« Trichez avec le sexe… il se vengera ! »

Publié le par Garrigues et Sentiers

On n’en finit pas, jour après jour, de découvrir les vilénies et les crimes sexuels commis par des membres du clergé, y compris parfois ceux qui prêchaient aux laïcs la continence ou interdisaient l’emploi de procédés contraceptifs, etc.

Parenthèse sur ce premier point : a-t-on bien mesuré les dégâts commis par l’encycliques Humanae vitae (1968) parmi les laïcs ? Ce jour-là, le pape, négligeant les avis de la Commission pontificale pour l'étude de la population, de la famille et de la natalité instituée par Jean XXIII, confirma la doctrine catholique traditionnelle hostile à la contraception artificielle. On sait, par les enquêtes de sociologie religieuse, que cette décision ne fut pas appliquée par une large partie des fidèles et en fit sortir d’autres, à pas menus, de l’institution romaine. Au chapitre X du Petit Prince (p. 442, dans l’édition de La Pléiade), Saint-Exupéry fait dire avec sagesse au roi que rencontre le petit prince : « Il faut exiger de chacun ce que chacun peut donner […] J’ai le droit d’exiger l’obéissance parce que mes ordres sont raisonnables ». Voilà une maxime qui devrait inspirer tous les législateurs.

 

Le champ de la confiance dans linstitution romaine est dévasté. La publicité faite aux aveux, après tant d’autres, du cardinal Jean-Pierre Ricard, ancien archevêque de Bordeaux et ex-président de la Conférence des évêques de France a représenté la goutte deau qui a fait déborder le vase de notre patience. Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, dans une interview à La Vie du 9 novembre 2022, a déclaré : « Je suis mal. On ne sait plus très bien comment nommer les choses. On ne trouve plus les mots. Je pense à tous ces mensonges cumulés, à la victime… […] Mais quest-ce quil se passe ? Quest-ce qui nous arrive dans l’Église ?» Oui, qu’est-ce qui arrive à cette Église qui s’auto-qualifie de « Sainte » depuis des siècles (1) ?

Pour expliquer la genèse de la scandaleuse situation actuelle, on s’est beaucoup attaché, à juste titre, au défaut de transparence de l’institution, à la pression de l’omerta « traditionnelle » (?) du corps ecclésiastique. Pour l’instant on n’a pas réellement cherché – sujet tabou car «la grâce suffit » – à jauger le poids exact de la chasteté imposée à des individus, alors même qu’ils offrent leur vie à Dieu et à la communauté des croyants. La chasteté n’est pas facile à assumer. Elle ne la jamais été (2). Ce n’est pas pour rien qu’on a estimé, dans les premiers siècles de l’Église qu’après les persécutions, elle était un substitut au martyre pour témoigner de la sainteté d’un homme ou d’une femme. La question se pose encore davantage aujourd’hui étant donné que l’on vit dans une société où la sexualité, omniprésente dans le paysage social et culturel et donc dans les esprits, a pris une place considérable dans le vécu des personnes laïques, et est ressentie comme « menaçante » pour les ecclésiastiques.

Les solutions passées : se jeter dans un buisson d’orties, se donner la discipline, ou fuir les situations de tentation… ne suffisent plus. Il en reste une, très traditionnelle, telle que je l’ai entendu prônée par un prêtre africain de passage un été dans ma paroisse : « Si vous avez des pulsions sexuelles, mariez-vous », proclamait-il en passant dans l’allée centrale de la chapelle, en roulant sur les fidèles des yeux inquisiteurs et fulminants.

Le mariage a toujours été considéré par l’Église comme important, c’est d’ailleurs un sacrement (3). Il est considéré, entre autres, comme « un remède contre les désirs de la chair qui se révolte contre l’esprit et la raison […] Ainsi celui qui connait sa faiblesse et qui ne veut pas entreprendre de combattre sa chair, doit avoir recours au mariage comme à un remède, pour lempêcher de tomber dans le péché de l’impureté… » Voilà le troisième motif « qu’on doit et peut avoir en se mariant » (§ 3 du chapitre sur « Le sacrement de mariage » dans le Catéchisme du Concile de Trente (1566).

Pendant longtemps, il y a eu des prêtres et même des évêques mariés. Paul exigeait (I Tim 3,2) qu’« un évêque [soit] l’époux d’une seule femme… » Peu importe de savoir s’il s’agit de l’interdiction du remariage d’un veuf, ou celle de la bigamie. Les théologiens en discutent. Le fait est là : un évêque pouvait être marié. La preuve du mariage des clercs à l’époque est confirmée en Tite (1,6) à propos d’un « ancien » (l’« ancêtre » du prêtre) : « Il doit être l’époux d’une seule femme ».

