A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

23ème dimanche du temps ordinaire - 04/09/2022

Sg 9, 13-18; Ps 89 (90); Phm 9b-10.12-17; Lc 14, 25-33.

 

L'homme peut réfléchir le temps qu'il voudra, avec l'intensité qu'il désirera, que peut-il savoir de Dieu ? La connaissance intellectuelle, philosophique de Dieu, ne peut l'atteindre car par définition il est le tout autre. L'expérience de Dieu dans la vie, dans l'existence ? Si Dieu ne se révèle pas, elle ne peut aboutir. "Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre [...], ce qui est dans les cieux, qui donc l'a découvert?" Mais si Dieu donne la Sagesse, envoie son Esprit Saint, alors les hommes apprennent ce qui plaît à Dieu.

En nous mettant à l'écoute de la Sagesse de Dieu nous pouvons espérer avancer dans cette connaissance. Cette démarche d'écoute attentive, tout homme, chrétien ou non, peut la faire, du fait qu'il est humain. Cette Sagesse sera bien utile pour comprendre les textes qui suivent.

 

Dans le psaume nous reconnaissons notre impuissance devant Dieu, d'où notre supplique : "Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
" Alors nous pouvons entrer dans le stade suivant, découvrir la Parole elle-même portée par Paul et par le Messie lui-même, Parole qui dépasse la sagesse acquise auparavant.

 

Paul s'adresse à Philémon pour lui demander de reprendre l'esclave Onésime qui, si l'on comprend bien, s'était évadé et méritait donc une grave punition. Non seulement le reprendre, mais (tout en le laissant dans sa condition d'esclave) le considérer comme un "frère bien-aimé". Paul ne s'est pas attelé à l'organisation de la société de son temps, il a écrit que chacun pouvait garder sa place ou changer de situation, là n'était pas l'essentiel. On pourrait dire de sa part "obéissez aux lois du monde, mais sans leur donner d'importance, elles sont caduques devant la Vie qui vous est proposée, usez du monde comme n'en usant pas". Nous sommes plongés dans le monde, nous y travaillons, c'est dans ce monde que nous sommes appelés à la sainteté, à agir pour nos frères, à "humaniser l'humanité". Mais dans cette vie plongée dans le monde, sachons que ses lois sont caduques, qu'une nouvelle Vie est promise, nous sommes dans une tension entre ce monde et le monde promis. Onésime peut ou non rester esclave, mais "mieux qu'un esclave" il est devenu un "frère bien-aimé". Karl Barth a fait remarquer que là réside une révolution bien plus profonde que nos révolutions qui ont marqué l'histoire : le monde actuel, avec toutes ses lois et organisations, est caduque, perd toute valeur intrinsèque, même si, pour agir, nous devons encore nous soumettre à son ordre.

 

Cela constitue une introduction au discours de Jésus dans l’Évangile. Jésus ne demande pas de mépriser père, mère, femme, enfants, frères et sœurs, (tiens ? pas de mari, on s'adresse à des hommes...) mais il leur demande de mettre à leur place ces relations si importantes, elles sont appelées à être transfigurées dans le Royaume. C'est à travers ces relations que nous pouvons saisir l'amour de Dieu pour nous et alors suivre le Christ, ce qui peut mener à porter sa croix (1). Ne les méprisons pas, mais ne nous laissons pas aveugler par elles. Alors soyons attentifs comme le bâtisseur ou le guerrier qui préparent leur action. C'est en prenant en compte cette révolution apportée par Jésus: le monde n'est plus ce qu'on pensait, il prend avec lui une autre dimension qui transforme toutes nos relations, c'est en prenant cela en compte que nous lui serons fidèles. Alors "les hommes auront appris ce qui te plaît et, par la Sagesse, seront sauvés".

 

Marc Durand

 

1- Ce verset au moins semble être un rajout, Jésus quand il prêchait ignorait à quelle mort il serait condamné, tout ce texte est une construction postérieure destinée à nous faire comprendre l'essentiel du message.

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