A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Dimanche 1er janvier 2023 Sainte Marie, Mère de Dieu

Nb 6, 22-27. Ps 66 (67). Ga 4, 4-7. Lc 2, 16-21.

 

Il est curieux de constater qu'à la suite de la reconnaissance par l’Église catholique de la place du judaïsme dans notre foi (déclaration conciliaire "Nostra Aetate") elle supprimait la célébration de la fête de la Circoncision qui marque l'inscription de Jésus dans le judaïsme. Le même Paul VI a promulgué la déclaration conciliaire le 28 octobre 1965, puis en 1974 il remplaçait la fête de la Circoncision par celle de "Marie, Mère de Dieu" ("Theotokos"). Ce titre de Marie, repris dans le "je vous salue Marie", théologiquement très important, fut introduit au concile de Nicée en 325 et promulgué par celui d’Éphèse, en 431. On comprend le désir de commencer l'année en rappelant qui est Jésus qui nous accompagne tout au long de l'année, "Fils de Dieu", ce que dit de façon indirecte le qualificatif de "Theotokos" attribué à Marie. Mais il est regrettable que ce soit au détriment de l'événement de la Circoncision : cette célébration proclamait que Jésus est issu d'une famille juive pratiquant tous les rites, qui se soumet à la Loi. Par la Circoncision il est "baptisé" comme Juif et il ne le reniera jamais, acceptant même de dépendre des autorités religieuses jusqu'à en mourir. Jésus n'est pas venu détruire le judaïsme mais l'accomplir. Le Fils de Dieu vit pleinement en lui et, par Marie, il est pleinement homme, pleinement Juif. Si nous sommes ses frères, devenus fils du même Père, nous ne pouvons pas renier cette source de notre foi, à laquelle, lui, s'est abreuvé. Reste heureusement encore aujourd'hui la fin du texte de Luc qui se réfère à la Circoncision pour dire que l'enfant est bien celui que l'ange avait annoncé, il reçoit le nom "donné avant la conception" : Jésus. Mais c'est bien peu pour rappeler la judéité de Jésus. On pourra le vérifier en se reportant à l'article de René Guyon, La circoncision de Jésus, une alliance cachée par l’Église.

 

En ce début d'année, le premier texte liturgique nous parle de la bénédiction de Dieu. Notre année va se dérouler sous cette bénédiction. Si nous l'accueillons, le visage de Dieu brillera sera nous, il nous prendra en grâce et donnera la paix.

D'où le psaume qui suit, appel à cette bénédiction, "que son visage s’illumine pour nous; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations." Appel alors à rendre grâces nous-mêmes, ce que nous oublions bien souvent.

 

La lettre de Paul revient sur ce que nous évoquions plus haut, le statut de Jésus, fils de Dieu et pleinement homme, pleinement juif : "Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et soumis à la loi de Moïse". En quelques mots, l'essentiel est dit. Puis vient la conséquence, le projet de Dieu dans cette Incarnation: le Fils nous envoie l'Esprit qui fait de nous des fils du Père : "Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père !"

 

L'évangile décrit une sorte d'épiphanie, avant celle liée aux Mages. Jésus est montré aux bergers qui colportent la nouvelle, "en glorifiant et louant Dieu". Ce sont donc les pauvres, les "moins que rien" de la société, qui peuvent manifester la Bonne Nouvelle de la venue de Dieu. Dans sa vie publique, Jésus renverra les gens qu'il guérit vers les prêtres pour confirmer leur nouvel état et faire reconnaître l'action divine. Il s'inscrit dans les exigences religieuses du judaïsme. Pas de ça ici, dans cet événement qui fonde la suite: l'annonce de ce Salut passe par les "petits".

 

Quant à Marie, comme aux moments essentiels de la vie de Jésus (ainsi qu'au Cénacle pour la Pentecôte), elle est présente, silencieuse, mais au centre. Elle est viscéralement (en tous les sens du terme) attachée à son Fils, ce qui justifie notre dévotion envers elle, que nous invoquons : "Sainte Marie, Mère de Dieu...".

 

Ces textes sont étonnamment concis en ce dimanche. Ils ne racontent pas grand chose, mais finalement ils vont à l'essentiel pour marquer l'année qui commence. Il nous est ainsi proposé de nous mettre sous la bénédiction (mieux que la protection) du Père. Ces textes, très simples, nous disent la place de Dieu vis-à-vis de nous. Dieu "en soi" est totalement inaccessible et donc ne nous intéresse pas, c'est "Dieu avec nous" qui nous concerne.

Nous commençons une année qui s'annonce très difficile, toute une partie de l'humanité est déjà en grande souffrance et nous ne pouvons pas l'oublier, malgré nos inquiétudes nous sommes des privilégiés. N'oublions pas nos frères qui souffrent, agissons pour eux dans la mesure de nos moyens.

Puissions-nous reconnaître la place de Dieu, mettre nos vies, sanctifiées par l'Esprit qui nous fait fils, sous la bienveillance du Père, et vivre en conséquence.

 

Marc Durand

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