La rencontre

Publié le par Garrigues et Sentiers

La rencontre

À ranger parmi les fioretti de notre blog, cette courte nouvelle de Christiane Giraud-Barra que nous vous invitons à découvrir : inspirée par la difficile situation des résidents en Ehpad, elle est en forme de conte philosophique sur la dépendance et les remèdes à lui apporter.

G & S  

Une rencontre imprévisible

Connaissez-vous la Margeride ? Ces grandes étendues solitaires, ces alternances de plateaux, de sommets, couverts de champs, de bois et forêts, balayés en hiver par un vent glacial et des nuées porteuses de neige ?

Cet hiver de l’année 20.., la neige tombait en abondance, ensevelissant les hameaux abandonnés où plus aucune âme ne la chasserait.

Seule, à Saint Roch, Jacqueline s’obstinait à vivre dans la ferme jouxtant le cimetière et l’église. Plus aucune maison alentour n’étant habitée, Jacqueline en était la seule, l’unique habitante. La Jacqueline n’était plus toute jeune, elle allait sur ses 70 ans. Elle recevait quelquefois la visite du postier, plus rarement celle du curé de la paroisse, histoire de témoigner que la chrétienté n’avait pas disparu en Lozère. Jacqueline était seule, vivait seule, avec une solitude qui l’entourait de son ombre et la suivait pas à pas, parfois pesante, parfois légère, peuplée de disparus : son mari mort depuis des décennies, sa mère, récemment et lorsque cette dernière avait fermé les yeux, elle s’était vue offrir un départ vers la maison de retraite voisine. À quoi bon ? Elle avait toujours vécu ici, elle n’imaginait pas vivre ailleurs. Puis il y avait les bêtes, que deviendraient-elles si elle partait ? Bobby son chien, Mimine la chatte, les six brebis, la vache, quelques volailles, ses partenaires de toujours dans une existence difficile. Elle ne dialoguait plus qu’avec elles et plusieurs fois par jour se tournant vers l’une d’elles « qu’est-ce que tu en penses ? » et l’animal sollicité, après un échange de regards, faisait signe.

Ce matin le soleil brille et la neige des champs étincelle « Si on sortait Bobby, qu’est-ce que tu en penses ? » D’un bond le chien se précipite à l’extérieur et file à toute vitesse « Attends-moi ! » Elle s’enveloppe d’un châle de laine, prend son bâton et suit les traces dans la neige.

Jacqueline vivait avec plénitude des instants comme celui-ci : la brise caresse son visage, les rayons du soleil l’inondent, les perce-neiges s’ébrouent dans les champs, un ruisseau s’échappe de la glace. Les aboiements de Bobby attirent son attention. En s’orientant vers eux, elle discerne un tas au bord du chemin. Plus elle s’en approche, plus le tas prend forme humaine : avec un mélange d’effroi et d’étonnement elle rencontre un homme planté dans la neige, le visage penché, la tête couverte d’un gros bonnet. Est-il mort ? Elle le touche à l’épaule, doucement puis de plus en plus fort jusqu’à le secouer. « Arrêtez » dit l’homme. Ouf ! Il est vivant.

« Venez Monsieur, ne restez pas là, suivez-moi », l’homme relève la tête, un regard gris questionne Jacqueline, « Il fait trop froid, vous ne pouvez pas rester là sans bouger ». Il se lève, immense, couvert de neige, comme un épouvantail qui affranchi du principe de causalité se mettrait en mouvement.

Dès que l’homme pénètre dans la cuisine, la hauteur du plafond de la cuisine s’abaisse, la cuisinière à bois ronfle, la cafetière siffle ! L’homme ne parle pas plus que Jacqueline et si ce n’est sa présence, assis dans le fauteuil, à la table, se chauffant près de la cheminée, plus tard couché sur le divan, Jacqueline aurait pu se poser la question de la matérialité de cette présence.

