A l'écoute de la Parole de Dieu
13e Dimanche du Temps Ordinaire 27/06/2021 (année B)
Sg 1,13-15 ; 2,23 ; Ps 29(30) 2.4, 5,6 ; 2 Co 8, 7.9. 13-15 ;
Mc 5, 21-43.
Les textes de ce jour ouvrent de nombreuses pistes ; nous en retiendrons deux induisant deux questionnements l’un politique, l’autre pastoral.
Paul, dans sa seconde lettre aux Corinthiens, soulève la question essentielle pour une jeune communauté chrétienne : la solidarité entre ses membres. «Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins [et réciproquement]» (2 Co 8, 13-14). L’apôtre n’est pas un dangereux gauchiste. Il ne nous parle pas d’un égalitarisme purement juridique, ou idéologique, mais d’amour réciproque. Comment peut-il y avoir une réelle fraternité dans une société où les uns ne savent plus quoi faire de leur «abondance», sinon la réinvestir pour gagner davantage, tandis que d’autres restent «au-dessous du seuil de pauvreté». Comme s’il y avait un «seuil» de pauvreté acceptable. Aux débuts du Christianisme, Paul dénonce déjà l’attitude ceux qui, au cours du repas censément eucharistique, se «bâfrent», tandis que d’autres, dans la même assemblée, n’ont rien à manger. Ne peut-on pas, et sans abus d’emploi, appliquer cette condamnation à ceux qui, dans notre société libérale et mondialisée, tirent seuls profits (et profits souvent indécents) des progrès économiques et technologiques ?
L’évangile de Marc (5, 21-43) rapporte le célèbre épisode de la guérison d’une hémorroïsse. On a beaucoup glosé sur le fait qu’une femme perdant son sang était impure et rendait impur celui qu’elle touchait. Jésus n’en a cure. Ce qui l’émeut, c’est la confiance que cette femme lui a manifestée. Confiance d’abord médicinale plutôt qu’une «foi» immédiate et totale, car elle semble avoir voulu simplement profiter du passage d’un thaumaturge susceptible de la guérir («ayant appris ce qu’on disait de Jésus»). On sait ce qu’une partie de l’opinion publique disait de Jésus, grâce aux disciples d’Emmaüs (Lc 24,19) : «un prophète puissant par ses actes». La femme a d’ailleurs accompli un geste que l’on peut qualifier de magique («Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée») plutôt qu’elle n’a posé un acte de foi de type religieux, dans le genre de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »(Jn 20,28), ou de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16, 16).
Il est bon de remarquer que Jésus ne méprise pas cette «confiance» primaire, relevant d’une religion populaire. Bien que les demandes permanentes de miracles l’agacent parfois (Jn 4,48), car il n’est pas venu pour cela, il ne refuse jamais la guérison ou un exorcisme à une personne qui lui demande son «salut». Ne soyons donc pas plus royaliste que le roi. Mais s’il faut tenir compte des croyances, souvent peu orthodoxes, d’un peuple parfois peu ou mal «évangélisé», et s’il convient de recevoir, comme l’a fait Jésus, les gens dans l’état et la situation où ils sont, peut-être ne faudrait-il pas les y laisser. Le renouveau, voire la flambée de dévotions, de rites de piété, de pèlerinages … peut aider à l’expression de la foi de certains. Favorisent-ils une foi «en esprit et en vérité», reposant d’abord sur la Parole de Dieu ?
Marcel Bernos