A l'écoute de la Parole de Dieu
3eme Dimanche du Temps Ordinaire 23/01/2022
Ne 8, 2-4a 5-6 8-10 ; Ps18 ; Co 12, 12-30 ; Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21
Tous ces textes de la liturgie de ce dimanche privilégient la Parole de Dieu et l'unité de tous dans cette Parole
En -515 le Temple de Jérusalem vient d'être reconstruit. C'est ce même Temple qui sera détruit à nouveau en 70 de notre ère. Esdras est un scribe vivant en Perse et versé dans la Loi de Moïse. Cette Loi il l'a étudiée, pratiquée et enseignée avec une grande ferveur en Yahvé.
La mission lui est donné par le roi de Perse Artaxerxès de quitter Babylone pour Jérusalem car les juifs exilés comme lui sont alors autorisés à revenir en Juda et à promulguer la Loi de Moïse comme Loi d’État. Néhémie gouverneur de Juda revient lui aussi d'exil et reconstruit le rempart du Temple.
Le passage du livre objet de la lecture du prêtre Esdras c'est pour ainsi dire le jour de naissance du Judaïsme, un commencement. La Loi est solennellement proclamée et Néhémie en donne le commentaire.
A cette proclamation le peuple Hébreu ne cache pas son émotion à ce qui constitue ses racines mais les pleurs de certains de ses membres sont plutôt dirigés sur leur infidélité à la Loi durant l'exil. Cependant le pardon est annoncé car à tous il leur est dit : « Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ». car c'est un grand jour, le retour d'exil, l'inauguration du nouveau Temple, le jour de naissance de l'attachement à la Loi de Moïse devenue aussi Loi d’État.
Après cette célébration le peuple Hébreu fera une cérémonie expiatoire pour le pardon de ces infidélités à la Loi de Moïse durant l'exil, l'équivalent de nos célébrations pénitentielles.
Posons-nous la question. Ne sommes-nous pas dans le même état d'esprit nous chrétiens que le peuple Hébreu, n'avons-nous pas à participer à la reconstruction d'une Église sérieusement endommagée aujourd'hui en tentant de faire renaître la spiritualité et l'espérance du Royaume de Dieu dans le monde ? C'est ce à quoi s'emploie activement le pape François.
Cette scène, Jésus devait bien la connaître car comme Esdras, pour lire, il se tient sur une estrade au milieu de l'assemblée. Il a l'habitude d'enseigner dans les synagogues mais cette fois-ci c'est particulier.
Il se lève pour faire la lecture, il reçoit le livre du prophète Isaïe. Le texte n'a pas été choisi d'avance comme pour nos liturgies du dimanche mais c'est un passage exclusivement de ce prophète qui doit être lu. Un peu au hasard sans doute Jésus ouvre le livre et c'est ce passage qui tombe sous ses yeux qui va le faire s'identifier au prophète Isaïe.
Il referme le livre, le rend au servant et s'assoit. Le fait de s'asseoir dans les Évangiles c'est souvent pour annoncer des révélations importantes ainsi Jésus s'assoie pour proclamer les béatitudes. C'est aussi pour réfléchir, pour calculer la possibilité d'entreprendre par exemple la construction d'une tour. On commence par s'asseoir.
Effectivement la révélation proclamée est de taille. Elle doit faire l'effet d'une bombe car elle n'annonce rien de plus que l'arrivée du Royaume de Dieu sur terre.
Le commentaire du texte lu par Jésus est très court, une phrase seulement mais qui dit l'essentiel
« Aujourd'hui s'accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d'entendre ». Comment acceptons-nous cette affirmation Jésus envoyé par le Père porter la Bonne Nouvelle à une humanité souffrante ? Seule la foi peut nous la faire comprendre et accueillir.
Ainsi cet « aujourd'hui » est aussi un jour de naissance, un commencement celui de la nouvelle alliance faisant écho avec Esdras à la proclamation de la première alliance.
Bien que le peuple ait gardé les yeux fixés sur lui, beaucoup ne comprendront pas et diront : Ce n'est que le Fils du charpentier et il n'a suivi aucune école pour enseigner dans les synagogues.
Ne raisonnons-nous pas de la même façon sans nous l'avouer quelquefois en réduisant la personne à son statut social ?
Le psaume est une louange à la Loi, aux préceptes du Seigneur. Il nous dit que son commandement clarifie le regard.
Notre regard est-il toujours spontanément clair, ce regard que nous posons sur les autres, sur nous-mêmes et sur l'image même de Dieu ?
Notre vision est-elle toujours assez juste pour ne pas rester en retrait du commandement d'amour du Seigneur ?
Saint-Paul nous dit que nous sommes un dans l’Église. Il n'y a pas de hiérarchie entre les chrétiens. Dans la liturgie du dimanche précédent Saint-Paul nous disait que les dons de la grâce étaient variés mais que c'était le même esprit. Là, dans le texte des Corinthiens il nous dit que les fonctions sont différentes mais toutes nécessaires et aucune n'est supérieure ou inférieure à une autre.
Ne nous arrive-t-il pas de cloisonner les différentes affinités dans l’Église, eux ce sont des tradis, d' autres ont des pratiques gestuelles évangéliques ou encore des pratiques d'avant-garde ? Reconnaissons-nous sans la condamner la sensibilité des autres à une religion populaire faite de pèlerinages, de reliques, de prières du chapelet ?
Certains membres de l'Institution ecclésiale et certains laïcs dans l’Église acceptent-ils de recevoir dans leurs rangs d'autres façons de faire Eucharistie et la présence d'autres chrétiens à la périphérie de l’Église ?
Mais pour devenir un il s'agit aussi de maintenir nos différences, de ne pas céder à la façon de croire, de célébrer ou encore de servir des autres et pour paraphraser les comparaisons de Paul, un bras ne deviendra jamais un pied ni l'inverse car ça anéantirait et l'action des bras et celle des pieds.
Il y a cependant de part et d'autre une conversion à accepter comme pour les infidélités d'une partie du peuple Hébreu à la Loi, un regard à changer qui commence par voir ce qu'il y a de positif et de sainteté chez les autres chrétiens dans leurs différences.
Alors chacun de nous pourra dire au Seigneur : mon rocher, mon défenseur.
Christiane Guès