À l'écoute de la parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Méditation pour le 4e Dimanche de Carême (année A)
(1 S 16, 1b.6-7.10-13a ; Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3-6 ; Ep 5, 8-14 ; Jn 9, 1-41)

« Ne considère pas son apparence […] le Seigneur regarde le cœur. »
Non seulement Dieu ne se fie pas aux apparences, mais : « il ne fait acception de personne ». Cette affirmation se retrouve aussi bien dans l’Ancien Testament (Dt 10,17, Jb 34,19) que dans le Nouveau (Ac 10,34, Rm 2,11, Ga 2,6) et, dans les évangiles, même des pharisiens, qui cherchent à piéger Jésus, sont obligé de reconnaître : « Nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité sans t'inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l'apparence des hommes (Mt 22, 16 ; idem Lc20, 22)"
Si l’exemple vient de si haut, il est temps de nous interroger sur nos propres comportements : ne nous arrive-t-il pas de juger quelqu’un sur sa seule apparence ? Sa tenue ? Son langage ? De l’enfermer dans des préjugés ?

« Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien … »
Le fidèle qui s’en remet au berger est favorisé : il repose sur des près d’herbe fraîche (dans un pays aride c’est un bien-être non négligeable) ; il traverse les ravins de la mort (et leurs angoisses) sans mal ; la table est prête pour lui et sa coupe débordante… Problème alors : que notre foi ne soit pas un facile abandon à un «guide» bienfaisant dont nous serions les moutons passifs, mais qu’elle soit le total abandon de l’amour, celui d’une absolue confiance dans le Seigneur, même quand l’herbe est moins verte !
Les Éphésiens étaient autrefois dans les ténèbres, situation proche de l’aveugle-né, puisque dans les deux cas : on ne peut voir. Pour voir, il faut de la lumière, et la lumière provient du Christ, comme le montre la parabole de l’aveugle-né.

La longue histoire de l’aveugle-né, rapportée par saint Jean, est pleine d’enseignements. Elle rappelle d’abord que pour les contemporains du Christ la maladie et le malheur, d’une façon plus générale, s’expliquent, au moins en partie, par les péchés commis par l’infortuné. Pensons aux reproches des amis de Job plusieurs siècles avant Jésus. Lui propose une autre interprétation, un peu mystérieuse : l’aveugle-né est tel « pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ». Est-ce simplement pour que Jésus ait l’occasion de faire un « signe » ? Si Jésus est « la lumière du monde », il peut légitimement présider au recours de la vue par un aveugle !

Un point important de la procédure : l’aveugle devra se laver (se purifier ?). Quand on lui demande comment ses yeux se sont ouverts, il répète : « l’homme m’a dit ‘’Va à Siloé’’ et lave toi ». Il y est allé, s’est lavé et voit : c’est aussi simple. Et tout au long de son affrontement avec les pharisiens, l’aveugle fait preuve de la même simplicité désarmante, même après que ses parents ont, par peur des autorités, refusé de répondre en renvoyant les Pharisiens à leur fils pour les explications : « Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. ». Lui s’en tient aux faits : Jésus est-il « un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. ». Forcé par les interrogatoires à réfléchir, il en arrive à conclure que ce guérisseur est un prophète (Jn 9,17), donc qu’il a quelque lien avec la divinité, qu’il est « de Dieu » (Jn 9,33).

La dernière phrase du passage, elle aussi mystérieuse, nous amène à réfléchir sur nos certitudes : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘ Nous voyons ’, votre péché demeure ». Demandons, humblement, la lumière.

Marcel Bernos

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