Dans le diocèse de Fréjus-Toulon, ce presque rien, source d’allégresse !

Publié le par Garrigues et Sentiers

L’espace d’un bref instant, amis lecteurs, je vous invite à vous souvenir d’un moment d’allégresse qui de manière totalement inattendue a pu envelopper de clarté la grisaille d’un présent tourmenté. Ravivez votre mémoire et vous ressentirez de nouveau ce sentiment fugace au goût d’éternité !

Ionesco – écrivain roumano-français – raconte : « Dans cette allégresse que j'ai ressentie hier, le monde m'est apparu dans une autre lumière... comme si les arbres, les maisons, les visages, l'eau et le ciel avaient été nettoyés... Et je sentais que le monde redevenait, était, intéressant, très intéressant. » Quant à Élie, il nous est rapporté dans le livre des Rois que seul le presque rien d’une brise légère signe pour lui le passage de Dieu.

 

Amis lecteurs, le murmure ce soir-là je l’ai entendu et, comme l’enfant qui s’étonne témoigne que l'émerveillement n'a nul besoin d’un merveilleux tonitruant, mon esprit d’enfance s’est réveillé plein d’allégresse grâce à un presque rien.

Sous les arbres centenaires du domaine de la Castille, l’équipe référente nommée par l’évêque du diocèse de Fréjus-Toulon pour accompagner la consultation du peuple de Dieu qui constitue la première phase du Synode romain sur la synodalité est réunie ce 4 juin 2022 non seulement pour relire l’expérience vécue dans les différents groupes de parole, mais aussi pour échanger, dialoguer et partager autour de la contribution diocésaine envoyée à la Conférence des évêques de France pour rendre compte de cette consultation.

Le temps convivial de l’apéritif vient de se terminer et 150 personnes se préparent à vivre la vigile de Pentecôte. L’évangéliaire est placé au centre de l’assemblée, elle-même en demi-cercle, et le pasteur du diocèse, orant parmi d’autres orants, rejoint au deuxième rang la place qui lui a été préparée.

Nous est alors donné à vivre lors de la Vigile de Pentecôte l’invocation à l’Esprit Saint sous une forme quelque peu inédite. En effet deux communautés aux sensibilités ecclésiales nettement différentes communient dans une même prière chantée sur deux mélodies différentes en deux langues différentes, associant le latin et le français en répons l’une de l’autre.

Tout en honorant la diversité, une seule et même prière unit en cet instant deux courants ecclésiaux habitués à s’ignorer.

Dans un corps diocésain éclaté, aux membres divisés en raison d'un très grand nombre de communautés aux charismes multiples centrées sur elles-mêmes, l’hymne lucernaire en cet instant prend corps et la prière s’élève comme l’encens.

 

Un autre choix eut été possible, celui d’alterner au cours de la célébration tantôt le latin et tantôt le français pour contenter chacun dans une mascarade d’unité, mais cette prière en répons réciproque dans le respect de la différence devient, pour moi, signe d’une communion possible de l’Église du Christ.

L’aventure synodale qu’il m’a été donné de vivre ce soir-là dans le contexte de l’annonce romaine d’interdire les ordinations dans un diocèse clivé aux multiples réalités qui s’ignorent, me remplit d’allégresse.

Ni les pétitions, ni les anathèmes lancés de part et d’autre ne porteront de bons fruits. La seule voie possible qui s’offre à nous, c’est de poursuivre la démarche synodale, d’aller à la rencontre les uns des autres et pas après pas apprendre à cheminer ensemble.

 

Un presque rien me direz-vous et j’en conviens aisément, mais le linceul plié dans un tombeau presque vide n’est-il pas ce presque rien signe de la Vie triomphant de la mort ?

                                                                      Nathalie Gadea

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