A l'écoute de la Parole de Dieu
13eme dimanche du Temps Ordinaire 26/06/2022
1 R 19, 16b, 19-21 ; Ps 15 ; Ga 5, 1, 13-18 ; Lc 9, 51-62
Au premier abord, je trouve cet évangile assez déconcertant et incompréhensible. Les réponses très dures de Jésus m'ont toujours posé question.
Au début alors que Jacques et Jean veulent anéantir le village qui ne les a pas reçus, l'attitude de Jésus est tout-à-fait normale et sans jugement, il invite ses disciples à repartir vers un autre village.
Puis il y a cette succession de rencontres en urgence qui semblent ne pas aboutir. Il ne reste que peu de temps à Jésus. On dit : « Il allait être enlevé ». Jésus marche vers sa Passion et il sent cette échéance de la croix se rapprocher. On le sent avancer un peu crispé, enfermé dans ce qu'il prévoit mais cependant déterminé. C'est un peu l'évangile au pas de course.
Celui qui veut le suivre est refusé.
A cet autre qui veut d'abord enterrer son père avant de marcher à sa suite la réponse peut- paraître choquante : « laisse les morts enterrer les morts ». Dans un sens spirituel cela veut dire à mon avis : toutes nos morts terrestres ou nos actes de mort seront enterrées (supprimées) à notre mort. Jésus lui dit donc de ne pas s'occuper de ces priorités terrestres tel qu'un enterrement. Mais on ne dit pas si cet homme ira annoncer le règne de Dieu après une telle réponse qui lui interdit d'aller aux obsèques de son père.
Puis, pire encore, cet autre qui légitimement veut faire ses adieux aux gens de sa maison avant de le suivre, il lui est répondu sèchement : « qui regarde en arrière n'est pas fait pour le Royaume de Dieu ».
On ne reconnaît plus le Jésus des évangiles dans ce tourbillon intense d'exigences et de radicalités.
Que peut-on en tirer ? Jésus semble se déshumaniser. Il est en train de voir le terme de sa mission avec l'inexorable filigrane de la croix. L'angoisse comme une forte déception peuvent engendrer des paroles qui dépassent notre pensée. Quand il dira de Judas : « Mt 26, 24 et Mc 14, 20 Malheur à cet homme là par qui le Fils de l'Homme est livré. Mieux eut valu pour cet homme là de ne pas naître» ce sera dans le même ordre de réaction. Mais nous comment réagirions-nous à sa place ?
L’Épître de Paul aux Galates offre une réponse et une justification à l'attitude de Jésus : « Vous frères vous avez été appelés à la liberté » En y réfléchissant ces trois hommes de l'évangile semblent mettre un frein à leur liberté.
Pour le premier ce peut être un besoin de sécurité, une vie de confort incompatible avec la mission car Jésus lui répond que le Fils de l'Homme n'a rien où reposer sa tête.
Des liens familiaux dans lesquels il s'est enfermé, retiennent le deuxième. On sait que Jésus privilégie les liens spirituels Lc 14, 26 « Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, à sa mère, à sa femme, à ses enfants, à ses frères, à ses sœurs et jusqu'à sa propre vie, il ne peut être mon disciple ».
C'est un regard en arrière pour le troisième, un refus d'avancer en suivant Jésus. Il faut entrer d'une façon résolue dans les pas de Jésus sans tergiverser, sans se retourner.
Paul, pour cela nous dit de nous laisser conduire par l’Esprit.
La même exigence et urgence de faire la volonté de Dieu existe chez le prophète Élie mais bien qu'il dise à Élisée qui a l'intention d' aller embrasser son père et sa mère avant de le suivre « Va-t-en retourne la-bas ! Je n'ai rien fait » il reste en attente de son retour, l'invitation étant toujours offerte. Et c'est ce qui se passe, Élisée revient le suivre. Jésus devait connaître ce récit du premier livre des Rois étant très proche du prophète Élie. Peut-être a-t-il pensé que ces trois personnes rencontrées reviendraient vers lui de la même façon que le retour d’Élisée vers Élie, l'accueil de le suivre étant sans cesse présent. N'en n'est-il pas de même sans cesse dans nos vies ? D'ailleurs dans la suite de cet évangile Jésus envoie en mission soixante-douze autres disciples que les douze. On peut penser que ces trois personnes en faisaient partie.
Ce psaume nous invite à garder confiance dans le Seigneur, à nous savoir son ami. Quelquefois aussi nous aimerions nous retourner vers d'autres liens, suivre d'autres chemins. Ne nous arrive-t-il pas de lui demander : Garde-moi mon Dieu, j'ai fait de toi mon refuge et de nous apercevoir que c'est lui qui nous apprend le chemin de la vraie vie ?
Christiane Guès