Par bribes de phrases entrecoupées de longs silence, Jacqueline apprend son nom « Pierre », il refuse qu’elle téléphone ou alerte les services d’urgence : « Non, je ne veux pas », « N’appelez pas », « Dès que j’aurais repris des forces je m’en irai »

 

Une vie de couple inattendue

Qui était-il ? D’où venait-il ? Où allait-il ? Au fil des jours Jacqueline se disait « cette fois-ci je téléphone », mais il suffisait que le regard gris de Pierre se pose sur elle pour suspendre le geste. Plus les jours passaient plus l’embarras de Jacqueline grandissait.

Jacqueline ignorait le bavardage et sa solitude lui avait permis de développer son intuition, Pierre n’avait pas commis d’actes criminels, elle n’avait rien à craindre de lui. S’apercevant qu’il souffrait de désorientation, elle investit Bobby de nouvelles responsabilités. Lorsque Pierre sortait, Bobby l’accompagnait et le ramenait à la ferme. Très vite ces deux-là devinrent des compagnons inséparables. Mimine avec son air « de ne pas y toucher » avait compris qu’avec Pierre elle transgresserait l’interdit de ne pas coucher sur les lits, elle se vautrait sans vergogne sur son couvre-lit, dans la chambre du fond qu’il occupait avec son seul sac à dos.

Dans cette coexistence qui se prolongeait Jacqueline s’inquiétait, elle ne maîtrisait pas la situation. Elle n’avait personne à qui en parler mais à supposer qu’elle trouve une oreille attentive qu’aurait-elle dit ? « Je ne sais pas qui il est, je ne sais pas d’où il vient, oui c’est moi qui l’ai fait entrer dans ma maison mais pouvais-je laisser une personne mourir de froid au bord du chemin ? Je ne sais pas pourquoi il reste, je ne peux pas lui dire de partir, il ne veut pas partir ! » Si Jacqueline ignorait tout de la psychanalyse et de ses lumières sur l’inconscient, elle comprenait que Pierre était heureux d’avoir échoué chez elle. Mais elle ?

Une fois, elle le trouve enveloppé de son pardessus, chaussé, sac sur le dos, prêt au départ.

- « Que faites-vous ? Où allez-vous ?

- « Je m’en vais, je suis à votre charge, cela ne peut plus durer ». Une main de fer étreint la poitrine de Jacqueline, elle cherche une issue :

« Ce n’est pas le moment » !

- « Pourquoi »?

- « Tous les chemins sont détrempés, en quelques minutes vous serez couvert de boue, vous partirez quand les chemins seront praticables ». En moins de temps qu’il faut pour le dire, Pierre reparaît dans sa tenue habituelle : « Bon, dans ce cas, je sors avec Bobby », Bobby aboie joyeusement. Tous ils connaissent une journée splendide.

D’avoir lavé son linge, nettoyé ses bottes en cuir souple, rangé son pardessus doublé, lui donnait à entrevoir une situation sociale urbaine, favorisée. Un autre monde que le sien.

Un dimanche, après le repas, Jacqueline annonce :

- « Je vous laisse, je vais nettoyer l’église ».

- « Je vous accompagne », il exerçait une autorité naturelle, trace d’une autre vie ?

Ils traversent le cimetière avec ses tombes endommagées, ses crucifix qui perdent l’équilibre, pour s’arrêter sous le portique orné d’un panneau « Église du XIIe siècle, portail roman avec des chapiteaux illustrant le péché originel ». Effectivement, à bien la scruter, de la pierre émergent des stigmates sculptés rongés par le temps. Adam poursuit son chemin héroïque sans bras ni jambes, Ève s’échappe du paradis, les seins nus, les cheveux dénoués, le serpent lové dans son cou, ouverte au plaisir et à sa souffrance.

