À l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Troisième dimanche de Pâques

Ac 5, 27b-32.40b-41 ; Ps 29 (30) ; Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-19

 

Tout au long de ce temps pascal, la liturgie s’attache à affirmer que le Christ Jésus est bien ressuscité, qu’on ne peut garder cette nouvelle cachée, qu’Il est alors reconnu comme Fils de Dieu au sens fort (pas une simple formule) et que cela change totalement notre façon de comprendre notre histoire passée et présente.

 

Le passage des Actes fait suite à celui de l’emprisonnement des Apôtres qui troublaient l’ordre public. Miraculeusement ils sont sortis de leur prison : « ces hommes que vous avez jetés en prison, les voilà qu’ils se tiennent dans le Temple et endoctrinent le peuple » (Ac 5, 25). Le texte nous dit l’opposition des autorités juives et leur crainte de voir retomber sur eux le sang du supplicié. Mais en face les apôtres ne peuvent pas se taire, une fois de plus ils proclament que Dieu a élevé son Fils pour apporter le salut à Israël. C’est le combat pour la vérité et sa proclamation, « quoiqu’il en coûte », mieux, les apôtres se réjouissent d’être dignes d’en payer le prix.

 

Le psaume dit la joie et l’espérance qui anime les croyants, « Seigneur tu m’as fait remonter de l’abîme...tu as changé mon deuil en une danse ». Les souffrances qu’ils endurent sont vues à la lumière de la Résurrection, du triomphe du Christ qui change la donne...malgré les apparences.

 

L’Apocalypse est un texte poétique qui reprend l’annonce de la Résurrection et de la transformation de l’histoire. Un style auquel nous ne sommes pas habitués mais plein d’un riche enseignement. Il proclame le triomphe du Christ qui refait toutes choses, il proclame sa gloire, terme qui ne s’applique qu’à Dieu. L’Agneau seul peut nous révéler son Père en ouvrant le livre aux sept sceaux. Le passage proposé proclame « la louange, l’honneur, la gloire et la souveraineté de l’Agneau ». L’Agneau n’est pas seulement un pauvre mouton qu’on mène à l’abattoir, c’est un jeune mâle plein de vie et signe de renaissance qui a été offert en sacrifice, c’est ce jeune mâle qui a reçu cette nouvelle Vie qu’il va partager avec les hommes. L’Agneau est signe de Vie, pas de souffrance.

Écrite à une époque très difficile pour les premiers chrétiens, douloureuse par le rejet qu’ils suscitent et les premières persécutions (30 après Néron, sous Domitien), l’Apocalypse, au-delà de ces graves tribulations, est un chant d’espérance, de confiance. Les tribulations, les persécutions, les souffrances de l’humanité ne se sont pas arrêtées, chanter cet hymne de confiance en Dieu Père et Fils, en l’Esprit qui nous est donné, est plus que jamais d’actualité.

 

L’Évangile est un ajout tardif au texte de Jean. La communauté johannique, regroupée autour d’Éphèse, a ressenti le besoin d’éclaircir sa situation. Elle s’était éloignée des autres communautés, elle veut alors marquer qu’elle reconnaît bien Pierre (déjà mort à l’époque) comme principe d’unité. C’est un texte destiné à garder l’unité de l’Église naissante.

La première partie reprend l’image de la pêche qui dit la vocation des disciples à être « pécheurs d’hommes ». Comme chaque fois, ils reconnaissent Jésus sans être très sûrs : « Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur ». Comme chaque fois après Pâques, il s’agit de vision, Jésus se donne à voir, l’exigence de matérialité n’a plus sa place dans les visions (comme dans la transfiguration). Et ce dernier partage pain et poissons, repas eucharistique qui est sa marque, qui confirme sa présence.

Après s’être ainsi identifié, il donne à Pierre sa mission : « Sois le pasteur de mes brebis », mais avec une condition préalable, l’amour. On ne peut annoncer le Royaume hors de l’amour. Si nous ne sommes pas habités par l’Esprit qui nous fait aimer Dieu et nos frères, nous pouvons enseigner la vie du Christ, nous ne pouvons pas témoigner de sa Vie. Cet amour peut nous mener loin, « c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »

La fin, laconique, résume tout pour nous : « Suis-moi ».

 

Marc Durand

 

Pour l’Évangile, voir aussi l'article de René Guyon, Les 17 peuples et les 153 poissons

 

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