À l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

Dimanche 26 décembre

Jésus cœur de la Sainte Famille

1 S 1, 20-28 ; Ps 83 (84), 2-3, 5-6, 9-10 ; 1 Jn 3, 1-2.21-24 ; Lc 2, 41-52

 

Ce dimanche, Luc raconte l’incident bien connu survenu lors du pèlerinage de la « Sainte famille » à Jérusalem pour la fête de Pâques. Au retour vers Nazareth, Jésus disparait de la caravane. Ses parents ne s’en aperçoivent qu’en fin de journée (Lc 2,43-45). Ils le cherchent d’abord parmi les voisins et amis de la caravane, pensant l’enfant en sécurité dans la communauté de leurs « compagnons de route ». Marie et Joseph, pourtant attentifs à tout ce que faisait leur fils (« Marie retenait tous ces événements … en son cœur » : Lc 2,19), ont attendu une journée entière avant de s'inquiéter de la disparition de leur fils unique. Ce type de « fait divers » devait être fréquent lors de pèlerinages ou de déplacement (ici de plus de 100 km) d’une foule de gens se connaissant. Ne le découvrant pas, ils retournent à Jérusalem pour le chercher.

Ils ne le retrouvent qu'au bout de trois jours. Si l'on soustrait les deux jours du voyage aller-retour, ils ont passé une journée entière avant de pouvoir le rencontrer. Ils ne l’ont donc pas cherché en priorité au Temple, où ils s’étaient rendus eux-mêmes avec lui pour accomplir « tout ce que prescrivait la loi du Seigneur » (Lc 2,39). Ils n’ont pas pensé qu’il pouvait s’y être rendu pour s’occuper des « affaires de son Père », preuve que cette « idée » ne leur était pas évidente, encore moins familière.

Lorsqu’il est retrouvé, Jésus demeurait dans le Temple, qu’il connaissait bien puisque ses parents « montaient » chaque année à la capitale sainte pour les dévotions de Pâques (Lc 2,41). Il y siégeait parmi les docteurs, interprètes patentés de la loi, lesquels avaient donc accepté de dialoguer avec un enfant de 12 ans, c’est à dire n’ayant pas encore atteint la majorité légale fixée en Israël, en ce temps là, à 13 ans et un jour. Notons que Jésus n’a pas la prétention de prêcher devant l’aréopage savant : il écoute ce qu’on lui dit et pose des questions, comme pour mieux comprendre (Lc 2,46). Il doit répondre à son tour, puisque les docteurs de la loi s’extasient sur son intelligence et ses réponses (Lc 2,47). Combien de théologiens ou d’évêques actuels accepteraient non seulement de discuter, mais de « dogmatiser » avec un enfant, et apparemment d'égal à égal, puisque les docteurs juifs posent à ce pré-ado des questions probablement difficiles, et qu’ils admettent la pertinence de ses réponses ?

En le voyant ainsi entouré, ses parents « furent saisis d’étonnement » (Lc 2,48), et ils ne comprirent pas ce que Jésus disait de sa «mission» (Lc 2,50). Pourtant, d’après saint Luc, ils étaient, au moins depuis la Présentation au Temple, dans l’étonnement devant les choses que Syméon, « homme juste et religieux » avait dit de lui (Lc 2, 29-32). À cette même occasion, Anne, femme prophète, avait parlé «… de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem », ce qui suppose qu’elle voyait en lui le Messie libérateur, qu’attendait Israël.

Et voilà que, malgré sa précocité, l'enfant rentre sagement avec ses parents à Nazareth, en leur étant « soumis ». Il n’obéit assurément pas par crainte, tout le récit prouvant que Marie et Joseph respectaient la liberté de l’enfant. Certes Marie lui fait ce reproche : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! », mais cette remontrance ne traduit que l’inquiétude maternelle qu’elle a naturellement éprouvée (1). Jésus obéit-il par un amour filial « humain » ? Par une humilité conforme à cet abaissement auquel il a consenti en s’incarnant et qu’il a tenu jusqu’à la croix (Ph 2, 6-8) ? Par désir d’attendre son heure, comme il le dira, plus tard, aux noces de Cana (Jn 2,4) ? Le débat persiste, parmi les théologiens, pour savoir si Jésus a possédé, dès son enfance, une claire pré-science de son « à-venir », comme on l’a longtemps soutenu ? De nombreux théologiens optent plutôt, aujourd’hui, pour une prise de conscience progressive de sa filiation divine. Cette maturation graduelle apparait bien après l’épisode du Temple : « il croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu…  » (Lc 2,52)

       Marcel Bernos

 

1. Le culte des Sept-Douleurs de la Vierge, qui s’est développé à partir du XIIIe siècle, a placé en troisième position l’« affaire » du Temple.

 

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