Pierre s’attarde, tandis que Jacqueline part derrière l’autel pour en extraire seau et serpillères. Elle entreprend sa tâche avec l’habitude de dizaines d’années de service au diocèse. Quand soudain des notes de musiques éclatent dans l’espace, Jacqueline se précipite vers l’harmonium : Pierre juché sur le tabouret joue sur des touches jaunies. « Quel dommage ! Je n’ai pas de partition ». Partition ? Partition, le mot se fraye un chemin à travers les synapses de Jacqueline et la guide vers une armoire branlante dont elle extrait des cahiers musicaux.

Cette découverte transforme Pierre, il acquiert l’assurance de la personne préposée au service musical de la paroisse.

Le café bu, il allait à l’église, étudiait les partitions, jouait de la musique et même il chantait ! De temps à autre, Jacqueline s’asseyait dans une travée, elle écoutait sans bouger, puis disparaissait aussi silencieusement qu’elle avait pénétré dans le chœur. Seul Bobby n’appréciait pas la musique. Après d’âpres négociations, il avait obtenu une compensation pour ces heures de garde auprès de Pierre (encore en se couchant loin sous le portique, les oreilles rabattues en écran contre l’agression du son) : après le temps musical il avait droit à un temps équivalent de ballade par les bois et les champs alentours.

Une vie de couple se créait, s’imposait et Jacqueline n’arrivait pas à démêler si elle en était l’auteure ? La complice ? La victime ? Un soir, passant devant la porte de la chambre de Pierre, elle la trouve grande ouverte, elle s’avançe pour trouver Pierre assis au bord du lit. Leurs regards se fondent, dans un réflexe surgit de l’oubli de l’intime, Jacqueline repousse la porte derrière elle.

 

Un postier bien curieux

Après l’hiver, le printemps. Les routes qui menaient vers Saint-Roch devinrent carrossables et la première voiture qui grimpa la côte et s’arrêta sur la placette de l’église fut celle du postier. Quelle ne fut pas sa surprise d’entendre l’harmonium de l’église. Il en franchit le porche, et s’arrête devant l’inconnu qui joue : « Qui êtes-vous ? Qui vous a donné la permission de jouer dans cette église ? » Silence, le musicien se lève et s’en va, mais nouvelle surprise, Bobby se précipite vers l’inconnu pour le précéder vers la ferme. Le postier hésite, fait demi-tour, il sort de son véhicule le courrier et les provisions commandées par Jacqueline. Une fois assis, un café brûlant devant lui il interroge : « Qui est cette personne ? Tu le connais ?» Jacqueline hésite : « C’est Pierre, un lointain cousin », sous le coup d’une inspiration : « Il est venu car il a hérité d’une maison, celle qui se trouve en face de la Croix-aux-pestiférés mais il ne s’attendait pas à une telle ruine ! Il m’a demandé de le loger... Pour quelques temps », épuisée par un si long discours elle s’arrête et ajoute vite au café une brioche odorante sortie du four.

Le soir même au bar-restaurant du bourg voisin, le nouvel habitant du hameau occupait toutes les conversations : « C’est possible » disait l’un, « un héritage qui vous tombe dessus et dont vous ne savez rien, j’ai connu Untel… », un autre « Un cousin ? Tu veux dire un cousin à la mode de Bretagne ? » Tous de rire. Le postier ne riait pas, blessé par l’attitude de Jacqueline qu’il connaissait depuis des années et qui ne l’avait pas mis dans la confidence.

Il gardait en mémoire l’inconnu quand en portant le courrier à la maison de retraite voisine, la fille de l’accueil poussa un tas de lettre devant lui : « Vous ne pourriez pas les reprendre ? Nous avons un de nos pensionnaires qui a disparu le premier de l’An et malgré toutes les recherches nous ne l’avons pas retrouvé, à cette heure il est sûrement mort. ». Sur les enveloppes un nom : Pierre Perrineau. Le postier s’en retournait puis revenant vers la fille : 

- « Cet homme, celui qui a disparu, jouait-il de la musique ?

