A l'écoute de la Parole de Dieu
4eme Dimanche de l'Avent 18/12/2022
Is 7, 10-16 ; Ps 23 ; Rm 1, 1-7 ; Mt 1, 18-24
Le Seigneur conseille au roi Acaz de demander un signe à Dieu. Acaz, inscrit dans la généalogie de Jésus (Mt I,9), a été roi de Juda au VIIIe siècle avant J-C, il est contemporain d’Isaïe. Bien que connu pour son impiété (2 Rois 16.1-9), il semble ici respecter la loi en refusant de «mettre le Seigneur à l’épreuve» (Dt 6,16). Petit problème de conscience quotidienne : quand nous demandons à Dieu la réalisation d’un de nos vœux légitime mais terre à terre (succès à un examen, retour de santé, réussite de nos amours, gain ou promotion…), cela ne revient-il pas à lui demander un signe et donc à le «mettre à l’épreuve» ? On veut obtenir quelque chose de concret, mais aussi s’assurer que Dieu est bien là, et qu’il est là pour nous.
Dans la suite de la citation d’Isaïe, la vierge qui enfantera un fils, l’Église lit traditionnellement l’annonce de la naissance de Jésus, «son fils qui, selon la chair est né de la descendance de David, et, selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de fils de Dieu, par sa résurrection…» (Rm 1,3-4). Ainsi, la Résurrection confirmerait, voire établirait la filiation divine de Jésus.
La scène de sa conception racontée par Matthieu est bien connue. Marie devait épouser Joseph. En ce temps là, la femme devait arriver vierge au mariage. Or Marie se retrouvait enceinte, alors même qu’elle avait dit à l’ange qu’elle «n’avait pas connu d’homme» (Lc 1,34). Ce prodige, qui continue à occuper certains théologiens, a d’abord posé problème à Joseph. Ne voulant pas dénoncer la grossesse de Marie, elle aurait risqué la lapidation, il s’apprête à la renvoyer en secret. Mais il a la révélation — «en songe» ce qui reste un moyen classique de communication avec le divin dans les Écritures — de ce qui était arrivé : l’intervention de l’Esprit Saint. L’ange confie à Joseph la paternité légale de l’enfant à naître. Joseph l’accepte.
On célèbre souvent la foi confiante (si l’on admet ce pléonasme) du «Fiat» de Marie, il faudrait tout autant honorer la foi confiante de Joseph. Dire «oui» à l’inimaginable, c’est probablement le gage d’une absolue remise à Dieu de notre vie, c’est l’assurance d’une foi authentique, celle que prône saint Paul, hors des rites et des œuvres, et qui nous sauvera. C’est aussi ce qu’ont fait les martyrs des persécutions tablant sur la promesse de Dieu de les «sauver», puisqu’ils acceptaient la mort et parfois les tortures pour demeurer fidèles à la foi, ou à la loi, tels les sept frères Maccabées, au IIe siècle avant J-C, lorsque les Séleucides voulurent abolir, Israël, la Torah et les pratiques de la religion juive (2 Mac 7,1).
Nous sommes à une semaine de Noël, mémoire de la naissance de Jésus, messie et «Fils de Dieu». Quels sont les «Fiat» que nous avons dits ou que nous sommes prêts à prononcer, pour toute notre vie ou aux simples sollicitations quotidiennes, en «témoignage» de notre attachement véritable à lui et à son Père (Notre père) ? Jusqu’où sommes nous prêts à aller si ce «Fiat» risque d’avoir des conséquences graves, voire vitales ? Il ne s’agit même pas d’accepter le martyre, mais déjà de rester fidèles à nos engagements librement consentis.
Aide nous, Seigneur à être fidèles et, si nous sommes tombés, aide-nous à nous relever.
Marcel Bernos