À l'écoute de la Parole de Dieu

Publié le par Garrigues et Sentiers

3ème dimanche de Carême 7 mars 2021

Ex 20, 1-17 ; Ps 18b (19), 8-11 ; 1 Co 1, 22-25 ; Jn 2, 13-25.

 

Trois textes, l’Exode annonçant les exigences de Dieu, Paul à propos de la « folie de la Croix » et Jésus chassant les vendeurs du temple et annonçant sa résurrection.

 

Il semble que le centre soit bien le texte de Paul. Le Messie crucifié est un scandale pour les Juifs, une folie pour les Grecs. En l’occurrence nous sommes juifs et grecs ! Laissons de côté l’idée de sacrifice qui prête à bien des incompréhensions, mais comment admettre que le Messie, l’envoyé de Dieu pour nous sauver, finisse sur une Croix ? Reconnaissons que c’est insupportable, pas crédible. Ne nous consolons pas parce que nous connaîtrions la fin du film : ici, sur terre, cela finit par la mort sur la Croix, c’est incontournable. Alors Paul nous dit que ce Messie est puissance et sagesse de Dieu, « car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes ». Il nous demande de renoncer à notre sagesse pour rentrer dans la démarche de Dieu. C’est dans notre Foi que nous pouvons recevoir cette affirmation et elle bouscule radicalement notre « bon sens », notre assurance. Dieu n’est vraiment pas là où on l’attend...

 

Remontons alors au texte de l’Exode. Dieu se présente : Il est le sauveur qui délivre son peuple de l’esclavage, et le « Tout-Autre » que nul ne peut connaître, nul ne peut s’en faire une image. Puis-qu’Il est ce libérateur, Il peut exiger du peuple la soumission à sa volonté. Il ne demande rien de positif, ne parle pas de relation, mais proclame une série d’interdits : l’homme ne peut L’atteindre et serait tenté de se tourner vers d’autres dieux avec lesquels il pourrait entrer dans un système d’échange, mais ce serait trahir Celui qui l’a libéré. De même que seraient Le trahir certains comportements vis-à-vis des autres hommes qui sont tout aussi importants à ses yeux, car il les a créés. D’où tous ces interdits. S’ils sont respectés, c’est jusqu’à la millième génération que les hommes pourront compter sur sa fidélité. Il n’est pas encore question d’amour, mais de reconnaître que Dieu est Dieu, que ses voies ne sont donc pas nos voies. Cela met en cause toutes nos façons détournées de prendre barre sur Lui, de mégoter avec Lui, de marchander (ah ! Les prières de demande qui exigent…!), de nous persuader que nos idées sont les siennes.

Ce texte nous prépare à entendre l’épître de Paul : « ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs » (et qui respectent l’attitude demandée dans le texte précédent) pourront reconnaître « que la folie de Dieu est plus sage que les hommes... ». La dureté du premier texte nous remet à notre place pour nous rendre capables d’accepter la folie du second.

Auparavant on chantera le psaume qui est une reconnaissance de la perfection de la loi du Seigneur « qui redonne la vie...qui rend sages les simples ».

 

Le texte de l’évangile divisé en deux, est l’épanouissement de ce qui précède.

Affirmation de la place de Dieu d’abord, Il ne peut être utilisé pour faire du commerce ! Si on a écouté le texte de l’Exode, on peut comprendre la colère de Jésus. Ce ne sont pas tant les marchands, les pauvres bougres, qui sont en cause, mais la défiguration du Temple opérée par les tenants du pouvoir clérical. Bientôt le Temple aura cessé d’être si important (rappelons les paroles de Jésus à la Samaritaine), mais l’organisation de ce commerce est le signe que les prêtres ont fait rentrer Dieu dans leur case à eux, c’est insupportable. C’est à eux que Jésus s’en prend directement et il en mourra. Et il n’y a pas que les clercs qui font rentrer Dieu dans leur propre case, ce serait trop facile ...

Puis l’ouverture, la folie qui est sagesse selon Paul débouche sur cette phrase : « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai ». En fait ce texte est postérieur à la lettre de Paul, l’évangéliste place ici la clé de compréhension : le nouveau sanctuaire, c’est le corps ressuscité de Jésus, Temple rebâti. Le Royaume annoncé se réalise dans le partage de son corps. Nous sommes passés par la folie de la Croix, le Dieu Tout-Autre nous invite maintenant à entrer dans son intimité en nous incorporant à son Fils. Mais quel chemin pour y accéder !

 

Marc Durand

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