A l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

AVENT

 

Deuxième Dimanche de l'Avent Année C 5 décembre 2021

Nous proposons une réflexion générale sur le temps de l’Avent ancrée sur les textes du deuxième dimanche qui semblent bien adaptés à ce thème.

 

 

Ba 5, 1-9 ; Ps 125 (126) ; Ph 1, 4-6.8-11 ; Lc 3, 1-6.

 

Contrairement à ceux du premier dimanche, ces textes semblent un introduction explicite au temps de l’Avent. L’Avent est le temps de l’attente, l’attente du premier événement fondamental de notre foi, l’Incarnation, irruption de Dieu dans la vie des hommes. Jusque là Il dialoguait avec eux pour les tourner vers Lui, par l’Incarnation Il les fait entrer dans sa propre vie, Il s’engage totalement et plus comme un être transcendant surplombant l’humanité. Cet événement est évidemment, nécessairement, relié au second, celui de la Résurrection, qui sera préparé aussi par un temps d’attente, celui du carême.

 

Tournons-nous vers les textes de ce dimanche.


Baruch nous demande de nous préparer à recevoir le salut de Dieu. Et cela dans la joie. L’Avent n’est pas un temps de pénitence, au contraire un temps pour retrouver la joie de notre foi. Jérusalem, symbole de l’Église pour notre temps, doit quitter sa robe de tristesse. Quel appel pour cet automne 2021 qui semblerait quelque peu une automne de l’Église ! « Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, avec sa miséricorde et sa justice ». Quel chant d’espérance pour l’Église qui doit « s’envelopper dans le manteau de la justice de Dieu ». Espérance fondamentale, mais...à condition de participer à cette venue du salut qui est le don de la vie même de Dieu. Dieu est le seul Juste, encore nous faudrait-il méditer sur ce que peut signifier cette Justice qui est différente de l’amour. S’envelopper dans le manteau de la Justice de Dieu n’est pas si facile, nous sommes appelés à nous y atteler. C’est un chemin, une ascension difficile peut-être, mais pas triste, ne l’oublions pas. Nous vivons dans une Église désertée, pensons-nous que Dieu s’en contente ? C’est peut-être un passage obligé, mais après ?  « Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis [qui sont ces ennemis?], et Dieu te les ramène ». Nous pouvons alors nous réjouir à cette annonce...qui devient une sacrée exigence pour le témoignage que nous pouvons donner afin que cela se réalise. Dieu ne peut pas le faire sans nous, nous ne le pouvons pas non plus sans Lui.

 

Le psaume est un cri de joie, nous sommes « dans un rêve » qui prend réalité. « Ramène, Seigneur, nos captifs », tous ceux qui sont éloignés, et cela bien souvent par notre faute. On n’est plus dans la culpabilité, mais dans la joie de savoir qu’on peut renouveler l’Église, à travers notre renouvellement , pour chacun. Le peuple de Dieu n’est pas condamné à l’errance, Dieu est fidèle et ne nous abandonne pas. Beau programme en ces temps difficiles.

 

Et Paul d’affirmer, quel pari d’espérance ! « Celui qui a commencé en vous un si beau travail le continuera jusqu’à son achèvement ». Nous serons « purs et irréprochables pour le jour du Christ ». Une condition : que notre amour progresse et que nous discernions ce qui est important. Paul ne nous a pas habitués à des paroles de consolation et de joie. Cette joie, nous l’éprouverons si nous nous mettons à son écoute. Ce temps d’attente n’est pas un temps de passivité, mais de reprise en mains, par chacun, de sa vie, et d’engagement de chacun à rendre « pure et irréprochable » l’Église, c’est-à-dire la communauté des chrétiens. Le travail nous attend.

 

L’évangile de ce jour commence par une précision historique. Les événements se situent dans un temps et un lieu extrêmement précis. L’irruption de Dieu dans notre histoire est un phénomène inscrit dans notre histoire. L’irruption n’est pas vérifiable historiquement (il lui faut la foi) mais elle se veut reçue dans un temps historique, il s’agit bien d’entrée dans notre monde, dans notre histoire.

