A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

29e Dimanche du Temps ordinaire 16/10/2022 Année C

Ex 17, 8-13 ; Ps 120 ; 2Tm 3, 14-4,2 ; Lc 18, 1-8


 

Le combat contre les Amalécites, l’ennemi acharné et archétypal d’Israël, n’est-il pas une image de celui que nous devons mener contre l’ennemi qui est en nous (souvent nous-mêmes) ? Dans tous les cas nous devons, tel Moïse, faire confiance au Seigneur et ne pas baisser les bras même si, par moments, nous nous sentons (a)battus. Cette exigence de n’attendre de secours que de Dieu seul, «gardien et ombrage», est confirmée par le psaume de ce jour (Ps 120) : « D’où le secours me viendra-t-il ? […] Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais».


 

L’Épître de Paul nous invite à la fermeté dans notre conviction, nourrie par les Écritures, que le Royaume arrive. Le disciple doit annoncer la Parole, intervenir à temps et à contre-temps, parfois dénoncer le mal, parfois encourager au bien, mais toujours avec patience et le souci d’instruire et non de juger.


 

Après l’intendant malhonnête (25e dimanche du T. O.), puis l’homme riche «vêtu de pourpre et de lin fin» (26e), juste avant le publicain, pourtant bon observateur des rites mais «auto-suffisant» (30e), l’évangile offre encore à notre méditation un personnage peu recommandable : un juge «dépourvu de justice !». Depuis longtemps une veuve sollicitait son jugement contre son adversaire. On se souvient que la veuve est une personne protégée de Dieu en maints passages de l’A.T. par exemple : « Vous naffligerez aucune veuve ni aucun orphelin » (Ex. 22:22). L’injustice du juge est donc flagrante. Mais la veuve, désespérée, le harcèle. et il va finir par lui rendre justice «pour quelle ne vienne plus sans cesse (l’)assommer».

Cette parabole illustre la nécessité de «prier sans cesse et sans se décourager» (Lc 18,1). Doit-on en déduire qu’il faut «assommer» Dieu pour qu’il nous entende. Comparaison n’est pas raison. Jésus emploie là un procédé qui revient souvent chez lui : si un homme «mauvais» accomplit un acte finalement bon, combien plus le fera Dieu, qui est bonté. Ainsi celui qui n’hésite pas, en pleine nuit, à réveiller un ami pour obtenir du pain destiné à un voyageur tardif, l’obtient non par amitié, mais par son sans-gêne insistant (Lc 11, 5-8) ou, toujours en Luc (11,11) : «Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent […] Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus […] ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice» (Lc 18,17-18).

Reste cette phrase un peu mystérieuse : «Cependant, le Fils de lhomme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » On se trouve ici dans une perspective eschatologique : «quand Jésus reviendra». Il n’est que trop évident que le recul des Églises dans nos sociétés contemporaines rend cette question plus que pertinente. Pour dépasser un éventuel découragement, une lâche défaite, notre foi doit dépasser le stade d’une banale prière de demande, ce que nous faisons trop facilement au jour le jour ou, plus encore, lors des grands événements de notre vie (parfois sans en manifester une reconnaissance explicite). La demande d’un supplément de foi toujours nécessaire, et davantage dans des jours difficiles (2 Tm 3,1), devra être animée, pour subsister, par la conviction que le Royaume est proche et que nous sommes appelés à en préparer la venue.

Marcel Bernos

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