Coupe du Monde : entendu le 18 décembre à la radio
France Inter, dimanche matin 18 décembre, 8 h 20, la journaliste annonce qu'elle a invité trois personnalités, Thierry Frémont, Philippe Delerme et une journaliste sportive de France Inter pour « parler de la coupe du monde de foot qui pose bien des problèmes du fait qu'elle se déroule au Qatar » (je cite de mémoire). Du coup je stoppe mes activités pour écouter, pour une fois que cette radio ose aborder ce sujet.
Rappelons qu'il est clair que tous les pays posent des problèmes de Droits de l'Homme, et donc pour beaucoup le fait de l'organiser au Qatar, si ce n'est pas le mieux, n'est quand même pas un scandale. Cela peut s'entendre (oublions les scandales autour de la décision prise de façon, disons, opaque et financière...).
Mais la différence avec toutes les coupes du monde organisées dans des pays vraiment peu respectables au moment où ils étaient choisis (par exemple l'Argentine des généraux en 78 ou la Russie de Poutine en 2018), est que, cette fois-cij toutes les infrastructures construites pour l'occasion l'ont été en réduisant en esclavage des dizaines de milliers d'ouvriers venus de pays pauvres, exploités et malmenés (c'est un euphémisme) pour exécuter ces travaux, avec à la clé 6 500 morts, pardonnez du peu. On peut ajouter que dans l'horreur, il y a encore une hiérarchie, les 6 500 morts sont des Asiatiques, on n'a pas pu compter les Africains car pour eux, même pas de statistiques ! De toutes façons qu'est-ce qu'un mort d'un pays pauvre ?
Revenons à l'émission de radio.
La parole est donnée d'abord à la journaliste sportive, nous apprenons alors tout sur l'état de santé inquiétant de l'équipe de France, sur les qualités de celle d'Argentine, sur son leader Messi, qui serait tellement triste de finir sa carrière sans un titre de champion du monde, sur les relations entre le peuple argentin et son équipe, sur les supporters argentins, etc.
Frémont et Delerme frôlent quelques instants le sujet des Droits de l'Homme pour expliquer entre autres que ce choix du Qatar a au moins eu l'avantage qu'on a pu parler justement de ces Droits. Rien sur le fait que le Qatar n'a rien tenu de ses engagements, ni la FIFA (mais cela n'est pas un scoop, qui pouvait y croire ?). Rien sur le fait que c'est sur la sueur des plus pauvres exploités que cette coupe se déroule, exploités, enfermés, et payés scandaleusement peu, mais que la FIFA aurait engrangé 7 milliards et demi de dollars, que TF1 se fait payer grâce à cette coupe 260 000 euros les 30 secondes de publicité. Cela aurait fait tache.
Puis on revient aux « vraies » questions autour de notre équipe et de nos espoirs d'une troisième étoile de champion du monde. Quant aux 6 500 morts dénombrés, aux morts africains, ils sont passés par pertes et profits, cela n'a pas intéressé.
Alors l'équipe qui obtiendra cette étoile de champion du monde, qu'elle gardera pour toujours, devrait la teindre en rouge, c'est l'étoile gagnée sur le sang des pauvres.
Le Monde devrait avoir honte... s'il n'était sauvé par un pays qui n'a pas trempé dans ce macabre événement : la Russie de Monsieur Poutine, elle, n'était pas invitée.
Marc Durand