Michel Dhortel-Claudot, s. j., dans un cours à la faculté de théologie de Fourvière, en juin 1969, a centré son enseignement sur Le statut du prêtre dans l’Église – Aspects historiques. Il a consacré un bon tiers de ses leçons à la question suivante : « Le prêtre et le mariage des origines à la discipline actuelle ». Sa conclusion, prudente, constate que « La loi du célibat n’est pas née d’un seul coup sous l’effet de quelque inspiration charismatique […] Elle est le fruit d’une évolution assez lente et reste marquée par ses origines tâtonnantes, disparates, qui lui donneront toujours un visage triste de mal-né, comme en ont les institutions qui se sont cherchées trop longtemps au travers de contextes historiques trop divers ». Il constate que : « Le clerc des trois premiers siècles est donc, habituellement et dans la majorité des cas, un homme marié ».

On situe souvent l’exigence du célibat ecclésiastique à la Réforme grégorienne (XIsiècle) ; c’est en partie vrai… dans les textes. Mais, en dépit de la réitération, pendant mille ans, par de nombreux conciles provinciaux (dès 305, concile d’Elvire) ou universels (Chalcédoine en 451, Latran II en 1139 etc.), de l’interdiction du mariage pour les prêtres, le Concile de Trente (1545-1563) eut encore à en connaître. Remarquons que les débats portèrent autant sur les aspects financiers subséquents au mariage des prêtres que sur le côté « sublimation spirituelle » du célibat. Quant à l’application à peu près « générale » de ce principe, elle a attendu les nouvelles exigences morales du XIXe siècle.

Renan, peu suspect de complaisance envers le clergé, rend hommage à celui de son enfance bretonne dans le chapitre « Le broyeur de lin » de ses Souvenirs d’enfance et de jeunesse (1883) : « La règle des mœurs était le point sur lequel ces bons prêtres insistaient le plus, et ils en avaient le droit par leur conduite irréprochable ». Il fait d’ailleurs d’un jeune prêtre un. portrait intéressant, montrant ce qui, chez lui, pouvait attirer les femmes : « On sentait quil avait un cœur et des sens, mais quun principe plus élevé les dominait […] Cet invincible attachement à un vœu, qui est à sa manière un hommage à leur puissance, les enhardit, les attire, les flatte. Le prêtre devient pour elles un frère sûr, qui a dépouillé à cause delles son sexe et ses joies. De là un sentiment où se mêlent la confiance, la pitié, le regret, la reconnaissance ».

Et nous voilà, parvenus au XXIe siècle avec un idéal très lourd dans une société moralement très « légère » !

Le magistère considère le célibat ecclésiastique comme un point de discipline intangible. Que signifie-t-il s’il ne s’accompagne pas de la chasteté sous-entendue ? Or c’est elle, apparemment, qui est devenue plus difficile à pratiquer, même si les siècles antérieurs ont montré bien des dérives, et souvent encore plus patentes, dans ce domaine. Les historiens ont pu relever, dans les archives diocésaines ou locales, de nombreux témoignages sur l’existence, dans le passé, de prêtres concubinaires (2). Dans les campagnes, au XVIIe siècle encore, ils semblent avoir été tolérés par les paysans, qui espéraient peut-être que cette situation limiterait leurs éventuelles prédations sexuelles parmi les paroissiennes. En même temps, ils sont parfois dénoncés par ces mêmes paysans parce que leur servante est trop jeune, trop jolie ou qu’elle manifeste trop ouvertement les privilèges d’être la « compagne » du curé. Un « argument » relevé : « elle utilise l’attelage du prêtre à sa fantaisie » ! La hiérarchie réagissait… quand elle pouvait.

Dans la seconde moitié du XVIIe siècle, alors que se met en place la réforme du clergé voulu par le Concile de Trente, les manuels destinés à la formation des prêtres regorgent de conseils pour les mettre à l’abri à la fois des « tentations de la chair » et des dénonciations calomnieuses. Par exemple, ils ne doivent pas rester seuls avec une fillette après le cours de catéchisme, ni recevoir de femmes ou de fillettes en confession sans que la pièce, dans laquelle ils se trouvent, garde sa porte ouverte, même lorsqu’ils se rendent au domicile des fidèles pour confesser une malade. A l’église, le confessionnal doit se trouver dans un espace éclairé, etc. Ces précautions montrent bien qu’il devait y avoir des « affaires », qu’elles soient réelles, supposées ou montées de toutes pièces.

