A l'écoute de la Parole de Dieu
30e dimanche du Temps Ordinaire
Si 35, 12-14. 16-18 ; Ps 33 ; 2 Tm 4, 6-8. 16-18 ;
Les textes de ce dimanche sont orientés vers la prière. La semaine dernière il s'agissait de la prière de demande persévérante, patiente empreinte de désir de justice. Ce dimanche il s'agit plutôt du comportement de l'être humain par rapport à Dieu dans la prière.
Le livre de Ben Sirac se rapporte au statut social du priant. Il nous dit que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes qu'ils soient riches ou pauvres. Dieu est impartial mais il met l'accent sur la prière du pauvre car elle est persévérante tant qu'elle n'a pas été exaucée. Le statut des veuves et des orphelins était très précaire. Dans l'esprit du peuple juif le pauvre était-il moins bien considéré par Dieu que celui en possession de richesses, le nombre d'enfants dans ces familles étant tout comme les biens matériels, considéré comme une des richesses envoyée par Dieu donc quelque part il pouvait y avoir une question de mérite ou de châtiment dans la possession ou non possession des biens ?
Dans l'évangile, le publicain et le pharisien sont deux croyants, tous deux certainement jouissant d'une certaine aisance sauf que le publicain collecteur d'impôts, collaborant avec l'occupant occupe des postes contraires à la loi de Moïse et de ce fait est très mal considéré par la société de ce temps.
Le pharisien lui, a une vie conforme à la loi de Dieu, il respecte les rites et les prescriptions de sa religion mais le publicain a une vie morale moins exemplaire.
Le pharisien peut se mettre à rendre grâce pour ce qu'il a reçu donc pour son statut et ce qu'il lui confère, un bon début mais ça va très vite déraper. Après le « Mon Dieu, je te rends grâce » c'est « de ce que je ne suis pas comme les autres ». Dès lors cette comparaison introduit le péché d'orgueil, le jugement et le mépris du prochain. Dieu est oublié, exclu même. L'observance de la Loi a pris toute la place dans son cœur et dans son esprit. Or Jésus est venu pour « accomplir » la Loi c'est-à-dire la dépasser dans l'amour de Dieu et du prochain. Le pharisien s'est ainsi enfermé en lui-même, il se rend grâce à lui tout seul.
Le publicain, lui, se tient à distance. Il échappe au péché d'orgueil car il a en tête ce que les autres lui rappellent ou lui font sentir qu'il est voleur, injuste, adultère et il ne peut compter que sur Dieu pour être pardonné et sauvé. Sa prière ne peut être que « Mon Dieu, montres-toi favorable au pécheur que je suis ». Lui seul est devenu juste quand il repart chez lui.
Ce n'est pas pour rien que nos liturgies du dimanche dès l'entrée commencent par le rite pénitentiel. La demande de pardon c'est la vraie prière qui nous rend justes devant Dieu.
La « prière », qui n'en est pas une, du pharisien n'est-elle jamais venue à notre esprit et montée jusqu'à nos lèvres ? Je suis catholique, je vais à la messe tous les dimanches, je prends régulièrement la communion. Je verse une partie de mes revenus à l’Église et aux associations humanitaires. Heureusement je ne suis pas comme ces marginaux non-pratiquants voire athées qui ne pensent qu'à leurs plaisirs, certains même accros à la drogue ou à l'alcool !
Ce texte nous invite à vite redescendre de notre piédestal et à demander la miséricorde de Dieu, lui qui est venu dans le monde non pour les bien portants mais pour les petits et les pécheurs.
L'erreur pour nous chrétiens serait de se mettre à part des autres. Mais le cléricalisme de l'Institution dans l’Église ne met-il pas d'une certaine façon le monde des clercs à part de celui des laïcs leur autorisant ainsi à exercer une certaine domination par le sacré dont on les a investi alors que nous sommes tous prêtres, prophètes et rois et qu'il n'y a de sacré que la vie?
Dans la deuxième lecture à Timothée, Paul cautionne ces deux textes en nous disant que Dieu est le juge impartial, lui seul peut nous sauver car sa réponse sont l'amour et le pardon à celui ou celle qui se tourne vers lui.
Le psaume est une prière de louange. En bénissant le Seigneur, il conclut tout ce que ces textes nous ont appris : pas de châtiment pour qui trouve en Dieu son refuge.
Christiane Guès