A l'écoute de la Parole de Dieu
12eme Dimanche du Temps Ordinaire 20/06/2021
Job 38, 1-8-11 ; Ps 106 ; 2 Co 5, 14-17 ; Mc 4, 35-41
Ces textes nous interrogent sur le degré de notre foi envers Dieu lorsque tout va mal dans notre vie, lorsque la tempête semble vouloir s'y installer pour durer.
Sommes-nous capables comme Job qui, malgré ses épreuves successives et ses regrets des jours heureux, ne se détourne jamais de Dieu et ne prend jamais la voie de la révolte et du péché ? Dieu s'adresse à Job du milieu de cette tempête dans sa vie et dans laquelle il a tout perdu. Job ne retrouvera pas tout, ses enfants sont morts, pour lui la vie ne sera plus jamais comme avant. Mais sa foi en Dieu ne l'a pas quitté et c'est une invitation pour nous à nous tourner vers le Seigneur malgré tout ce qui peut nous arriver de tragique. Le vrai Dieu et non pas celui qu'il s'était fabriqué, se révélera à Job dans toute sa grandeur et son estime.
L'image de la tempête est celle la plus éprouvante dans notre vie car la tempête ravage tout sur son passage et nous laisse désarmés. Elle va jusqu'à provoquer plus que la peur mais la panique, une panique qui nous voile la réalité, qui grossit le danger et nous mène à un affolement qui nous paralyse nous empêchant d'agir.
Dans l'évangile de Marc la tempête est prise au sens propre, une tempête en mer sachant que la mer était considérée à l'époque comme un danger, comme un symbole de mort.
Au commencement de la Genèse il n'y a que l'étendue des eaux, les ténèbres et un vent de Dieu qui souffle sur les eaux. Mais Dieu dit ensuite : « Que les eaux qui sont sous le ciel s'amassent en une seule masse et qu'apparaisse le continent... » Dieu donne donc une limite à la mer et il peut d'un geste calmer la tempête, la réduire au silence comme dit le psaume et faire que la sérénité revienne dans nos vies. Il faut garder confiance en Dieu mais c'est plus difficile à réaliser dans certaines détresses. Il faut alors essayer simplement de ne pas le perdre de vue.
Après une journée harassante où Jésus a enseigné la foule avec les paraboles du Royaume de Dieu, il dit à ses disciples : « Passons sur l'autre rive » c'est-à-dire la rive des païens, la rive où il faut accoster car il y a des foules à enseigner qui ne connaissent pas encore le message du Christ, ce message d'espérance dans la Vie Éternelle. Aller vers les non-croyants, pour cela il nous faut souvent risquer la tempête, faire sauter le verrou de nos sécurités dans lesquelles nous nous enfermons. En suis-je moi-même capable ? C'est pas facile à réaliser dans un monde déconnecté de Dieu.
Jésus fatigué s'est endormi dans la barque. Quelle barque ? La barque de l’Église, la barque de l'humanité ? Les deux sans doute car l'une ne va pas sans l'autre. Ce texte est riche en symboles.
Et la tempête survient. La barque se remplit d'eau. On ne peut s'empêcher de penser à ces malheureux migrants qui tentent la traversée de la Méditerranée sur des barques de fortune et à leur terreur voyant la mort arriver.
Les apôtres paniquent. Jésus n'est pas absent, il dort. Comme Dieu s'est dérobé pour Job, Jésus se dérobe à ses disciples. Mais nous savons qu'il est toujours prêt à se réveiller pour calmer la tempête dans nos vies si nous lui faisons confiance. On a souvent parlé de l'absence de Dieu dans ce monde pour évoquer ses malheurs, ses souffrances. Mais les malheurs proviennent souvent du mal commis par les hommes pour imposer leur pouvoir, leur point de vue comme l'abandon de ces malheureux migrants en pleine mer et par gros temps.
Dieu n'est jamais absent mais il remet entre les mains des hommes la capacité de sauver ce monde s'il nous sait capables de le sauver. Essayons-nous de nous acquitter envers nos frères de cette tâche ?
Comme le dit Saint-Paul : « Le Christ est mort pour tous afin que les vivants n'aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes mais sur Lui qui est mort et ressuscité pour eux ».
Vivre notre vie centrée sur celle de Jésus c'est peut-être aussi la vivre centrée sur celle des plus fragiles, sur les plus démunis, sur ceux et celles qui sont pris(es) dans toutes les tempêtes du monde.
Christiane Guès