A l'écoute de la Parole de Dieu
Cinquième dimanche de Pâques Année B 02/05/2021
Ac 9, 26-31 ; Ps 21 (22) ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8.
Le cœur des textes de ce dimanche est celui de l’évangile sur la vigne. La vigne, productrice de joie par son fruit, signe de paix dans la société. L’homme trouve la paix sous sa vigne et le figuier (1R 5, 5 ; 1 M,14, 12). Israël est la vigne de Dieu, qu’il émonde, qu’il chérit, voir tous les prophètes, mais qu’il arrachera si, par son infidélité, elle ne donne plus de fruit. Quant aux sarments, ils ne valent rien s’ils s’en détachent, on les brûle. Le thème de la vigne est ainsi constant dans le premier Testament, histoire des relations de Dieu avec son peuple. Pas étonnant que Jésus reprenne ce thème très parlant pour ses auditeurs : « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron ». Le fruit de la vigne est le vin, Jésus offrira ce fruit de la vigne en donnant sa vie par son sang, le vin qui est le « sang de l’Alliance ».
Nous sommes les sarments de cette vigne, destinés à porter du fruit, le fruit qui réjouit le cœur de l’homme et glorifie Dieu. Mais « le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. » Nous sommes stériles par nous-mêmes, mais si nous demeurons dans le Christ, son Esprit nous rend féconds et nous pouvons alors apporter au monde la joie et la paix, fruits de la vigne, et glorifier le Père qui aime sa vigne, Israël et son Église.
Les deux premiers textes de ce dimanche (dans les Actes et la lettre de Saint Jean) peuvent être lus à la lumière de cet évangile de la vigne.
Le texte des Actes suit immédiatement le récit de la conversion de Paul. Pour porter du fruit, il lui a fallu rencontrer le Christ sur la route de Damas, mais aussi être introduit par Ananie et les autres disciples. Il n’est pas seul, il proclame Jésus-Christ en lien avec l’Église de Damas, d’où il faut l’extrader car cette proclamation lui vaut la haine de certains Juifs. A Jérusalem où il est alors envoyé, de nouveau il doit être introduit, par Barnabé. On ne prêche pas « sa » vérité, mais la vérité de l’Église. Et de nouveau il est en butte à la population. Prêcher Jésus-Christ peut attirer des ennuis. Remarquons que Paul devait être quelque peu fatiguant, il « confondait » les Juifs de Damas en « démontrant » que Jésus est le Christ, à Jérusalem il « parlait avec assurance » et « discutait ». Il se révèle comme un débatteur, cela lui vaudra quelques déboires (pensons aussi à son discours d’Athènes qui engendre la risée de l’auditoire).
La fin du texte est assez étonnante, placée là. Après avoir décrit les déboires de Paul et ses deux « ex-filtrations » Luc écrit que « l’Église était en paix ». Cela semble un correctif après la relation sur la « tornade » que semble avoir été Paul tant à Damas qu’à Jérusalem. Même « introduit » et en lien avec l’Église du lieu, il semble avoir été quelque peu individualiste et peu contrôlable dans sa manière d’agir ! Or un des bienfaits de la foi dans le Christ devrait être de produire la paix (« Que la paix soit avec vous »).
Jean, dans sa lettre, se révèle bien différent de Paul. Il va à l’essentiel : « n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. » Comme l’a demandé Jésus, nous devons demeurer en Dieu et pour cela garder ses commandements, mais « voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres ». Notre foi en Jésus Christ et l’amour des uns pour les autres sont liés dans un seul mouvement. C’est en demeurant en Jésus que nous pouvons porter du fruit qui est l’amour des autres, et c’est en vivant cet amour « par des actes et en vérité » que nous demeurons en Jésus Christ et avons foi en lui.
Ces deux textes (Actes et Jean) expriment deux faces de notre vie chrétienne. Elle doit prêcher la Parole et pour cela le faire en Église, ce n’est pas notre Parole, l’Église est maintenant la vigne du Père comme Israël l’était...et l’est encore. Enfin la vérité de notre foi est à l’aune de l’amour que nous portons aux autres en restant greffés sur le Christ en qui nous mettons notre foi, c’est-à-dire que nous nous efforçons de suivre.
Marc Durand