Désacraliser la science pour retrouver une éthique

Publié le par Garrigues et Sentiers

Le désenchantement du monde annoncé par Max Weber a engendré un autre enchantement : la science venue remplacer la transcendance de Dieu. Au XXe siècle, la science est devenue sacrée, donc intouchable et grande ordonnatrice de la société.

Ellul et Heidegger, qui ne se connaissaient probablement pas, ont été les deux grands penseurs du monde technique, qui dépasse de beaucoup celui de l’innovation. Leurs analyses sont profondes et touchent à ce qu’il y a de plus profond en l’homme. Ce monde technique a envahi tous les aspects de la société, son dernier avatar étant probablement l’intelligence artificielle qui prétend pouvoir tout diriger. Ce qui le caractérise est la perte de sens, comme l’a déjà remarqué Weber, ce qui compte pour lui, c’est l’efficacité immédiate de l’action, on en est revenu à l’utilitarisme du XVIIIe siècle ! L’économie libérale en est un bon exemple, tout comme la recherche technologique ou l’organisation de la société. L’histoire aussi a été sacralisée. Sa lecture nous assurait du progrès continu de l’humanisation du monde quand la technique nous garantissait le bonheur sans faille.

Je pense que c’est une erreur de croire que cela est terminé.

Cette transcendance a effectivement été quelque peu mise à mal dans certains domaines, en particulier celui de la santé. En France, l’attitude du Président mettant en scène sa verticalité (sa transcendance ?), entouré d’un aréopage désigné par lui et top secret, décidant dans l’opacité ce qui était bon pour le peuple, s’est heurtée au principe de réalité : les discours contradictoires, les mensonges, les échecs ont fait perdre la foi... et tant mieux. Remarquons cependant que ces « experts » ne semblent pas avoir bien compris, à lire leurs interventions actuelles.

Mais la construction des EPR censée régler les problèmes de l’énergie, la course à l’innovation technologique dans tous les domaines, le développement de l’intelligence artificielle sont encore des domaines intouchables devant lesquels le peuple, nous, sommes sommés d’éprouver le « tremendum ». Honte à ceux qui ne l’éprouvent pas, ce sont des « extrémistes » (mot valise pour désigner tous ceux qui ne « jouent pas le jeu ») 

Retrouver une éthique, construire un monde de Justice nécessite de désacraliser la science pour la mettre au service de l’humain et de revoir notre lecture de l’histoire.

Nous n’en prenons pas le chemin.

Gabriel Gaudemar

Publié dans Réflexions en chemin

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