Jean-Baptiste est moins dans la joie que Baruch! Il crie cet appel à préparer les chemins du Seigneur, mais c’est une « voix de celui qui crie dans le désert ». Deux façons de le comprendre : crie-t-il dans le désert ? Personne pour écouter ni entendre ? Avouons que c’est bien souvent le cas. Et on comprend qu’il ne manifeste pas sa joie. Ou bien crie-t-il dans le désert, en un lieu ou demeure l’essentiel, où l’écoute peut être la meilleure parce que non distraite par tout ce qui alourdit la vie ? Si alors nous sommes attentifs à cette voix dans le désert, qu’en faisons-nous, comment rendons-nous « droits les sentiers » ?

 

Cet appel, dans la joie, pour nous mettre en attente, a une résonance particulière cette année. Il arrive juste après l’appel du pape à un « chemin synodal ». Il nous semble que cette période de l’Avent est alors privilégiée pour répondre à cet appel du pape. Y répondre pour répondre au cri de Jean-Baptiste dans le désert, pour participer de façon effective à la joie qui exulte dans la bouche de Baruch ou dans la lettre de Paul.

 

La démarche de synode vient de s’ouvrir. Démarche pleine d’espérance : redonner un visage à l’Église, et pas seulement en traitant la question des abus qui l’ont défigurée ou changer quelques expressions du canon de la messe. Il faut poser les vraies questions, « discerner ce qui est important ». Nous sommes très divers, non seulement à travers le monde, mais déjà dans notre pays, dans nos différentes paroisses ou communautés. Nous devons nous atteler à discerner ce qui nous semble positif dans l’Église et ce que nous estimons dépassé ou faussé. Nous ne serons pas d’accord (il y a de nombreuses demeures dans la maison du Père), mais à nous d’avoir le courage de poser toutes les questions, de mettre à plat nos idées, nos espoirs, nos réticences, voire nos colères. De voir comment reconstruire une Église dans laquelle chacun trouve sa place. Période exaltante, ne boudons pas notre bonheur. Combien de nos prédécesseurs auraient voulu pouvoir œuvrer ainsi au développement de l’Église, à la réformer car elle est en permanence « reformanda » (devant être réformée) ! Ce chemin synodal devrait rendre vigueur à l’Église, capable à nouveau d’annoncer la Bonne Nouvelle au monde, ce qu’elle a bien du mal à faire actuellement. Capable de comprendre en quoi consiste cette Bonne Nouvelle pour le monde actuel, une Église qui puisse de nouveau être entendue dans le monde, qui puisse transmettre la foi aux générations qui montent, à tous ceux qui n’ont pas entendu l’appel au salut. Une Église qui puisse montrer un visage avenant sans céder aux sirènes de ceux qui voudraient l’enfermer dans des attitudes dogmatiques fermées qui les sécurisent (elle deviendrait une secte) ni de ceux qui seraient prêts à tout jeter par-dessus bord pour se sentir « bien » dans le monde : « vous êtes dans le monde, vous n’êtes pas du monde ».

Combien de chrétiens sont partis voir ailleurs parce que les eucharisties ne disaient plus rien, les discours leur étaient incompréhensibles ou décalés ou insupportables ?

 

Ce temps de l’Avent est un temps d’attente active, réformer nos vies pour leur permettre d’entendre l’appel, et entrer, chacun comme il le peut, dans ce chemin synodal. L’annonce de la Bonne Nouvelle n’est pas seulement pour chaque individu mais s’adresse à l’Église et au monde et nous en sommes responsables. Le « je n’ai qu’une âme qu’il faut sauver » est plus que dépassé, c’est profondément faux, il faut en sortir. Il va nous falloir du courage, de la persévérance et cela dans la joie!

 

Marc Durand

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