Rappelons que la sollicitation à caractère sexuel, dans le cadre de la confession – cas qui s’est présenté dans des « abus » actuels – est pour le confesseur un péché particulièrement grave, provoquant une excommunication majeure ipso facto (« par le fait même », c’est à dire immédiate et sans procès), dont on ne peut être relevé, en principe, que par le pape. Le prêtre concerné devient incapable de « donner les sacrements », ou de célébrer la messe ; il était jadis, conjointement, privé de son « bénéfice », c’est à dire de la plus grande partie de ses revenus.

A Paris, au milieu du XVIIIe siècle, la police pourchassait les ecclésiastiques « libertins ». Entre 1751 et 1764 (en 13 ans !) un millier d’arrestations ont eu lieu parmi des prélats, prêtres, religieux se rendant dans des lieux de prostitution. Indépendamment de leur « chute » morale, ils participaient ainsi à l’exploitation de femmes souvent réduites à cet « emploi » par la misère. C’était très moche et méprisable, mais pas pire que de tripoter, a fortiori de violer des petits garçons ou des petites filles. En tout cas, ce « recours » de notre clergé parisien d’alors pour régler ses « pulsions » ne saurait être érigé en solution modèle ! Comment en sortir ?

Rappelons, de nouveau, les intuitions du Concile de Trente, qui n’a pas réuni de dangereux « progressistes » : le mariage comme « remède contre les désirs de la chair ». Célibat et chasteté sont des valeurs spirituelles hautement reconnues par la Tradition catholique ; en témoigne la vie de beaucoup de clercs ou de religieuses. Encore faut-il qu’ils puissent être vécus en vérité. Si un candidat au sacerdoce s’en sent capable « avec la grâce de Dieu », il doit pouvoir faire ce choix en toute liberté, laquelle reste la condition sine qua non de ce genre d’engagement. Notons pourtant qu’il peut être parfaitement sincère au moment de sa décision, et se découvrir « pauvre pécheur » au cours de sa vie … L’ennui c’est que ses « péchés » ne concernent pas seulement le solitaire « salut » de son âme, mais qu’ils font souffrir, en face de lui, des victimes innocentes.

Certes, la possibilité du mariage des prêtres, s’il est une des pistes à envisager (4), ne réglerait pas totalement la question. Concédons que le mariage ne résout pas tous les problèmes sexuels, chez ceux qui en ont. Des pères de famille se révèlent parfois adultères, pédophiles, incestueux. Tout cela pose d’autres interrogations. Mais on n’y répondra pas en se crispant sur de grands principes, respectables sans aucun doute, mais qui, au vu des événements récents, apparaissent de plus en plus souvent comme intenables dans la réalité.

A suivre ?

Marcel Bernos

 

  1. « L’Église est sainte parce que le Dieu très saint en est lauteur » (sic), Petit catéchisme de l’archidiocèse de Ouagadougou, § 165.
  2. Voir par exemple, il y en a beaucoup d’autres : Les Tentations de la chair Virginité et chasteté (16e - 21e siècle) d’A. Cabantous et F. Walter, Payot, 2020, et, en particulier le chap. 5, Galanteries monastiques et prêtres volages au XVII  – XVIIIe siècles, p. 145-167.
  3. Dès la fin du IIe siècle et le début du début IIIe, Tertullien, un des premiers grands théologiens chrétiens, consacre pas moins de 4 traités aux questions posées par le mariage « chrétien ».
  4. Mariage permis avant ou après l’ordination ? C’est une autre difficulté. L’Église orthodoxe possède une longue expérience à ce sujet.

