A l'écoute de la Parole de Dieu
19ème dimanche du Temps Ordinaire 07/08/2022
Sg 18, 6-9 ; Ps 32 (33) ; He 11, 1-2.8-19 ; Lc 12, 32-48.
Ce texte de la Sagesse doit être lu dans un ensemble de plusieurs chapitres : les chapitres 10 à 19 sont un hymne à l’action de Dieu dans notre histoire, par sa Sagesse. La Sagesse s’est adressée à tous les hommes, mais les « païens » l’ont refusée et sont donc coupables. Elle leur sera de nouveau proposée par le Christ sans passer par la Loi, ce sera l’œuvre de Paul. Les Juifs, eux, l’ont reçue avec la Loi. Pour l’essentiel l’auteur fait référence à la libération d’Égypte, chaque plaie qui a puni les Égyptiens est mise en parallèle avec un don de Dieu à son peuple. On est toujours dans cette idée de l’Ancien Testament que les dons de Yahvé à son peuple sont manifestés parallèlement par les « plaies » envoyées aux ennemis qui ont refusé la Sagesse. Mais ce texte est très tardif (probablement moins de cent ans avant Jésus) aussi corrige-t-il quelque peu en affirmant que c’est bien par leur faute que les païens sont punis, qu’ils avaient aussi été appelés mais n’ont pas répondu (chapitres 11 à 15), alors que Dieu est toute miséricorde.
Si on se limite au court extrait proposé, lisons-le à la lumière de l’épître qui suit. La délivrance de la Pâque, acte fondateur de la relation du peuple avec Yahvé, était déjà annoncée aux Patriarches et « les saints […] entonnaient déjà les chants de louange des Pères ». C’est tout ce qui a fait l’histoire d’Israël qui est repris en action de grâces : « Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes ! » chante le psaume. Et cela débouche sur cet hymne à la foi, dans l’Épître aux Hébreux.
Sans la foi, l’homme est rejeté du côté de ceux que Dieu ne peut pas libérer, elle est une condition sine qua non. Cette foi d’Abraham décrite dans ses multiples expressions avec, chaque fois, la conséquence immédiate d’une bénédiction, est une confiance absolue en Yahvé. Abraham ne sait rien de son Dieu, il n’est pas question de savoir, seulement qu’il peut compter sur Lui envers et contre tout :
quitter son pays et accepter de devenir un migrant (1),
croire à une descendance – ce qui affirme que la promesse dépasse notre mort individuelle,
croire à une « patrie meilleure »,
jusqu’à l’acceptation du sacrifice d’Isaac qui semblait la destruction de toutes les promesses antérieures.
Notre vie est illuminée par la Sagesse de Dieu, l’Esprit qui vit en nous, dans la mesure où nous avons foi en sa Parole. Alors nous pouvons croire que la Sagesse mène le monde... malgré les apparences. La Sagesse œuvre dans la perspective des nouveaux cieux qui ont été annoncés.
L’Évangile complète cet hymne à la foi : qu’attendons-nous ? Où est notre Royaume ? « Vendez ce que vous possédez […], faites-vous un trésor inépuisable dans les cieux […]. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. »
Quant à la réalisation de cet appel, elle dépend de nous. Sommes-nous prêts à recevoir le Maître ? Alors que nous ignorons l’heure de sa venue ...mais cette venue n’est-elle pas de tout instant ?
Depuis la promesse faite à Abraham (on peut d’ailleurs remonter plus haut, le texte de l’épître a omis les références au sacrifice d’Abel, à la foi d’Hénoch et celle de Noé dans les versets 3-7), en passant par la Pâque libératrice et toute l’histoire qui a suivi, et en terminant par la Pâque du Christ, nous célébrons l’action de Dieu pour nous, son peuple, nous sommes appelés à Lui faire confiance (avoir foi) et à nous libérer de ce qui entrave nos vies pour nous laisser guider vers le Royaume... qui est déjà là, c’est-à-dire en gestation parmi nous.
Marc Durand
1 – Abraham est notre premier migrant, cela sera toujours repris, la migration est consubstantielle à notre foi. Nous sommes dans ce monde, mais en tension avec le Royaume qui vient et disqualifie notre accrochage maladif à nos biens, notre confort, notre monde. Dans la « Lettre à Diognète » de la fin du deuxième siècle on peut lire : « Toute terre étrangère est leur patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère », ce qui résume bien le statut du chrétien. Nous devrions peut-être nous en souvenir quand nous sommes appelés à accueillir les migrants aujourd’hui.