A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

24eme dimanche du temps ordinaire 11/09/2022

Ex 32, 7-11 13-14 ; Ps 50 ; 1 Tm 1, 12-17 ; Lc 15, 1-32

 

Dieu est heureux quand des gens perdus sont sauvés

 

Quel chemin parcouru entre le premier texte, l’Exode et l’Évangile : dans l’Exode (Ex 32, 14), Dieu était décidé à supprimer le peuple juif ; on le comprend : à peine libéré d'Égypte, le peuple retourne, au sens fort, à ses veaux d'or et leur attribue sa délivrance. Furieux, Dieu veut les anéantir. Heureusement, Moïse habile négociateur a réussi, par une sorte de chantage (« Que va-t-on dire de toi si… ? »), à le faire revenir sur sa décision. Moïse est ici plus « chrétien » que Yahvé !

 

Dans le psaume 50, un pécheur supplie Dieu de le transformer de l’intérieur. Sinon, il sait qu’il restera toujours dans son péché. « Ce qui plaît à Dieu, ce ne sont pas des sacrifices d’animaux, mais un esprit et un cœur brisés ».

 

Paul confie à Timothée sa propre expérience : c’est par grâce de Dieu que de persécuteur, il est devenu l’apôtre de Jésus-Christ : c’est la preuve que Jésus-Christ est venu sauver les pêcheurs

 

L’Évangile (Lc 15, 1-32) contient trois paraboles : le berger qui abandonne ses quatre-vingt-dix-neuf brebis pour rechercher la centième perdue, la femme qui fait la fête parce qu’elle a retrouvé une pièce d’argent perdue et celle du « père au cœur débordant », à tort appelée le « fils prodigue », car l’accent est beaucoup plus mis sur la bonté du père que sur le fils qui a mal tourné.

 

On pourrait aussi l'appeler le père prodigue, le cadet qui tourne mal, l’aîné jaloux et frustré. On comprend d'ailleurs ce dernier, si on se met à sa place : lui est l'aîné, il travaille depuis sa jeunesse pour son père. D’après son ressenti, il ne reçoit aucune marque de gratitude. À l'époque, il était normal qu'un fils travaille chez et pour son père, sans aucun droit ; « Or, voilà que mon frère cadet exige indûment sa part d’héritage et la « claque » avec des prostituées (1). Et quand affamé il n’ a plus de sous, il revient demander pardon. C’est trop facile ! Et au lieu de le renvoyer travailler immédiatement, de le réintégrer comme serviteur et non plus comme fils le père organise une fête en son nom pour tout le personnel, sans même attendre que moi-même, je sois revenu du travail ; alors que vis-à-vis du personnel, c'est moi, l’aîné, le véritable héritier ». On comprend qu'il soit furieux, un peu comme le Yahvé de Moïse, comme les ouvriers de la première heure, payés autant que ceux qui n'ont travaillé qu'une heure : e droit du travail selon le Dieu de Jésus Christ n'est pas le nôtre ! Quelle est la logique de Dieu ?

 

Le cœur de Dieu s’intéresse d’abord à ce qui est perdu, que ce soit une drachme, une brebis ou un homme. Dieu a ses entrailles qui vibrent pour les pauvres, ceux qui sont perdus, pour les loosers. Quelle conversion pour rentrer réellement dans la logique de Dieu, nous qui sommes spontanément du côté des premiers de cordée, de ceux qui réussissent. Quelles sont les réussites dont nous sommes fiers et nous nous vantons ?

 

Mais quel est le vrai tort du fils aîné ? Il n’est pas heureux de travailler avec et pour son père. Il est obéissant et a avec lui des relations de serviteur à maître, dont il aura l’héritage et non pas comme un père qu’il aime et avec lequel il est heureux de travailler. Il se trompe entièrement dans sa représentation de « Dieu Père ». À l’origine, le frère visé semble le peuple juif, usé et fatigué de « servir Dieu », jaloux de voir l’accueil que Jésus fait aux païens qui se convertissent et accueillent avec bonheur l’amour du Père. Luc fait peut-être aussi allusion à la situation difficile des premières communautés chrétiennes après les premières persécutions : fallait-il accepter les renégats ? les Églises étaient divisées.

 

Pour nous chrétiens « de chrétienté », pratiquants ou non, qui « servons » Dieu depuis longtemps, sommes-nous heureux de Le connaître Dieu ainsi que son Fils Jésus-Christ, « venu dans le monde pour sauver les pécheurs », « dont moi je suis le premier », de pouvoir partager ensemble l’Évangile, de célébrer ensemble les repas du Seigneur ? ou sommes-nous, comme le fils aîné, blasés de cet amour ?

 

« Oh mon Dieu crée en nous un cœur pur, raffermis au fond de moi ton esprit, pour que nous sachions entrer dans la logique de Dieu : nous réjouir et agir pour que tous les perdants soient sauvés, à commencer par nous-mêmes ».

 

Antoine Duprez

 

(1) L'aîné n'en sait rien, le texte ne le dit pas mais pour lui c'est évident.

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