A l'écoute de la parole de Dieu
31eme dimanche du temps ordinaire 30/10/2022
Sg 11, 22-12 ; Ps 144 ; 2Th 1, 11- 2, 2 ; Lc 19, 1-10
En ces jours nous apprenons la mort d’une enfant de 12 ans, kidnappée, séquestrée, torturée et mise à mort par une femme qui a assouvi ses désirs de haine en la martyrisant, comment dans ce contexte louer Dieu, « bénir son nom toujours et à jamais » ?
Arrêtons-nous sur la pécheresse, celle dont le cœur déborde de haine : A-t-elle posé une fois sa tête dans les bras du Seigneur ? A-t-elle une fois jeté les yeux sur le monde qui l’entoure en s’émerveillant de la création ? A-t-elle dans un contexte de malheur personnel, respiré une fois pour être attentive à sa respiration de vivante, vivante que le Maître aime ?
Nous pensons qu’elle souffrait de solitude, qu’elle se vivait comme abandonnée de tous, incomprise, murée dans son ressentiment et son amertume, ses propres sentiments faisant preuve à ses yeux d’un malheur unique, personnel et injuste.
Elle n’avait pas tout à fait tort, toute existence est tragique mais le sentiment du tragique n’exclue pas la certitude de l’amour de Dieu pour sa créature et la reconnaissance pour ce qu’il nous donne à vivre.
Est-ce bien raisonnable de vous le dire ? Ne suis-je pas une riche qui méprise le pauvre, la pauvreté n’excuse-t-elle pas le crime ?
Saint Jean De La Croix a eu une vie tragique remplie de souffrances liées à la méchanceté de ses frères, pendant une période de huit mois il se retrouve enfermé dans un cachot sordide et soumis à des traitement inhumains et que fait Saint Jean De la croix ? Avec pour seule ressource sa vie intérieure il compose les strophes du cantique spirituel, je vous en cite deux :
Chansons entre l’âme et l’époux
Mais où t’es-tu caché
Me laissant gémissante mon ami
Toute tu m’as blessée
Tel le cerf qui bondit
Criant je suis sortie tu avais fui
D’émeraudes de fleurs,
Nous tresserons des guirlandes cueillies
Dans l’aube et sa fraîcheur
En ton amour fleuries
Avec au centre un de mes cheveux gris
Si dans nos propres tragédies d’existence nous ne pouvons lever les yeux pour prier et rendre grâce de notre condition humaine, nous ne pouvons que nous désespérer et nous enfoncer dans l’enfer de la damnation et de la solitude, le philosophe Léon Chestov soulignerait : une solitude si profonde qu’elle ne pourrait être plus grande sous la mer.
Dans cette incapacité de nous relier ne serait-ce que dans l’imaginaire à un nous collectif, nous ne pouvons croire au soutien de nos frères « Frères, nous prions pour vous à tout moment afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé » croire à ceux invisibles qui tissent des liens dans la certitude que « Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés. »
l’Évangile nous rappelle que Jésus s’est vécu en proximité avec tous les êtres rencontrés, riche et pauvre, sain et malade, habitant du lieu et étranger, il ne s’intéressait qu’au cœur des personnes, Zachée homme riche grimpe au haut d’un arbre pour voir Jésus et Jésus passant sous l’arbre lui lance :
« Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison »
Si je ne cherche pas le Seigneur, si lorsqu’il m’appelle je n’ouvre pas ma porte, je m’exclus de la communauté humaine, car en proximité avec lui là où je demeure, je suis en lien avec mon prochain.
Dans le drame de Lola, nous sommes en lien avec sa famille vivant l’effroi et le désespoir, prions pour eux, prions pour les parents de l’enfant disparue, prions pour ses frères, qu’une fois passés les temps de l’indignation, de la révolte, de la justice, l’éternité efface les souffrances infligées à Lola pour qu’elle continue d’être auprès des siens toujours ce qu’elle a été une source de joie et de tendresse.
Christiane Giraud-Barra