La prochaine réunion de la commission des femmes diacres au Vatican : un ordre du jour imprécis
Tout d’abord, la mauvaise nouvelle : deux fonctionnaires de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) m’ont dit, en personne, au déjeuner, que les femmes ne peuvent pas être ordonnées diacres parce que les femmes ne peuvent pas être l’image du Christ.
La bonne nouvelle : au moins un des deux ne travaille plus là-bas. L’autre, je ne sais pas.
Maintenant, l’hebdomadaire catholique londonien The Tablet rapporte que la nouvelle commission pour l’étude des femmes dans le diaconat se réunira pendant une semaine à Rome, à partir du 13 septembre. On peut supposer que les réunions auront lieu dans la salle de réunion voûtée de la CDF. La commission à venir constitue le quatrième groupe de discussion de l’histoire récente à y discuter des femmes diacres.
Un peu d’histoire
Deux sous-comités de la Commission théologique internationale (ITC) de la CDF ont examiné la question pendant 10 ans. En 1997, la première sous-commission n’aurait trouvé aucun problème à rétablir les femmes dans le diaconat ordonné. Cependant, le préfet de la CDF de l’époque, le cardinal Joseph Ratzinger, a refusé de promulguer leur rapport. Il a nommé un nouveau sous-comité, qui a produit un rapport beaucoup plus long cinq ans plus tard. Ce rapport de 2002 concluait que, puisque les diacres masculins et féminins n’accomplissaient pas les mêmes tâches et fonctions, il existait une distinction claire entre le diaconat et le sacerdoce. Par conséquent, ont-ils écrit, la question doit être tranchée par le magistère.
La question a donc été laissée au pape Jean-Paul II, qui n’a rien fait. En 2015, il a été remplacé par le préfet de la CDF qui a rejeté les conclusions initiales du premier sous-comité de l’ITC. L’ancien cardinal Ratzinger, devenu pape Benoît XVI, n’a pas poursuivi l’enquête sur les femmes dans le diaconat. Toutefois, en 2009, il a codifié l’enseignement du catéchisme, qui est conforme à l’enseignement conciliaire du concile Vatican II. Désormais, le droit canonique affirme que le diaconat n’est pas le sacerdoce.
En 2016, à la demande de l’Union internationale des supérieures générales (UISG), le pape François a nommé une commission chargée d’étudier le diaconat des femmes. Elle a terminé ses travaux en juin 2018. Près d’un an plus tard, en mai 2019, François a remis une partie du rapport de la commission aux dirigeantes de l’UISG, en leur disant qu’elles pouvaient en faire ce qu’elles souhaitaient et qu’il avait d’autres documents de la commission qu’elles pouvaient demander. Des mois plus tard, la présidente de l’UISG a affirmé avoir reçu l’analyse historique de la commission. On ne sait pas si l’UISG a jamais demandé les autres documents proposés par le pape.
En ce qui concerne l’histoire, personne ne conteste les faits documentés concernant les femmes diacres en Occident jusqu’au XIIe siècle, et plus longtemps en Orient. Elles étaient ordonnées selon les mêmes cérémonies liturgiques que les diacres masculins : par l’évêque, pendant la messe, en présence du clergé, par l’imposition des mains et par l’invocation du Saint-Esprit. Elles s’auto-communiaient dans le calice. L’évêque leur mettait une étole autour du cou et les appelait diacres.
Un quatrième groupe doit maintenant se réunir à Rome. Qui vont-ils rencontrer là-bas ? Que vont-ils étudier ?
Un ordre du jour encore imprécis
S’il n’est plus interdit aux femmes d’être présentes à l’intérieur du sanctuaire, il n’est pas nécessaire de leur interdire les tâches et devoirs cérémoniels du diaconat.
Il semble que le seul responsable de la CDF impliqué dans la nouvelle commission soit son secrétaire, le père Denis Dupont-Fauville, qui a déjà dirigé le programme du diaconat de l’archidiocèse de Paris. Le président de la commission est l’archevêque de L’Aquila, le cardinal Giuseppe Petrocchi, âgé de 73 ans, nommé cardinal en 2018 et, depuis lors, nommé à la Commission pontificale pour l’État de la Cité du Vatican, aux Congrégations pour l’éducation et pour les saints, et au Conseil pour l’économie.
Selon l’ancien correspondant du National Catholic Reporter (NCR) au Vatican, Josh McElwee, la majorité des membres de la nouvelle commission ne semblent pas avoir publié de travaux d’érudition sur les femmes diacres. Quelques-uns ont écrit sur le diaconat. L’un d’entre eux nie l’existence des femmes diacres en établissant un lien entre le diaconat et la prêtrise. Un membre a fait partie de la deuxième sous-commission de l’ITC. Deux sont diacres.
Alors, de quoi vont-ils parler ? On sait que le 26 octobre 2020, le cardinal Petrocchi et le père Dupont-Fauville ont tous deux rencontré le pape. On peut supposer qu’ils ont reçu leurs feuilles de route à ce moment-là. Lorsque le pape a parlé avec l’assemblée de l’UISG en 2016, il a dit qu’il voulait savoir ce que faisaient les femmes diacres de l’histoire. Peut-être veut-il maintenant savoir ce que font les diacres d’aujourd’hui ?
Un enjeu important
Étant donné que François a modifié le droit canonique pour permettre aux femmes d’être installées comme lectrices et acolytes, leur permettant ainsi nettement d’approcher le sacré, peut-être s’est-il demandé quelles tâches diaconales (s’il y en a) sont impossibles pour les femmes.
Cela semble être la question centrale. Si les femmes, comme les hommes, ont été autrefois ordonnées diacres, alors ce que l’Église a fait, elle peut le refaire. S’il n’est plus interdit aux femmes d’être présentes dans le sanctuaire, il n’est pas nécessaire de leur interdire les tâches et devoirs cérémoniels du diaconat.
Mais le service de l’autel est la moindre des choses. Le ministère du diaconat est celui de la Parole, de la liturgie et de la charité. Le diacre proclame l’Évangile en paroles et en actes, en menant une vie consacrée à la charité. François a recommandé un jour que les diacres quittent effectivement l’autel, et c’est effectivement le bon point de vue. Si le diacre vit une vie consacrée à l’Évangile, il – et, espérons-le, un jour elle – proclamera l’Évangile en paroles et en actes.
Au Ve siècle, le pape Gélase Ier était scandalisé par le fait que des femmes – vraisemblablement des femmes diacres – exerçaient leur ministère à l’autel. L’Église synodale semble aller dans le sens d’autoriser les femmes à y revenir. Leur présence à l’Eucharistie en tant que diacres symbolisera leur propre dévouement à l’Évangile et celui de l’Église à la question plus large qui se pose. En effet, tant que l’Église n’aura pas rétabli sa propre tradition, elle sera prise dans un bourbier de mensonges issus de la seule affirmation selon laquelle les femmes ne peuvent pas représenter le Christ.
Phyllis Zagano
Sources : https://www.ncronline.org/news/just-catholic/new-women-deacons-commission-meet-unclear-agenda (version originale en anglais)
https://nsae.fr/2021/09/01/la-nouvelle-commission-des-femmes-diacres-va-se-reunir-avec-un-ordre-du-jour-imprecis/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=newsletter-nsae_97 (traduction en français)
Les intertitres sont de la rédaction de G & S.