- « Oui, c’était un professeur de musique, un homme très bien, il paraît qu’il était connu et… » Mais le postier sans demander son reste, s’engouffre dans sa camionnette et en force le moteur comme s’il participait à un rallye.

Il surgit dans la ferme au moment où Pierre et Jacqueline partagent le repas : « Excusez-moi de vous déranger mais j’ai du courrier pour vous ». Il le tend à Pierre qui jette un coup d’œil sur les missives. « C’est bien de vous qu’il s’agit ? » - « Oui ».

Le postier n’obtient rien de plus et plus frustré encore que la première fois, file à la gendarmerie.

 

Le dilemme du gendarme

Le gendarme en avait vu de toutes les couleurs, cambriolages, escroqueries, homicides, disparitions… Sur son bureau, le dossier de la dernière : sa compagnie avait beau avoir battu toute la campagne et même au-delà, le vieil homme qui avait disparu lors de la fête de fin d’année à la maison de retraite n’avait pas été retrouvé.

Tout le monde s’était accordé sur « un patient souffrant d’une maladie d’Alzheimer perdu par temps de neige en Margeride ne pouvait que mourir dans un fossé. On retrouverait son cadavre au moment de la fonte des neiges ».

Prudent, il prit note du récit du postier puis décida d’enquêter sur place.

Une fois assis entre les deux lascars, il comprend que l’affaire de la disparition vient de se résoudre. Son expérience lui permettait ou d’aggraver la situation afin d’en retirer quelque gloire, ou d’en adoucir les reliefs pour qu’elle prenne un tour banal, voire insignifiant.

« La disparition de M. Perrineau a été signalé le 2 Janvier et nous avons un avis de recherche depuis cette date, je prends vos dépositions ». Celle de Jacqueline ne pose aucun problème de véracité, par contre celle de Pierre exige de revenir sur certains points :

- « Comment vous êtes-vous perdu ?

- « Je suis sorti dehors, j’ai marché, je me suis perdu ».

À Jacqueline : « Quand vous l’avez trouvé, quels vêtements portait-il ? » Le bonnet, le pardessus le questionnent. Le gendarme demande à les voir, une fois dans la chambre il repère le sac à dos : « Vous dites que vous vous êtes perdu ? Mais peut-être qu’avant de vous perdre, vous vous seriez enfui ? » De même la réponse de Pierre, lorsqu’il lui propose de le ramener dans l’établissement : « Non, je n’y retournerai pas », la preuve de la fuite, d’une fuite préméditée s’impose avec l’appui de pièces à conviction ! Les causes en restaient confuses, non il n’était pas maltraité mais il ne voulait plus y séjourner, il ne s’y plaisait pas. Ici avec Jacqueline c’était une autre vie, la musique, la liberté, Bobby…

Le gendarme reprend la route, son travail est terminé, conclusion de l’enquête : un vieillard désorienté, perdu dans la neige avait été recueilli dans une ferme par une femme, Jacqueline.

Jacqueline ! Ni lui ni elle, n’avaient fait allusion à leur passé commun d’adolescents, quand ils se retrouvaient en cachette pour se baigner nus dans les rivières. Ils échappaient aux travaux des fermes pour partager des heures délicieuses à s’embrasser, échanger des fous rires et des confidences. Jacqueline, de longues jambes et des bras tendres… Maintenant la retraite l’attend en compagnie d’une femme dépressive… Une pointe de jalousie au cœur il se remémore leurs visages détendus, leurs échanges de sourires et de regards « en cachette » Elle lui était apparue rajeunie. Il tourne la clé, le moteur répond. Non ! Il n’allait pas persécuter ceux qui s’aiment !

 

Les certitudes de l’assistante sociale

Alice adorait son métier, et si on lui demandait pourquoi « Parce que dans mon job je fais le Bien ! » et si on insistait « Nous, les AS on remet de l’ordre dans le chaos du monde ».