Publié dans Réflexions en chemin

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B
Merci aux lecteurs qui m’ont envoyé, directement ou par le blog, des commentaires sur mon article. Leurs remarques sur le mariage sont en soi justifiées, mais ne correspondent pas à l’intention du texte. <br /> Je crois, comme certains d’entre vous, que le mariage est (ou devrait être) une vocation ; elle est difficile mais enrichissante comme beaucoup de vocations. Et le «sexe» n’en est qu’un aspect, même si l’expérience prouve son importance, parfois déterminante sur son avenir. L’Église, un peu méfiante à son égard, en a pourtant fait (illogiquement ?) un sacrement, c’est à dire un «don de Dieu» nous permettant d’aller à Lui. Elle l’a fait tardivement d’ailleurs (décret du pape Lucien III en 1184). Remarquons que si le mariage est décrété absolument et irrémédiablement indissoluble, le sacrement de l’Ordre peut se «dissoudre» en une réduction à l’état laïc (!), libérant le prêtre indigne ou celui qui se reconnait finalement incapable d’assumer son choix de vie initial. <br /> Présenter le mariage comme un «pis-aller», c’était enfermer le raisonnement du magistère ecclésiastique dans sa contradiction : il présente le mariage comme un remède à la concupiscence, sans l’appliquer aux membres du clergé. En effet, les clercs restent de pauvres hommes également concupiscents, à moins de penser que l’ordination règlerait magiquement les problèmes physiologiques et psychologiques des candidats au sacerdoce. Puisque l’Église garde cette vision réduite de la sexualité fût-elle conjugale, d’ailleurs mal connue par elle, pourquoi n’use-t-elle pas de ce moyen («naturel») pour réduire les risques d’«abus» — doux euphémisme — parmi les clercs eux-mêmes ? Il faut être bien conscient que cela ne supprimerait hélas pas les scandales (des pères de famille pédophiles ou incestueux existent), mais pourrait peut-être les réduire. Mon but premier était donc de faire sortir la question du célibat, parfaitement respectable en soi à condition de le vivre en vérité, de son statut de «tabou», alors qu’il se situe à un moment sans cesse indécis de l’histoire de l’Église.<br /> Pour être équitable, il faudrait rappeler que le chapitre sur le sacrement de mariage, dans le Catéchisme du Concile de Trente (1566), est beaucoup plus subtil que ce que l’on en a fait par la suite, et même délicieusement poétique. En effet, le «premier motif qu’on doit et peut avoir en se mariant [je n’ai cité que le troisième] est fondé […] sur l’instinct (sic) des deux sexes, qui fait qu’ils désirent naturellement (resic) d’être unis, dans l’espérance du secours qu’ils attendent l’un de l’autre […] afin qu’ils puissent aisément supporter les incommodités de la vie, et se soutenir dans les faiblesses et les infirmités de la vieillesse». Le second motif, devenu classique mais inscrit comme «second» seulement, étant le désir d’avoir des enfants. Le décret admet encore ce que l’on pourrait assimiler à l’amour tel que nous le concevons : « un homme [à l’époque, c’est lui qui fait la demande] peut encore être porté à faire choix d’une femme et à la préférer à une autre …» Il ne s’agit pas là de prescriptions cléricales, l’Église s’opposant aux mariages forcés, mais des mœurs de la société civile, où les unions sont souvent arrangées pour régler des affaires patrimoniales ou de relations privées.<br /> La construction progressive du «mariage chrétien» est complexe et nécessiterait de longs développements ; mon article ne voulait être qu’un légère provocation.
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H
Bon texte de Marcel Bernos qui apporte des informations éclairantes. Bon commentaire de Marc Durand.<br /> J'ajoute une phrase attribuée généralement à Pascal : "qui veut faire l'ange fait la bête". Pourquoi demander à un homme une conduite différente de celle de l'ensemble de ses frères humains ? Pour en faire un "héros" qui sacrifie sa vie sexuelle ? Et ce sacrifice plairait à Dieu qui est amour ?... Quel orgueil, et quelle foutaise ! Je ne peux imaginer Jésus exigeant cela de ses disciples. Même remarque pour les "vierges consacrées". Que chacun soit libre de choisir sa manière de vivre sa sexualité dans le respect des autres (notamment des enfants) et des lois sociales. La sexualité a été voulue par Dieu (ou la Nature selon Spinoza) : elle a un grand avantage sur la reproduction par scissiparité (clonage), c'est que la fusion de deux ADNs crée une infinité de combinaisons, ce qui fait que chaque humain est un être unique avec sa propre personnalité. C'est une PERSONNE libre et donc responsable : donc capable de "reconnaitre" Dieu. De plus l'obligation de trouver un (ou une) partenaire hors de la famille entraîne une mixité sociale (quand les mariages ne sont pas des "arrangements" entre familles de la tribu, comme longtemps au cours des siècles, et encore aujourd'hui...).<br /> Ne nous mettons donc pas en travers des lois naturelles voulues par Dieu. Primum non nocere !<br /> Enfin la virginité (ou la chasteté) a été inventée par les hommes pour s'assurer que leur descendance est bien d'eux (voir le 9ème commandement de Moïse où la femme est considérée comme une possession du mari...).
