A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

21eme dimanche du Temps Ordinaire 21/08/2022

Is 66, 18-21 ; Ps 116 ; Hé 12, 5-7. 11-13 ; Lc 13, 22-30

Beaucoup de gens d’un certain âge, parmi nous, ont appris, à l’école primaire, la fable de Florian (1755-1794) : La guenon, le singe et la noix1. Sa conclusion, vaguement « pélagienne », pourrait servir d’exergue aux riches textes de la liturgie de ce jour : « Souvenez-vous que, dans la vie, // Sans un peu de travail on na point de plaisir  ».
 

Pour rassembler toutes les nations devant sa Gloire (Is, 66,18-21), le Seigneur doit faire rapatrier, même des « îles lointaines », ceux qui n’ont jamais entendu parler de lui. Ce sera la tâche des « rescapés ». Dans notre société, qui se déchristianise à grands pas, ceux-ci ne sont-ils pas les 4 % de fidèles réguliers subsistant parmi les 12,7 % des Français qui se déclarent encore « catholiques-pratiquants » ? Ils sont appelés à faire tous leurs efforts pour annoncer la Bonne Nouvelle et « ramener tous leurs frères », par tous moyens de communication : moyens de transport divers (chevaux, dromadaires comme train ou jet), mais aussi, aujourd’hui, grâce aux médias.

Parmi ces frères « rapatriés », « il y aura même des prêtres et des lévites ». Au moment où les prêtres sont un peu bousculés dans l’opinion publique par les « scandales et les abus » de quelques uns, n’y a-t-il pas là comme un trait d’humour anticipé (on en trouve beaucoup dans les Écritures) un peu grinçant ? Que cela ne nous distraie pas de soutenir fraternellement et efficacement tous les membres du clergé dignes de leur mission, c’est à dire la très grande majorité ! Souvenons-nous en.


 

La peine prise dans nos actions, les « leçons reçues », parfois amères (comme la coque de la noix mordue par la guenon de Florian), peuvent nous interpeller, nous ouvrir et nous permettre de nous améliorer. « Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux quil accueille comme ses fils … » (Hé 12,6-7). Saint Paul se montre même un peu brutal : « Si vous êtes privés des leçons que tous les autres reçoivent, cest que vous êtes des bâtards et non des fils » (He 12,8).


 

Pour entrer dans le Royaume, la porte est étroite (Lc 13, 24-25), et si on n’y précède pas le maître à temps, il risque de l’avoir refermée derrière lui. Le constat est sans nuance et sans espoir, à moins de placer celui-ci dans un recours au Purgatoire.

Le point commun de ces trois textes semble une insistance sur le fait qu’il faut prendre notre cheminement vers Dieu au sérieux. Qu’il faudrait peut-être se méfier d’une « pastorale » qui serait trop accommodante, trop lâche. Dieu n’est pas un tyran impitoyable, mais il n’est pas non plus un copain à qui donner une grande bourrade dans le dos. On lui doit – comme à toute personne et ici un peu plus – respect, révérence, ce qui est sans doute le sens à donner à la notion ambiguë de la « crainte de Dieu » recommandée au fidèle. Celle-ci fait partie des sept dons de l’Esprit (Is, 11,2). Dieu, prenant l’initiative, peut devenir familier ; il n’est jamais « ordinaire » ni banal. Pour ceux qui commettent l’injustice sont prévus « des pleurs et des grincements de dents » (Lc 13,28), car ils seront rejetés simplement du Royaume.

Il n’est pas question de relancer, encore moins de justifier, l’ancienne pastorale de la peur, telle que l’a étudiée le grand historien Jean Delumeau2, mais de ne pas minimiser les exigences de la relation que nous sommes censés entretenir avec le Père, par le Fils, dans l’Esprit. En vue, non d’un Paradis gorgé de biens matériels et de « délices » palpables (pas de houris !), mais la vision claire et immédiate de Dieu, ce « face à face » amoureux, à la fois espéré et redouté.

Le court passage d’Isaïe, dans la liturgie de ce jour, cite trois fois la « Gloire » de Dieu comme la destination finale du rassemblement éternel des nations, à la venue du Royaume. Or le sens prédominant de ce mot, dans le N. T., c’est « ce qui donne du poids », ce qui compte, qui a de la valeur, de l’éclat… C’est au fond ce que Dieu a de plus par rapport à «notre ressemblance» originelle, et quil nous appelle à partager. Il est « lui », « celui qui est », nous ne sommes que « nous-aspirant-à-lui ». L’Apocalypse de Jean (chap. 21) déploie la vision de la Jérusalem céleste, « tabernacle de Dieu » (21,2), « brillante de la Gloire de Dieu » (Ap 21,10), qui nous attend.

Marcel Bernos

  1. On trouve ce poème sur internet

  2. Voir entre autres : La Peur en Occident, (XIVe-XVIII s.), 1978 et Le Péché, la Peur, la culpabilisation en Occident (XIIIe-XVIIIe siècles), 1983.

 

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J
Sage méditation !
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