petite pierre, ma conviction profonde, pas évidente à exprimer... ni peut-être à recevoir.

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H
Merci Jean-Luc. Bien d'accord avec toi.<br /> Je ne crois pas avoir lu dans l'Evangile Jésus parler de pouvoir sacré...<br /> Mais le pouvoir est le "péché mignon" de bien des clercs, dans de nombreuses religions.<br /> Osons !
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