Dossier n° 40 : La démocratie en question(s)

Publié le par Garrigues et Sentiers

Dossier participatif n° 40

La démocratie en question(s)

Dossier n° 40 : La démocratie en question(s)

Les échéances électorales font ressurgir en permanence la question démocratique. Garrigues et Sentiers relance aujourd’hui cet éternel débat, non sans avoir laissé passer la période qui précède la campagne du premier tour de la présidentielle, où s’entrechoquent le plus vaste éventail des disparités d’intérêts, de préoccupations et d’obsessions qui agitent la société. Les premières contributions que nous publions aujourd’hui sont de nature à aviver le débat sur ce thème fondamental de notre vie publique, de par l’acuité des questions auxquelles elles se confrontent.

Dans son article Démocratie et systèmes électoraux, Jean Palesi met ses compétences de mathématicien au service d’une analyse approfondie des effets produits par les multiples systèmes électoraux et les modalités de décision qui sont en vigueur dans le monde ou qui ont été imaginés dans l’histoire, afin de jauger leur efficacité pour exprimer la volonté du corps civique. La complexité des problèmes soulevés par cette analyse, et la dépendance des choix à l’égard de la définition du terme « représenter », l’amènent sagement à ne pas en tirer de conclusions péremptoires.

S’appuyant sur une comparaison entre les mesures sanitaires décidées en Chine et en France pour faire face à la pandémie, Christiane Giraud, elle-même médecin, caractérise dans son texte La démocratie : le premier cercle de l’Enfer ?, les deux types de rapports entre le peuple et le pouvoir qui sous-tendent les deux régimes. Elle en dégage les avantages et les inconvénients réciproques, et constate que la démocratie doit accepter le risque de sa propre fragilité inhérente à la confrontation des libres opinions qui peuvent aller jusqu’à la mettre en péril. Elle y voit l’image du premier cercle de l’Enfer de Dante où s’épanouissent les justes de l’Antiquité qui n’ont pas pu connaître l’action salvatrice du Christ et ne sont donc soumis à aucune peine, sans pouvoir accéder à la perfection de la béatitude.

Guy Roustang s’attache à débusquer la mainmise des puissances financières sur les conditions du fonctionnement démocratique dans son article Information et Démocratie, où il dénonce la contrainte qu’elles imposent aux médias par la concentration de leur propriété entre les mains d’individus qui en déterminent la ligne. Il propose ensuite la reproduction d’un article du journal Libération, repris dans l’Encyclopédie du changement de cap qu’il a fondée, sous le titre La démocratie et l’argent selon Julia Cagé. L’économiste qui enseigne à Science-Po de Paris démontre comment, malgré les mesures qui encadrent en France les dons privés aux partis politiques, les classes les plus fortunées parviennent à financer les partis qui soutiennent leurs intérêts dans des proportions sans commune mesure avec les moyens dont disposent les partis qui défendent les classes populaires, et elle propose des moyens pour y remédier. 

La même motivation anime Marcel Bernos lorsqu’il écrit son texte intitulé Quelques questions banales sur la démocratie et s’inquiète du pouvoir que donne l’argent sur le façonnement des convictions, mais aussi des perplexités qu’engendre la tentation de la démocratie directe ou de modes alternatifs de scrutin en déconsidérant le système représentatif actuel.

Deux articles s’attaquent à la question des limites de la liberté lorsqu’elle se heurte à l’intérêt d’autrui. Jean Palesi la pose en confrontant les deux attractions dans son article Liberté et solidarité. Il se demande si ces deux idéaux sont complémentaires ou antagonistes, et, quand ils peuvent s’opposer, quelle démarche permet un arbitrage pertinent dans une procédure démocratique. Alain Barthélemy-Vigouroux aborde la question par le biais d’une analogie entre la devise de la République et les polarités des trois personnes de la Trinité pour poser, dans son texte Pas de liberté pour les ennemis de la fraternité, la primauté intrinsèque de la fraternité de par sa consubstantialité avec l’amour qui définit la transcendance dans la vision évangélique.

Un dernier article, rédigé par Antoine Duprez, pose une question qui ne saurait surprendre dans un blog chrétien,  Jésus a-t-il voulu créer une communauté démocratique ? 

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D’autres contributions sont annoncées, que nous mettrons en ligne dès qu'elles nous parviendront. Mais nous publierons également, amis Internautes, celles que nous vous invitons à nous adresser ainsi, bien entendu que vos commentaires. Car ce dossier, plus que tout autre, se veut un dossier participatif : après tout, n’est-ce pas là le propre de la démocratie ?

G & S

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