A l'écoute de la Parole de Dieu
Dimanche 16 Janvier 2022
Is 62, 1-5 ; Ps 95 ; Co 12, 4-11 ; n 2, 1-11
À Cana a eu lieu le premier « miracle » de Jésus. Il présente déjà les principales caractéristiques des nombreux « signes » que le Christ a donnés durant sa vie.
1° Il est souvent réticent à accomplir des gestes relevant du merveilleux. Ici, c’est une question d’un moment prématuré : « Mon heure n’est pas encore venue ». Couramment, Jésus refuse le sensationnel comme en Mt 12,38-39, lorsque quelques scribes et les pharisiens lui demandent : « Maître noue voudrions te voir faire un signe miraculeux », la réponse arrive cinglante : « Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe…». On se souvient aussi de son dialogue avec la cananéenne (Mt 15,22-28) : quand elle interpelle Jésus afin qu’il guérisse sa fille tourmentée par un démon, Jésus ne lui répond pas. Puis précise : « je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». Elle insiste. Jésus lâche alors une phrase qui semble très dure : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens ». La réplique arrive aussi ferme : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Notons que Jésus ne prétend pas guérir la fille de l’« extérieur », la guérison n’est pas l’effet d’un acte magique de sa part, mais de la foi de la mère.
2° Lorsque Jésus intervient spontanément, c’est sous l’effet de la compassion. Le terme est souvent présent dans le récit du miracle : ainsi lorsque la foule qui le suit depuis trois jours n’a rien à manger (Mt 1, 32) : « Je suis saisi de compassion pour cette foule…». Il en est de même lorsqu’il croise l’enterrement du fils unique de la veuve de Naïm (Lc 7,11-17) : « Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour elle et lui dit : ‘ Ne pleure pas’ …». L’exemple le plus symptomatique en ce domaine reste la résurrection de Lazare (Jn 11,1-44). Jésus arrive à Béthanie, quatre jours après la mort de son ami. Marie, sœur de celui-ci, l’accueille en pleurant, entourée d’une foule d’amis venue soutenir la famille en deuil : « Jésus, la voyant pleurer, elle et les Juifs qui étaient venus avec elle, frémit en son esprit, et fut tout ému » .
3° Quand il accepte de susciter la guérison d’un homme ou d’une femme, c’est comme une réponse à une forme de foi, plus ou moins affirmée, perceptible chez le demandeur, c’est elle qui devient cause première de la guérison. En même temps, par effet de retour, celle-ci conforte la foi hésitante des bénéficiaires de la guérison, comme une conversion depuis une sollicitation intéressée à la reconnaissance de Jésus comme Christ (Cf. Lc 17,15 et 19) : le dixième lépreux guéri revient seul vers son sauveur et « tomba le visage contre terre aux pieds de Jésus et le remercia ». Jésus lui confirme « ta foi t'a sauvé ».
A Cana, le miracle n’est pas une guérison, mais la réparation d’un manque : les convives d’une noce à laquelle Jésus et sa mère ont été invités, vont manquer de vin. Le vin est presque toujours, dans la Bible, lié à la joie ; celle du repas de mariage risque de pâtir de cette pénurie. Marie incite Jésus à y remédier. Là encore, Jésus — sans refuser carrément la sollicitation implicite de sa mère : procurer du vin — rechigne à accomplir ce qu’on lui demande qui sort de la normalité et parce que sa réalisation révélerait son statut particulier d’homme-Dieu. C’est ce qui va se passer d’ailleurs puisqu’à ce signe « les disciples crurent en lui ».
Notons que Marie a prononcé la recommandation ultime pour notre vie de chrétien : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Il y a là un programme de vie pas toujours facile à interpréter. Car si on peut connaitre les grands principes de sa volonté à travers les Écritures, il n’est pas toujours aisé de la discerner clairement dans la vie quotidienne.
Marcel Bernos