A l'écoute de la Parole de Dieu chez les Oblats à Aix-en-Provence 13/02/2022

Publié le par Garrigues et Sentiers

Évangile de Luc chapitre 6, 17. 20-26

Frères et sœurs,

Certes cela ne fait pas trente ans que l’aumônerie de l’hôpital Montperrin anime la messe du dimanche de la santé dans cette chapelle, chaque année, mais une bonne partie d’entre vous doivent commencer à nous reconnaître dans ce rendez-vous annuel…

Moi, je suis la responsable de cette aumônerie depuis plus de 18 ans maintenant, responsable, c’est-à-dire envoyée en mission par l’Église pour être son représentant ; missionnée pour être visage, présence d’Église au nom du Christ, dans un lieu de souffrance et d’enfermement. Lien si possible pour dire la Bonne Nouvelle de l’amour et la miséricorde de Dieu pour chacun.

Et quand j’ai lu le thème d’aujourd’hui, choisi par la Pastorale de la Santé, « heureux en lien avec les béatitudes », j’avoue avoir eu beaucoup de mal à trouver comment en parler avec les passagers de l’aumônerie, et beaucoup de difficultés à trouver comment échanger avec vous…

Heureux vous les pauvres, heureux vous qui avez faim, heureux vous qui pleurez, heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent, vous excluent, vous insultent….

Ma première pensée, je dirai ma pensée primaire, celle qui n’est qu’un besoin d’humour noir qui met à distance les émotions, a été de me dire que tous ces malades avaient beaucoup de chance…

Car pauvres, ils le sont…

Lorsque la maladie vous empêche de gagner votre vie, lorsque la maladie prend tant de place que vous ne pouvez souvent ne penser à rien d’autre, lorsqu’elle vous aliène à des délires, des angoisses, des peurs incontrôlables, incontrôlées, et j’en passe, pauvre êtes-vous me semble-il…

Heureux vous qui avez faim…oui, faim de paix de l’esprit tant cela s’agite là-dedans, faim de compréhension, faim d’être reconnu comme homme et non comme déjanté, faim d’amour si souvent impossible à garder tant il est difficile pour les proches de résister à ces montagnes russes qu’imposent la pathologie. Alors, faim oui, ils ont faim….

Heureux vous qui pleurez… Là encore, les larmes, de celles qui mouillent, de celles qui noient, ils connaissent…

Heureux quand les hommes vous excluent, vous insultent etc…et là encore bienvenue dans leur monde, même si ce rejet, ces insultes, ce mépris que sais-je, ne se fait pas à cause du Christ….

 

Alors avec tout cela, comment leur dire : si,si, écoutez saint Luc, entendez Jésus, le Royaume de Dieu est à vous, vous serez rassasiés, tressaillez de joie, votre récompense sera grande dans les cieux…

Comment ?

Et puis, relisant cet évangile, plusieurs fois, quelque chose m’a sauté aux yeux, d’abord saint Luc parle au présent, ensuite c’est à moi qu’il parle, à moi, à vous, à lui ; je n’ai pas de message à transmettre, je n’ai pas de leçon à donner, d’explications à fournir, j’ai juste à recevoir cette parole, et à essayer de la vivre…

Heureux es-tu, si tu t’es débarrassée de toutes tes fausses richesses, tes certitudes de savoir mieux, tes envies d’aider comme tu le souhaites, tes besoins de convaincre etc, etc…

Heureux es-tu, si tu as faim, faim de justice, faim de paix, faim d’amour à donner…

Heureux es-tu si tu as le don des larmes, celui d’être sensible à la misère, à la souffrance d’autrui…

Heureux es-tu si, sûr de mon amour, sur le chemin qui mène à moi, tu es en butte aux moqueries, à l’ironie, à l’injustice et que tu gardes ta foi et ta confiance en moi, tu seras comme un arbre planté près des eaux qui n’aura rien à craindre de la sécheresse…

 

Alors, avec tout ce bonheur au fond du cœur, toute cette confiance en Dieu, peut-être que là, je vais pouvoir regarder l’autre comme mon alter ego, comme le Christ me regarde-moi, avec amour, avec compassion, avec bienveillance, lui faire sentir que je l’aime, lui, comme il est… Et peut-être alors, sentira-t-il l’amour de Dieu qui le rendra heureux, heureux d’être ce qu’il est, heureux au point de m’oublier pour écouter le Christ, pour le ressentir, pour être sûr qu’Il est là près de lui, peut-être à travers moi…bonheur !

 

Christine Papon

responsable d'aumônerie de l'hôpital psychiatrique Montperrin

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