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M
Texte "historique" fort intéressant, je n'ai rien à ajouter sur le fond, mais quelques remarques. <br /> Le texte cite le cas du Cardinal Ricard qui semble avoir beaucoup marqué. Pourquoi lui? Voici un homme qui a fait une faute très grave (ignorant en quoi elle consistait, on ne peut parler de crime à ce stade) dont il semble s'être repenti à l'époque. Espérons qu'il a fait ce qu'il devait envers la victime, là encore nous ne savons rien. Quand on commet une faute envers un autre, nous sommes tenus de la réparer ...pour ce qui est réparable, l'irréparable est renvoyé à Dieu. Espérons qu'il l'a fait. Mais après? Sa vie ne s'arrêtait pas. Nul ne doit s'arrêter sur sa faute, après réparation de ce qui était possible nous sommes même tenus de poursuivre notre vie. C'est ce qu'il a fait. On préfèrerait qu'il ait alors décliné la charge d'évêque, mais là n'est pas l'essentiel à mon avis. Par contre si l'Institution était au courant (mais avec ce fameux secret, nous ne le savons pas), alors elle a participé à la faute en le promouvant, là il y a un nouveau scandale. Je suis beaucoup plus atterré par ces clercs qui ont vécu (ou vivent) dans l'hypocrisie, qui n'ont pas commis une faute dans le temps, mais s'y sont installés en toute impunité. Là est le vrai scandale, avec celui de l'omerta de l'Institution.<br /> Question de la sainteté de l'Eglise...Mais c'est un abus que de la déclarer sainte! L'Eglise est en marche, le Royaume est parmi nous comme une promesse, il n'est pas installé. L'Eglise doit être tendue vers la sainteté, c'est une escroquerie de prétendre l'avoir atteinte! La sainteté est une notion eschatologique, la Promesse informe nos vies, leur donne sens, mais elle n'est pas réalisée par nous qui sommes en chemin.<br /> Enfin, dernier point qui me gêne : le mariage pour régler les problèmes sexuels de chacun. Comme le fait remarquer le texte, c'est d'abord loin de régler les choses, 80% des crimes sexuels sont commis au sein des familles (parents ou très proches). Mais surtout j'ai toujours senti cette injonction au mariage comme s'adressant aux hommes, sensés subir des pulsions irrépressibles (je laisse aux dames de dire ce qu'elles en pensent!), alors on leur dit de prendre une femme pour les assouvir. Je trouve cela proche de la prostitution, la femme, dans ce contexte, est chosifiée (et si c'est dans l'autre sens, ce sera l'homme qui le sera). A ma connaissance on devrait se marier par amour, et la sexualité en fait partie, et une sexualité épanouie dans le couple permet de la vivre sereinement, le mariage est donc un bien, mais ce n'est pas un instrument utilisant un conjoint pour régler ses difficutés.
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M
Une petite correction à l'article de Marcel Bernos, qui ouvre tout un débat : il est faux d'écrire, je cite, "le sacrement de l’Ordre peut se «dissoudre» en une réduction à l’état laïc (!)". Justement la théologie catholique prétend que le sacrement de l'Ordre change l'essence de la personne en en faisant une personne sacrée, le prêtre "réduit à l'état laïc" est toujours prêtre, "in aeternum", la "réduction" n'est qu'une question administrative le relevant de certaines obligations et lui ôtant certains droits: il n'a plus le droit de dire la messe, mais s'il le fait elle est toujours valable...Quant aux époux, le sacrement (donc un acte lié au sacré) les unit pour la vie parce que sacré, mais ne change pas l'essence de chacun, la mort de l'un dissout totalement le lien et l'autre devient comme avant son mariage (ne rentrons pas dans les questions des privilèges paulin ou pétrin qui contredisent ces questions de sacralisation du mariage...qui justement n'était pas un sacrement quand ils ont été inventés).<br /> Tant qu'on n'aura pas réglé cette question de la sacralisation, on n'avancera pas.<br /> Quant à la grâce qui permettrait aux prêtres de vivre sereinement leur célibat par delà les lois de la psychologie, pas plus tard qu'hier soir, l'évêque d'Arras, interviewé sur France Inter, semblait bien dire que c'était le cas, "l'aide de Dieu" lui permettait de vivre sereinement son célibat obligatoire...langue de bois qui fait bien des ravages...