En mission, elle se présenta devant Jacqueline et Pierre pour clarifier la situation : « J’entends bien M. Perrineau que vous ne voulez pas retourner à la maison de retraite, mais j’attire votre attention sur le fait que je suis votre curatrice et que dans ce cas j’ai voix au chapitre et je tiens vos comptes ! » Un silence lourd de menaces s’établit dans la ferme.

Comme personne ne réagissait : « Si je visitais les lieux, nous en reparlerons ». L’examen des chambres, du cabinet de toilette attenant à celle de Pierre soulagea Alice. Des chambres séparées, à cela s’ajoutait leur vouvoiement, inutile de chercher plus loin, il ne s’agissait pas d’une relation sexuelle. Inutile de créer des problèmes là où il n’y en avait pas, au moins elle échappait à l’obligation d’établir un consentement mutuel. Elle les observa : « Trop âgés ?  Oui ça leur avait passé ! »

Pierre persistait dans son refus, Jacqueline ne le mettait pas à la porte, l’impasse se creusait. Alice promit de nouvelles visites.

Elle aurait été surprise de la conversation qui eut lieu après son départ :

- « Ça n’a pas été trop dur ?

Si, j’ai fait le dos rond.

Moi, profil bas.

Elle ne comprend rien.

Elle n’a jamais rien compris ! »

Lors de visites successives Alice se trouva aux prises avec « Dos rond » et « Profil bas » aussi peu loquaces l’un que l’autre.

Pourtant, en ce jour, Alice rayonnait, certaine d’avoir trouvé une issue : « Je crois que j’ai trouvé une solution qui nous conviendra à tous ! » Se tournant vers Jacqueline : « Accepteriez-vous d’être famille d’accueil pour M. Perrineau ? J’ai préparé le contrat, il reste ici, nous vous versons les indemnisations et je passe de temps à autre m’assurer que tout va bien ». Le silence s’allégeait, plus interrogatif. « Cependant il nous faut résoudre quelques petits problèmes ». Le silence s’épaissit : « Vous avez toute compétence pour devenir famille d’accueil mais, mais, il va falloir consentir à des travaux pour que votre maison réponde aux normes ». L’effroi gagne Jacqueline, elle s’agite sur sa chaise. « Un minimum, je ne préconise qu’un minimum : le tableau électrique à modifier aux normes actuelles, le coin toilette de la chambre de M. Perrineau à transformer en douche italienne, des alarmes anti-incendie une dans la cuisine, une dans chacune des chambres. Pour le financement il nous incombe, vous n’aurez pratiquement rien à dépenser ».

Paniquée, Jacqueline s’accroche à sa chaise transformée en fétu de paille soulevé par une bourrasque. Avec désespoir elle cherche le regard de Pierre, elle le rencontre, calme, songeur, elle s’apaise, elle entend sa voix ferme, un brin autoritaire : « Nous vous remercions Madame pour tous vos efforts ». C’est au tour d’Alice de ne plus être assurée, serait-elle congédiée ? « Je demande à voir le juge des tutelles, je me souviens qu’il m’avait dit si vous avez un problème venez me voir. Vous vous souvenez lorsqu’il avait dit que c’était à moi de prendre les décisions et vous, vous gériez mes finances ». Alice se recroqueville, inutile d’insister, l’appel au juge du tribunal de Mende la met en porte-à-faux. Pierre se lève, immense, il étend ses bras tel un épouvantail planté dans l’espace de la ferme, pour en chasser les indésirables. Il accompagne Alice à la porte et chuchote comme un secret : « Je reste ici tant que Jacqueline le désire ?…  me désire ? ». Avait-elle bien entendu ?

Troublée, sur le pas de la porte Alice se retourne, un bref instant elle surprend Pierre enlacer Jacqueline.

Dans les bras l’un de l’autre ils l’oubliaient.

Christiane Giraud-Barra

Publié dans Fioretti

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