A l'écoute de la Parole de Dieu
4e Dimanche de (année B) 25/04/2021
[Ac 4,8,12 ; Ps 117 (118) ; 1Jn 3,1-2 ; Jn 10,11-18 ]
Face aux gens du Temple, Pierre résume puissamment le discours qu’il leur avait fait la veille (Ac 3, 12-26). Il énonce le cœur de la foi chrétienne :
Ce Jésus «que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts […] en nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver». Pour donner tout son poids au verbe «sauver», il faut remarquer qu’ici, on y reviendra, il équivaut à «guérir». Et il y a beaucoup à guérir en chaque homme et en tous les hommes ensemble.
Pas de finasserie rhétorique chez Pierre ce «témoin» (Ac 3, 15) sans culture, pas de construction théologique même fondamentale pour l’avenir, comme la filiation divine de Jésus. Il en parle comme d’un homme bien situé, né à Nazareth, qui est venu au nom de Dieu sauver l’homme. Incarné, il a manifesté, on pourrait dire «modélisé», ce que devait être «l’humain» : un être d’amour débordant et totalement donné. Symbole de «salut», signe pour authentifier cette profession de foi, c’est au nom de Jésus que les apôtres guérissent des malades, tel le paralytique de naissance «mis debout» par Pierre et Jean (Ac 3, 2-8).
Et l’on sait la puissance active du «nom» dans les civilisations anciennes. Principe d’identité, il constitue comme un levier possible, presque «magique», pour agir sur une personne. C’est sans doute pour cela qu’on ne peut ni doit connaître le nom de Dieu. Le judaïsme interdit de le prononcer, le christianise refuse son emploi dans un serment
Quel est cet homme «à sauver» ? Un être destiné à Dieu, un futur citoyen du Royaume. Dans une phrase un peu énigmatique, Jean indique cette destination (1 Jn 3, 2) : « Nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est». Enfants de Dieu donc, mais potentiel-le ment, à naître sans cesse jusqu’au terme, car si le Royaume annoncé par Jésus-Christ est déjà là, il n’est pas pleinement achevé parce que Jésus («Dieu sauve») n’est pas revenu vers nous. Peut-être, le «bon Pasteur», qui est plus qu’un simple berger-mercenaire, poursuit-il la recherche de la brebis perdue. Tant que toutes les brebis «ne sont pas dans l’enclos», l’unité du Royaume n’est pas totalement réalisée.
Ne serait-ce pas que le Salut n’est pas une «à faire» individuelle, mais une espérance communautaire, ce mot suggérant une solidarité entre les hommes et non la recherche égoïste du «se sauve qui peut».
Marcel Bernos